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… n’oublie pas ton petit dictionnaire chinois ! Telle est sans doute la chanson que Vincent Robin-Gazsity prévoyait d’écrire. Las, il a préféré en faire un livre. On ne saura jamais si la chanson y a perdu – mais la littérature de témoignage, elle, y a diablement gagné.
Sous son apparence de jeune homme sage, Vincent Robin-Gazsity est un foufou qui a traversé 6000 km à pied (sur les 10 000 prévus) pour aller de la Chine en Europe – certaines polices ont mis fin au projet de l’aventurier, néanmoins heureux d’avoir découvert qu’il n’y avait pas des civilisations juxtaposées mais « un dégradé progressif de pratiques, habitudes et convictions » menant de l’Ouest chinois jusqu’en Turquie. Au passage, il nous glisse avec conviction un conseil : « Il faut absolument aller visiter l’Iran maintenant ! C’est fabuleux et certainement pas aussi dangereux que ce que l’on dépeint par ici ! »

Mais ce n’est pas le sujet d’Un Français en Chinafrique, son livre qui vient de paraître aux éditions Max Milo après que je lui ai prêté une main légère à l’heure du peaufinage final. Ce témoignage raconte l’expérience vécue par un Français expatrié en Chine – pour y apprendre la langue, puis pour y vivre après qu’il a rencontré son épouse – au moment où il décide d’accompagner sa dulcinée en Afrique. Le projet du couple : travailler pour une entreprise (chinoise, évidemment) ambitieuse qui construit des routes dans la brousse. Vincent Robin-Gazsity servira de traducteur (en théorie), sa dame de, en gros, secrétaire-entre-autres. Le récit est donc

  • celui d’un couple pluriel,
  • celui de manières de vivre singulières ainsi que sont toutes les manières de vivre,
  • et celui d’une relation triple
    • (d’un Français avec la civilisation chinoise, vue à hauteur d’homme mais pas que ;
    • entre la Chine et l’Afrique ; et
    • entre le semi-descendant des colons et les autochtones aux quarante langues officielles, plus le chinois).

C’est un ouvrage passionnant, une plongée dans un réel surréel griffonée avec une simplicité et des humours euphorisants, grâce auxquels l’auteur réussit le tour de force de

  • construire son propre personnage
  • en le nourrissant des enjeux énormes liés à l’expansion de la Chine et
  • en ne racontant néanmoins que ce qu’il a de ses yeux vu.

Drôle, donc, mais aussi saisissant et malicieux, grâce à une plume pétillante qui fait dialoguer

  • curiosité ethnographique et engagement personnel,
  • aventures humaines et conquête mondiale,
  • questions indécidables et saveur du recul.

Comme je ne touche aucun droit sur les ventes, hélas, hélas, trois fois hélas (si j’ai bien compté), c’est en toute tranquillité que je puis en conseiller la commande, par exemple ici. Je suis très heureux d’avoir pu découvrir ce texte en avant-première, et j’avais hâte de le conseiller aux curieux de tout bord. On notera que l’éditeur et les agents de sécurité aussi sont fans, comme on le devine sur la photo infra. Cela n’est pas si fréquent et méritait donc d’être souligné, il me semble !

 

Jean-Charles Gérard, patron des éditions Max Milo, filmant l’interviouve de Vincent Robin-Gazsity lors de son passage sur France 24, le 26 mai 2021. Photo : Bertrand Ferrier.