Reinhold Friedrich et Eriko Takezawa, « Sonatae e variácie » (Solo musica) – 5/6

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Première du disque

 

Trompettistes et trompettophiles n’ignorent pas la sonate composée en 1943 par Jean Hubeau, laquelle est l’objet de cette chronique. Des vedettes de la trempe d’un Maurice André ou du polémique Guy Touvron ont joué et enregistré ses trois mouvements. Le premier est une sarabande aux allures solennelles. Elle fait dialoguer trompette et piano autour d’un motif harmonisé avec goût. Une incursion dans la nuance piano prolonge le thème avant d’en proposer des éclats contrastants.

  • Les nuances,
  • la caractérisation
    • (mutations,
    • phrasé,
    • accents) et
  • la variété sonore des interprètes

excluent l’impression de répétition que pourrait susciter un mouvement pourtant monomaniaque.

  • L’exaltation des envolées,
  • la poésie des piani (celui de la coda est une merveille) et
  • l’art de passer d’une atmosphère à l’autre

parent la partition d’une musicalité ravissante. Le bref deuxième mouvement est baptisé « Intermède ». Il se lance sur une ritournelle pétillante du piano qui pourrait bien avoir inspiré à John Williams un thème harrypottérique ! La trompette ne tarde pas à s’emparer du sujet.

  • Les échanges entre les instruments,
  • les notes répétées et les roulements de la trompette,
  • la légèreté des aigus du piano ainsi que
  • l’écriture tonique dont est absente toute chichiterie

rendent ce moment tout à fait pimpant. Le troisième mouvement est un « Spiritual » qui s’appuie sur le swing perpétuel du piano.

  • La douceur des nuances,
  • la sonorité tour à tour sourde et puissante d’Eriko Takezawa, ainsi que
  • la plaisante harmonisation « à la manière de »

contribuent au charme du mouvement.

  • Des breaks secouent la partition ;
  • les mutations sonores – avec ou sans sourdine – de Reinhold Friedrich témoignent d’une palette large et palpitante ;
  • une suspension, entre mystère et apaisement trouble, habite la partie centrale…

… avant le retour final du motif liminaire, lancé par le piano et conclu par des suraigus virtuoses mais assurant le triomphe du trompettiste qui les dompte. Reinhold Friedrich est de ceux-là. Il parachève donc en beauté une sonate qu’il tire du côté de la musique plaisante plutôt que de la musiquette gentille. Si, de façon générale, la musique sert, avant tout, à charmer les oreilles donc à toucher l’esprit de ceux qui l’écoutent, cette sonate, interprétée avec la sensibilité et le brio requis, ne rate pas sa cible !