Yvon Bourrel, « In memoriam » (forgotten records) – 3/4

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Première du disque

 

La compilation de musique de chambre saluant la mémoire d’Yvon Bourrel passe, après un quatuor pour piano et cordes et une sonate pour violoncelle et piano, par la sonate pour flûte et piano en Fa, op. 78, composée et créée par le compositeur en 1989. En 2017, dans les studios rennais du label, Olivier Lusinchi et Daniel Propper enregistraient l’œuvre.
Au piano de lancer le premier mouvement, « modérément animé ». Lui répond une flûte guillerette dont il

  • commente,
  • nourrit,
  • relance et
  • infléchit

régulièrement les propos. Les échanges courtois baguenaudent au gré

  • des modulations,
  • des intensités et
  • des voltes thymiques de l’inspiration.

Peu féru de développement monomaniaque, Yvon Bourrel n’hésite pas à user

  • de ruptures,
  • de suspensions et
  • de ses chers unissons, ici générateurs de suspense.

Porté par une esthétique néoclassique qui n’a certes pas l’intention de se dissimuler, le texte profite

  • du piano précis de Daniel Propper,
  • de la flûte charmante et charmeuse d’Olivier Lusinchi, ainsi que
  • de la capacité des interprètes à jouer ensemble,

dernier morendo inclus. Le deuxième mouvement, « calme », laisse

  • résonances,
  • silences et
  • tenues de flûte à découvert

redécorer l’espace sonore. Une mélopée aux harmonies simples égrenées par le clavier finit par s’échapper, bientôt énergisée par

  • l’intensité des accords,
  • les triolets de la flûte et
  • les échanges entre les protagonistes

avant la reprise

  • de motifs précédents,
  • d’un solo de flûte et
  • d’une brève coda du piano

offrant au mouvement, en sus de la forme ABA (première partie, partie centrale très différente, partie finale reprenant de nombreux éléments de la première partie), une symétrie axiale qu’affectionnait particulièrement Yvon Bourrel (le premier motif – en l’espèce les deux accords du piano – revient en dernier, le deuxième – le solo de flûte – en avant-dernier, ainsi de suite) et qui donne une cohérence très lisible à chaque section.
Le troisième mouvement, « animé », sautille plus qu’il ne sprinte. L’attention

  • aux phrasés,
  • aux contretemps et
  • au swing de la pulsation ternaire

traduit l’investissement des interprètes pour rendre la subtilité modeste de cette musique. Après la reprise du premier thème, le piano suspend le discours pour entamer une seconde partie qui semble se remémorer des moments passés de la sonate, exploitant le goût du compositeur pour

  • l’écho,
  • la réexposition et
  • la construction en miroir voire en miroitement.

Un trait pianistique reprend le chemin des sautillements liminaires. Sans hésiter, la flûte lui emboîte le pas et conclut l’œuvre avec

  • une énergie plaisante,
  • une fougue aérienne, et
  • une résolution bien plus joyeuse que martiale.

De quoi patienter avant d’écouter donc de raconter la Suite pour deux clavecins qui conclut la monographie.


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