LukaSingsDylan, Backstage Montrouge, 8 février 2024
Les connaisseurs, les spécialistes et les experts du GIEC (Globalement, Il Est Certain) le savent : globalement, il est certain que Luka a fomenté le meilleur tribute à Bob Dylan de tout l’univers environ. L’ex-vedette d’une multinationale a pioché dans le répertoire hénaurme du monsieur à 300 millions de dollars avec
- finesse,
- gourmandise et, osons le mot,
- ce supplément de vibration que donne la poésie du désir.
Le prisme ? Multiple.
- Des golden hits aux chansons à texte comme « Wigwam »,
- des hymnes engagées aux remix d’amourettes foirées auxquelles on ne repense pas deux fois car ça roule, ma poule,
- des tubes iconiques aux standards que nul ou presque ne songerait à attribuer à Mister Z. puisque, frappée par les pétoires et les roses, la gloire file comme une pierre qui roule,
l’interprète, sans chercher à frustrer les dylanophiles de tradition ni à réduire Robert Z. au niveau MFM,
- déplace le curseur,
- crée un univers,
- n’imite pas – fait mieux : incarne.
Ses armes sont posées sur la table, tranquilles.
- Le texte sûr,
- la voix idoine,
- le métier scénique bien calé entre les deux oreilles,
Luka déroule son récital (en anglais dans le texte) en profitant d’une salle idéale, à la fois
- parfaitement parée pour les concerts avec ingé son et light show,
- vibrant d’un esprit rock et
- seurfant sur un esprit alliant cabaret et pub.
Pour mener à bien sa mission, il s’appuie sur un groupe qu’il a constitué sur mesure avec de vieilles connaissances et de nouveaux propulseurs de sons. À la batterie, Marc
- impulse le beat,
- sécurise le tempo,
- suscite le groove et
- glisse des trouvailles qui font mouche ou fichent les abeilles selon le moment
- (son,
- contretemps,
- relance),
le tout avec la justesse du musicien qui n’est pas qu’un fracasseur de fûts pris dans son autosatisfaction ou son impression que, s’il envoie plus vite et plus fort ses baguettes sur les peaux et les bouts de ferraille, plus de zlatanas l’attendront à sa sortie de scène.
À l’harmonica, Luka a dégoté une espèce de lutin d’un autre monde, définitivement célèbre pour être arrivé sur la scène de Bercy en mob à l’occasion d’un concert de Jacques Higelin (j’espère qu’une telle entrée serait désormais interdite au nom de Greta Thunberg) et pour avoir poussé les sons les plus distordus de l’espace afin d’habiller Christophe de musique à l’Olympia. Il pourrait se contenter de ce statut de star mais semble n’adorer rien d’autre que partager son art avec des projets d’une rare diversité. Muni d’une machine miracle qui lui permet de sculpter ce qui sort de ses mille instruments similaires mais pas identiques, le gars a définitivement le mojo.
- Soliste inventif,
- accompagnateur roué,
- partenaire réactif,
il fascine l’assistance par
- son sens instinctif, presque animal, de l’harmonie toujours précieuse, qu’elle soit consonante ou stridente,
- sa capacité à tirer de ses grilles métalliques une extraordinaire palette de sons et
- sa personnalité cosmique, mêlant les influences
- lunaire (on dirait vraiment qu’il débarque d’une autre planète),
- tellurique (il est capable d’envoyer le bois qui vous fouaille les entrailles et vous rappelle que vous êtes vivant, pas pour longtemps mais vivant quand même) et
- solaire (il sait mieux qu’aucun collègue partager avec le public sa joie d’être sur scène, non pas en en faisant des caisses mais en faisant, juste, de la musique juste).
À la basse, Paul ressemble à un bassiste qui ne serait, pour parler rock progressif, ni Chris Squire, ni John Wetton. Discret, posé, pas du genre à se rouler par terre parce qu’il a fait un blam plus blamique qu’un autre blam (d’où le choix de la photo), il
- pose la base,
- associe le temps et le contretemps,
- contraste ses interventions entre
- partie fonctionnelle,
- ajout d’artisan sachant remettre un coin dans le jukebox qui fait headbanguer et
- créativité d’artiste qui sait exactement
- où poser le bling,
- quand ne pas jouer le blang pour que ce soit plus tonifiant et
- comment placer le popopo (pardon pour ceux qui ne sont pas des spécialistes de la basse) pour maximiser l’effet souhaité.
Et puis y avait moi, mais c’est pas pareil.
Depuis, Luka a rappelé qu’il n’était pas qu’un chanteur de tribute, à supposer que ça existe. Bilan : deux millions de vues pour son nouveau single. Ça plane pour lui. Dans un monde
- triste,
- gris et
- prompt à louer les nazes ou les nazis de tout bord,
c’est évidemment et éminemment joyeux !