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Jann Halexander au théâtre du Gouvernail, le 1er juin 2023. Photo : Rozenn Douerin.

 

Personnage récurrent de ce cybercalepin, Jann Halexander vient de publier un clip actualisant, prolongeant et explicitant l’une des chansons qu’il n’a quasi pas le droit de ne pas entonner lors de ses concerts de peur d’être taillé en pièces à l’issue de sa prestation. C’est l’occasion de faire une revue en 4X3 des principales vidéos qui ont jalonné les vingt ans de fredonneries affichés au compteur de l’abducté le plus célèbre de la chanson française actuelle.


Le programme
1. Les tubes de l’extraterrestre
2. Les territoires de l’extraterrestre
3. La galaxie de l’extraterrestre
4. Les extras de l’extraterrestre


Quatrième épisode
Les extras de l’extraterrestre

Dès qu’il a une certaine profondeur de répertoire, tout chanteur traîne avec lui des WTF, ces fameux « what’s the fuck », objets ou souvenirs dont on ne peut qu’interroger le rapport avec le cœur de son répertoire. Notons bien que, ici, il ne s’agit pas de « dossiers », ainsi que l’on disait jadis des incartades censées être vaguement honteuses, mais de propositions dissonantes. Pour preuve, Jann Halexander ne les cèle pas, ne les efface pas, au contraire : il revendique ces dissonances. Non seulement il estime qu’elles font partie de son parcours, mais il juge qu’elles forment comme des harmoniques permettant à son travail de vibrer. Pour cette Noël 2023, nous en avons établi notre top 3.

 

Médaille de bronze

Voici un clip étrange autour d’une chanson de Marc Havet (que l’on aperçoit à 0’30 en vidéo et à travers un disque live) et Claude Carivenc, reprise en 2012, trente ans après sa création. Cette histoire de fantôme embourbé dans sa tombe sied bien à l’interprète, lequel ne considère peut-être pas que « c’est triste d’être mort / et de penser encore », mais estime sans le moindre doute que la frontière entre ce que nous considérons comme irréel rationnellement et notre vécu effectif est plus ténue que nous n’aimons parfois le croire, ainsi que le suggère la chute de cette chanson. La présence énigmatique de Marina Seton et l’absence (sauf en photo) de Jann Halexander résonnent évidemment avec le récit proposé dans l’audio.

 

 

 

Médaille d’argent

Reprise inattendue renversant sinon la table du moins « À table », dès les premières images, « Même si tu revenais » salue Cloclo et, implicitement, ses complices Bernard Kesslair, Jacques-André Chaumelle et Vline Buggy. Fomentée en 2013, la chanson est encore une histoire de revenant (ou de non-revenante), donc de séparation. Le texte exprime la foi en l’irrémédiable qui nourrissait « C’est triste d’être mort ». Derrière ses allures disco, ici libérées du groove pimpant mais sentant le plastique empoussiéré pour connecter le style Claude François avec la poétique Jann Halexander, le titre rejoint immédiatement l’imaginaire de l’interprète et sa galaxie de notions-clefs, telles que la fragilité de l’amour, l’insaisissabilité du moment, la puissance buldozérique du temps, la tentation inaccessible du regret, la pulsion vitale qui pousse de l’avant malgré beaucoup et les souvenirs qui peuplent nos présents de ce qui ne sera plus.

 

 

 

Médaille d’or

Autant prévenir le lecteur que nous l’allons quitter avec un WTF qui franchit un step en matière de what-the-fuckerie tout en nous permettant de synthétiser notre voyage avec l’extraterrestre.

  • Il y a d’abord le côté musicien du chanteur puisque, cette fois, il est l’accompagnateur exclusif de Samarya.
  • Il y a ensuite son côté « camarade de musique » connecté avec d’autres énergumènes aux styles, projets et propositions variés.
  • Il y a enfin son côté « polymorphie du répertoire » associant dans sa pratique chansons faites maison et covers où les « chansons à texte » très propres sur elles côtoient des tubes disco ou pop.

Ici, Jann Halexander retrouve des complices qu’il connaît bien, Cécile Goguely et Stéphanie Samarya pour une proposition assez saugrenue pour avoir attiré 11 000 vues en 3 ans. Malgré le succès, certains jugeront que ça pique. En effet, cela pourra sembler curieux car à la fois personnel et commun, mais c’est probablement la raison pour laquelle Jann Halexander est monté dans ce vaisseau : si on attendait d’un extraterrestre qu’il fasse comme nous autres, pauvres hères humains, pourquoi diable aurait-on plaisir et intérêt à s’y intéresser le temps de quatre voyages exploratoires ?