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Vittorio Forte. Photo : Rozenn Douerin.

Le samedi 28 mars, à 20 h 30, le festival Komm, Bach! réunit six concertistes internationaux pour un concert exceptionnel diffusé sur YouTube et intitulé Petites symphonies pour un nouveau monde. Le concert s’articulera autour de pièces pour orgue et saxophone, présentés tantôt, et pivotera autour de pastilles distillées par pianos et clavecin. Quatre invités VIP ont accepté de participer au projet : aujourd’hui, nous allons découvrir les deux premiers (par ordre d’apparition à l’écran). Les deux suivants débarouleront demain.
Le premier nommé est un quasi habitué des habitués (j’ai pas fini) de ce site. Vittorio Forte est l’un des secrets les mieux gardés du piano virtuose et néanmoins musical, puissant et cependant subtil. En dépit de sa modestie envahissante, c’est un hénaurme pianiste, aussi brillant techniquement que généreux humainement, aussi curieux musicalement que sidérant digitalement. De ce grand escogriffe, il nous est même arrivé de dire plus que du bien, chose si rare paraît-il, çà et .

Photo : Bertrand Ferrier

Guidé par un pédagogue argentin, le zozo ne s’est consacré au piano qu’à 17 ans, quasiment à l’âge de la retraite chez certains. En quelques années, il a raflé moult prix de concours nationaux, avant d’aller se perfectionner auprès de pianistes prestigieux, de la trempe de György Sándor ou Mikhail Petukhov. En 1996, il glane le premier prix du concours international de Zumaia (en Espagne, évidemment), donc le droit de jouer son premier concerto avec orchestre – le mozartien Jeunehomme. En 1998, un nouveau concours lui permet de quitter l’Italie pour gagner les rives (françaises) du Léman. Une tournée de concerts européens passant par la Bulgarie et Toulon, si si, lui permet de décrocher une bourse.
De la sorte, le voici grenouillant au conservatoire de Lausanne, puis auprès d’hurluberlus notoires feat. Paul Badura-Skoda et Jean-Marc Luisada. Quant à François-René Duchable, c’est pire : il choisit Vittorio pour interpréter le Cinquième concerto dit « Empereur » de LvB avec rien moins que l’Orchestre de chambre de Lausanne.

Photo : Bertrand Ferrier

Le sommet ? Que nenni. L’Européen Forte continue de gagner des concours, d’intégrer des classes de maître spectaculaires avec, entre autres, des mentors de l’acabit d’un Andreas Staier ou d’un Menahem Pressler. Au Grand Prix Vlado Perlemuter, il récolte deux prix, dont le prix Chopin pour la meilleure interprétation d’une pièce du compositeur polonais. Lyrinx l’alpague, et son disque Clementi (ne vous fiez pas à la pochette pourrie, c’est wow) remporte, notamment 5 diapasons. S’ensuivent de nombreux enregistrements vite considérés comme des références, dont un disque Schumann, un disque Couperin-Chopin, un disque Carl Philip Emmanuel Bach, des intégrales et des récitals comme ce « Voyage mélodique de Schubert à Gershwin » qui alpague aussitôt ses cinq diapasons.
Ses innombrables récitals ne l’empêchent pas de délivrer de nombreuses classes de maître à son tour, et de susciter l’admiration incrédule de tous ceux qui assistent à ses concerts. Ne croyez rien au marketing : oui, Volodos, ça joue superbement ; mais Forte, c’est au moins aussi magnifique.

 

Jasmina Kulaglich. Photo : Laura Cortès, by courtesy of the model.

Jasmina Kulaglich est moins explosive. Plus intérieure. Pas moins volontaire, c’est un fait. À Belgrade, où la concurrence est rude, elle toque un Premier prix à l’unanimité au Conservatoire national supérieur de musique. Plus le Grand prix de l’université des arts. Plus le Premier prix au concours des jeunes pianistes serbes. Plus le Prix d’octobre de Belgrade. Rien que ça…
La jeune femme est volontaire, elle souhaite encore se perfectionner auprès – notamment – de disciples d’un certain Claudio Arrau. Son aura grandit et l’amène à se produire en France, en Suisse, en Italie et en Hollande.

 

 

Mais la dame n’est pas univoque. Soliste ? Soit. Chambriste itou. Elle se produit en petit comité – mais quel « petit » comité – avec les solistes et membres du Philhar de Radio France, de l’ONF, de l’Orchestre de Paris et de l’ONIF. Elle fracasse Londres avec l’Orchestre romantique européen, elle envahit le clavier devant l’Ensemble symphonique de Paris et l’Orchestre de chambre Dionysos. Elle gagne le New Jersey avec le trio Botticelli et la presse avec le trio Bohème, autour d’un excitant programme saisonnier disponible ici.
Chambriste, soit ? Soliste avant tout. Elle a notamment créé Byzantine Mosaic de Svetislav Božiċ, œuvre et disque inspirés par les monastères orthodoxes des Balkans. Le disque est un choc salué notamment par Radio Classique, France Musique et la Radio Suisse romande.

 

 

Critiques et experts se gobergent et s’écharpent pour savoir qui louera le mieux sa sonorité fruitée (si), sa sonorité idéale, son aisance diabolique, son intériorité sensible ou son don inné pour la beauté. Insatiable, la dame séduit la Radio Télévision de Belgrade et la Radio Suisse Romande qui l’enregistre avec admiration, et elle poursuit son projet musical doublement : d’une part en tant que prof (au Conservatoire à Rayonnement Régional d’Aubervilliers et au Pôle Sup’ 93), d’autre part en… mais oui, en participant au concert du 28 mars où, par ma foi, l’on vous attend !