Reinhold Friedrich et Eriko Takezawa, « Sonatae e variácie » (Solo musica) – 1/6

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Première du disque

 

Albrecht, Antheil, Shapero, Asafiev, Hubeau et Hansen : il en dit long, le menu du nouveau disque du trompettiste Reinhold Friedrich, accompagné d’Eriko Takezawa au piano (comme dans L’Amour français et Blumine, deux de ses disques précédents) quant à la volonté du musicien de sortir la trompette des sentiers battus et rebattus ! Dans un monde musical souvent frileux devant les raretés, on ne peut que se réjouir de l’audace du trompettiste, qui produit lui-même cet enregistrement, capté à la fin de l’été 2023 et presque sur le point d’être révélé aux curieux. Le festin de curiosités commence avec les Variácie pre trúbke a klavír composées en 1946 par Alexander Albrecht sur un thème qu’il avait lui-même écrit pour une messe (il était cantor à Bratislava).
Introduit par une virgule pianistique, ledit thème est enrubanné d’harmonies oscillant entre post-romantisme et langage plus contemporain. À la rondeur du cuivre qu’étoffe – peut-être trop – la prise de son de Norbert Vossen  répond la netteté d’un piano sans emphase. Suit un « pochissimo piú vivo » où le piano reste moteur, la trompette semblant répondre aux

  • questions,
  • relances et
  • provocations

du clavier. Le « poú vivo, marcato » permet à la trompette de prendre l’initiative lors de

  • grandes montées,
  • sauts d’octaves et
  • tenues solides.

La variété

  • des nuances,
  • des atmosphères et
  • des styles employés par le compositeur

contribue à l’intérêt de l’écoute. Le « tranquillo » offre une belle exposition au piano d’Eriko Takezawa dont la trompette de Reinhold Friedrich semble commenter les circonvolutions avec fluidité.

  • Souffle,
  • phrasé et
  • différenciation d’intensités

traduisent le soin apporté à l’exécution. Les duettistes savent jouer à la fois ensemble et de leur côté. Leur virtuosité disparaît presque derrière le sentiment d’évidence complice qu’ils dégagent dans

  • les échanges,
  • les suspensions et
  • la circulation des motifs du cuivre aux marteaux et retour.

Le « vivo » qui enquille intensifie les dialogues tout en laissant l’initiative à la pianiste.

  • Brusques à-coups rythmiques,
  • envolées et
  • rebonds

animent le mouvement, marqué par des suraigus très sûrs (des sûraigus, donc) de Reinhold Friedrich. L’allegro moderato final part sur un fugato où la précision de la polyphonie est honorée par les interprètes

  • (nuances éclairantes,
  • caractérisation des registres,
  • synchronisations rigoureuses et
  • respirations ciselées).

Les multiples changements de genre musical font miroiter ce dernier volet, plus développé, où

  • le staccato de la trompette,
  • les couleurs du piano, et
  • les étrangetés d’une partition insaisissable

captivent, longue coda comprise, augurant du meilleur pour les sonates à venir – même si, sur notre copie ou notre lecteur, les pistes sont curieusement coupées, le début du mouvement suivant étant intégré à la fin du précédent. Ô bizarreries de la technique, comme le monde serait fade sans vous !

 

À suivre…


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