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Photo : Jean-François Dalle. Dédicace de “L’Homme qui n’avait pas de chat” à L’Autre Salon, Paris 4, dimanche 18 novembre 2012, avec l’éditrice, Pascale Goze (éditions Lunatique).

 

Après avoir bien lu le numéro “spécial rentrée littéraire” de Livres Hebdo, je suis en mesure de vous proposer un résumé-synopsis-critique en vingt-six points valable pour l’ensemble des romans français à découvrir entre début août et octobre, le tout réalisé sans artifice mais pas forcément bêtement, au contraire : de quoi économiser quelques précieux sesterces en ces temps que Léo Ferré qualifierait probablement de difficiles. En lisant ce florilège, vous aurez lu des centaines de livres d’un coup !


  • Journaliste déçue par l’arrivisme de ses collègues aux profils trop uniformes de Blancs cisgenres décomplexés id est penchant trrrès à droite,
  • scénariste effarée par la persistance d’un masculinisme patriarcal teinté d’un virilisme qui ne prend même pas la peine de se cacher,
  • écrivaine
    • sororale,
    • féministe et
    • tatouée

en manque d’inspiration, Malou décide de retourner dans la région de son enfance (1 point). Là, elle découvre que la maison familiale (2) qu’elle adorait est en fait entourée d’un terrible secret (3) qui pourrait avoir un rapport plus que malaisant avec la Shoah (4) et l’ère persistante de la colonisation (5). Son intuition résonne avec la quête de soi (6) qui la travaille depuis qu’elle a assisté à une performance au Café d’hier, un lieu presque secret qui n’ouvre que très occasionnellement entre le Marais, Armentières (0 point) et le vingtième arrondissement parisien. Sans plus tarder, elle décide de s’interroger sur ses origines dysfonctionnelles (7) afin

  • de déconstruire ses mythes intérieurs,
  • d’accepter les violences incestueuses (8) qu’elle a peut-être subies comme tout le monde, et
  • de recouvrer l’usage d’un langage qui lui ouvrirait les portes d’une perception plus écologique d’elle-même (9) en accord avec la sapience des peuples autochtones toltèques d’Afrique (point refusé après VAR).

Or, soudain, hasard ou réalité scientifique, alors qu’elle croyait s’être acceptée dans sa singularité non-binaire (10 pour la tautologie), Malou constate que sa mère a disparu et que personne ne s’en préoccupe. Elle décide de mener l’enquête (11), quitte à ne pas se douter de ce vers quoi la mènera ce road-trip introspectif (12). Un jour que, par chance, ses investigations, son télétravail et sa formation en distantiel d’une semaine un quart sur les tisanes au tofu respectant les critères ESG (13) lui laissent un peu de temps libre, elle en profite pour reprendre un vague projet de thèse sur les derniers jours de Jean-Michel Basquiat (14). Son travail sur l’agonie du plasticien (15 pour l’usage du mot “plasticien”) et sur la disparition de sa mère convergent, l’amenant à rencontrer T.O.M, un comédien d’origine syrienne (16) en transition (17) qui a connu son heure de gloire. Aujourd’hui, victime de transphobie et de racisme (18 pour le combo), l’émouvant personnage affirme  être en communication spiritique avec l’artiste, lequel pourrait conduire Malou vers sa mère en délivrant des oracles intérieurs. Miracle ? Supercherie ? Prémices de nouvelles émotions plus intimes et passionnées révélant la jeune femme de cinquante ans (19) à elle-même ?
Avec une infinie douceur teintée d’une pudeur à peine érotisée (0 point mais encouragements du jury pour le chiasme), l’auteure-ice (20) montre comment la narratrice comprend, peu à peu, que le plus beau miracle de l’écriture n’est peut-être rien d’autre que sa capacité à fondre la réalité plurielle dans cet acte d’amour qui cisèle et déploie le jubilatoire de chacun et de tou.te.s (21) au moins – un acte d’amour qui s’appelle, ni plus ni moins, le roman. Portée par un souffle romanesque vivifiant, l’écrivaine, diplômée de scénaristique créative aux Beaux-Arts de Cergy-Pontoise Sud, Sud-Est, performeuse sans concession aperçue au Tiers lieu citoyen de Narbonne-Plage, professeure des écoles intérimaire en milieu multiculturel par choix citoyen et activiste animée par la défense des travailleuses du sexe par devoir civique, signe ici un acte de foi engagé et engageant en la LLittérature avec deux grandes ailes. Une geste artistique qui porte trace d’une manière de voir le monde (22) peut-être encore plus radicale que dans les poèmes qu’elle publie pourtant avec succès sur Instagram (22,5, on eût préféré TikTok, par exemple) et dans des revues disponibles dans diverses cyberlibrairies alternatives. Le résultat ?

  • Un livre-monde (24 directement) rédigé dans une langue étonnamment fluide,
  • un choc nécessaire et salutaire (25),
  • un terreau parfait pour un film avec
    • Sandrine Kiberlain,
    • Vincent Lindon et
    • Gad Elmaleh dans le rôle de Malou (26) :

quels plus beaux compliments lui adresser ?


Retrouver des romans à zéro point, c’est possible avec