admin

Photo : Bertrand Ferrier

 

Pour ce nouvel épisode des « improvisations du samedi soir », enregistré lors de la messe anticipée des Rameaux, deux idées m’inspiraient.
La première idée part du concret pour revenir vers le symbolique : je voulais faire entendre ce moment où, après cinq semaines de Carême où les jeux de fonds et les nuances piano encadrent les possibles de l’instrument liturgique, l’orgue se réapproprie des sons plus toniques – fussent-ils souillés par des anches violemment désaccordées – et des intensités plus vives, entre redécouverte et retrouvailles. Les fortissimi veulent aussi résonner comme un symbole de l’entrée dans la Semaine sainte, climax de l’année pour les catholiques.
La seconde idée part des textes liturgiques pour revenir vers la musique : je voulais faire entendre l’ambiguïté de la cérémonie des Rameaux, qui associe le triomphe de Jésus et sa mise à mort. Musicalement, ça passe par l’utilisation d’un thème de variété (pour les Rameaux, « rame, ramons, ramez » de Souchon et Voulzy s’imposait) tonal à souhait, que pervertissent petit à petit

  • des accidents,
  • des bizarreries et
  • des à-coups atonaux,

avant de se mélanger à eux. Donc,

  • d’un côté, le plaisant du triomphe et la joie d’une harmonie consonante ;
  • de l’autre, ce que ce triomphe préfigure en termes de fêlure et de rame ;
  • enfin, le mélange des deux puisque la condition pour que le Christ ressuscite, donc connaisse le triomphe céleste, cette fois, est qu’il meure.

Voilà le résultat.