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(Photo témoignage : Josée Novicz)
Ce 11 juin, le minimalisto (et non le mini Balisto) – répétitif John Adams était célébré dans le temple du musical parisien, le Théâtre du Châtelet, à l’occasion de la reprise d’I was looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky.
Programme "I Was Looking at the Ceiling..."
L’histoire : Dewain, récemment libéré de prison, doit retrouver sa p’tite Consuelo, auto-exfiltrée du Salvador. Mais, pour fêter ça, il vole deux bières dans une épicerie et se fait pécho par Mike, un jeune policier Blanc. Ledit Mike patrouille dans Los Angeles avec Tiffany, journaliste prête à le suivre partout pour le scoop et plus si affinités. Dans les parages volette David, un pasteur qui se tape toutes les bonnasses qui passent avant de jeter son dévolu sur Leila, responsable de l’espèce de Planning familial local. Et pas loin se prépare Rick, un avocat d’origine vietnamienne, qui défendra Dewain, draguera avec succès Tiffany, laquelle tentera de convaincre David qu’il est pédé puisqu’il ne la désire pas (le spectacle est sponsorisé par Têtu). Le tremblement de terre qui « fait voir le ciel au lieu du plafond », survient au cours du second acte et accélère le mouvement, séparant les uns (sexualité, mort, choix du terrorisme pour la Salvadorienne en sécurité nulle part), et unissant les autres faute de mieux.
L’œuvre : avec un effectif plus pop que classique (batterie, basse, guitare, clavier, deux souffleurs), ce songplay est essentiellement un musical. Jazz, petite pincée de funk et de variétoche, et chouïa de minimalisme répétitif composent ce programme aguichant de « quinze numéros », qui s’ouvre et se ferme sur le pétillant « I Was Looking at the Ceiling ». Sur un livret de June Jordan, la première partie (1h20) éclate donc l’histoire en autant de vignettes qui se rejoignent petit à petit, entre clichés (l’avocat hâbleur, le Noir victime, le Blanc flic) et petites fêlures dont le tremblement de terre sera une métaphore exacerbée. C’est précisément autour de ce tremblement, dans le second acte (45′), que la musique se ré-adamsise et fouille un peu plus l’accompagnement, rendant le spectacle moins spectaculaire, comme si tout le décorum du musical avait volé en éclat sous le choc tectonique.
La représentation : pour cette nouvelle production, le Châtelet propose un décor basique (des praticables qui bougent) sur lequel se projettent des images (dessins, traits, photos retravaillées). Le résultat, signé Giorgio Barberio Crosetti et Massimo Troncanetti, avec Igor Renzetti et Lorenzo Bruno à la vidéo, est assez séduisant, même si l’inventivité semble décroître à mesure que le spectacle avance. La partition met en valeur les chanteurs sonorisés, qui doivent associer une technique variéto-soul et des notions de chant classique. Janinah Buyrnett, John Brancy, Hlengiwe Mkhwanazi et Wallis Giunta, très expressive, séduisent. Joel O’Cangha en pasteur soul convient au rôle, mais on (téléphone) peut être plus réservé sur le beau gosse Carlton Ford, dont les aigus souffrent dans tout le second acte, et sur Jonathan Tan, dont on regrette le manque de projection, de tenue de la voix et de justesse à l’atterrissage dès que sa ligne saute de plus d’une quarte. L’ensemble est dirigé presque chorégraphiquement par un Alexander Briger qui prend son kif ; les musiciens expriment bien les changements de style (funk, jazz, gospel, classique adamsien) ; et le tout forme un spectacle de fin d’année fort sympathique.
En conclusion, voilà une soirée divertissante, agréable et pas inintéressante (la fusion des genres n’est pas si fréquente) ; le plus gros reproche que l’on puisse faire concerne, on jugera comme cela est fondamental, les surtitres de Sylvie Durastanti. Moins traduction intensive que rerédaction caricaturale (registre systématiquement baissé pour faire style genre, en décalage avec le livret), cette version distordue tranche avec la qualité générale du spectacle. Dommage.
(Juste derrière moi, la Queen. Photos : Josée Novicz)

(Juste derrière moi, la Couine. Photos : Josée Novicz)