Thérèse Malengreau joue Hans Erich Apostel – 2/3

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Avec Zehn Variationen über ein eigenes Thema, le compositeur Hans Erich Apostel et Thérèse Malengreau, sa porte-voix, donnaient à entendre une musique inspirée d’une série de portraits griffés Oskar Kokoschka. Les Kubiniana, dont nous allons causer ci-après, vont un cran plus loin puisqu’ils s’inspirent d’une œuvre musicale deux fois plus longue (les Sechzig Schemen, que nous raconterons ultérieurement) elle-même inspirée par des portraits d’Alfred Kubin (1877-1959).
Seule œuvre enregistrée avant le présent disque, les Zehn Klavierstücke op. 13 ont été fomentés en 1945 et signent une sérieuse mutation depuis l’opus 1. Ils s’ouvrent sur un Lento assai plongé dans le grave et le mystère.

  • Doubles notes,
  • traits,
  • accords et
  • silences

construisent et déconstruisent à la fois le mouvement qui puise tant dans les registres graves qu’aigus.

  • Surgissement de l’énergie,
  • épaisseur de l’énigmatique,
  • tonicité de l’interprétation et
  • valorisation des possibles instrumentaux

captent l’oreille – notamment pour celui qui n’est pas capable d’une exégèse plus poussée, juste : tu écoutes et tu te dis « Mazette, ça m’intéresse ».

 

 

Plus resserrée, la Marcia moderato ajoute au suspense des graves l’explosivité virtuose des autres registres.

  • Dextérité,
  • art des touchers,
  • science de la pédalisation

habitent la pièce. La plus brève miniature de la série surgit alors sous forme d’Allegretto.

  • Légèreté,
  • accentuation,
  • bariolages mégarapides et
  • contrastes

aspirent l’oreille sans merci. S’ensuit un Grave qui, ancré dans le grave, lequel unifie la suite, explore la souterranéité – et hop – avant de se risquer vers le médium et l’aigu.

  • La surprise,
  • le possible et
  • la résonance

réussissent à aviver l’envie d’exploration de l’auditeur.

 

 

Un Andante molto joue sur

  • la fragmentation,
  • l’interrogation et
  • ce mélange
    • de clarté,
    • d’harmoniques et
    • de rebonds

qui rapte inévitablement celui qui risque une portugaise dans l’affaire, même s’il kiffe d’ordinaire une bonne vieille mélodie joliment harmonisée. Le Tempo di Marcia est plus bondissant que ne laissait subodorer son titre. Il s’acoquine avec

  • du rythme,
  • de la variété de registre et
  • de la récurrence sans redite – ce qui fait le charme d’une miniature.

L’Allegro molto travaille cette fois les registres suraigus et médiums. Il

  • les explore,
  • les arpente et
  • les abandonne

comme s’il renonçait à aller plus loin, donc en laissant l’écouteur sur sa faim – c’est malin. D’autant que se présente un Lento suspendu à souhait :

  • itérations,
  • ruptures,
  • traits ascendants et descendants, et
  • contrastes d’intensité

habitent une partition inventive.

 

 

Le Moderato travaille sur l’extraordinaire.

  • L’imprévisible,
  • l’impulsif et
  • le furioso

rythment l’espace sonore tout en laissant du mou à l’exploratoire. L’Andante molto conclusif creuse la veine

  • du prompt,
  • de l’indécidable et
  • de la pulsation.

Thérèse Malengreau veille à en rendre

  • la variété des couleurs,
  • l’attractivité des variantes et
  • le soyeux des dynamiques jusqu’au tréfonds de la partition.

Ce n’est jamais soyeux, c’est aussi mieux : toujours captivant. En un mot finement musicologique, ce me semble : youpi.

 

À suivre !


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