Vulguerre
C’était le début d’un concert quasi impromptu. Il fallait qu’il fût donné vite et tôt et, malheur, sans after – mais il pouvait être donné, ô miracle surplombant l’incompétence éhontée des politocards en blues blanc.
Alors, avec le théâtre du Gouvernail et le chanteur Jann Halexander, assez frappadingue pour coproduire la représentation on a dit : on y va. On va chanter Michel Bühler.
Soyons poètes : évidemment, on va perdre de l’argent et, à notre échelle, beaucoup d’argent – moins de public, moins de représentations que prévu, alors que les frais fixes, eux, ne risquent pas de diminuer. Mais tellement important de remercier ceux qui viennent – masque au visage, gel sur les mains, distances de rigueur – pour résister, vibrer et chanter.
Certes, Michel B. avait dû repartir en pays vaudois avant que ne se fermassent les frontières, et c’était un peu plus qu’un peu triste de ne pas se goberger de sa présence bienveillante ; mais moult gens étaient là, par curiosité, fidélité à Jann Halexander ou admiration d’un répertoire exceptionnel – celui de Michel B. Donc on y fut.
Voici le premier éclat de ce moment improbable, volé au massacre de la culture et des cultureux par un gouvernement de banquiers, de justiciables, d’incompétents patentés et de wannabe dictateurs. C’est perfectible, c’est brut, mais c’est joliment capté par Jacques Bon, et c’était le début du dernier concert parisien. Pas prévu d’ouvrir le récital avec cette hymne, mais ça s’imposait : je suis vulgaire.