L’orchestre du CRR de Paris joue Mozart, Chopin et Beethoven, 17 mars 2025 – 3/3

… et à la fin, tout le monde s’aime. (Orchestre du CRR, le 17 mai 2025, photographié par Rozenn Douerin.)
Après deux concerti pour piano, l’un de Mozart, l’autre de Chopin, l’orchestre du conservatoire de la rue de Madrid continuait d’envoyer du pâté en s’attaquant à rien moins que la septième symphonie de Ludwig van Beethoven. Dès le premier mouvement, oscillant du poco sostenuto au vivace, la phalange dirigée par Pierre-Michel Durand démontre sa volonté de jouer sur
- les différences d’intensité,
- le tuilage des nuances et
- une certaine rigueur qui l’éloigne du sentimental et de l’onctueux pour privilégier une impression de mouvement et d’inéluctable.
La partition semble donner raison à ce choix certes un brin démonstratif voire guindé, mais qui peut séduire par son envie
- d’élargir le spectre de nuances,
- de créer une palette variée d’intentions et
- de souligner les tension narratives si beethovéniennes avec
- à-coups,
- progressions,
- twists et
- récurrences parfois grisantes.
L’allegretto, tubissime, est abordé sans lenteur.
- Les crescendi sont joliment menés.
- Les changements de rythmes sont bien conduits par une clarinettiste solide.
- La polyphonie de la fugue des cordes est nette.
Soit, il ne faut pas attendre un Beethoven
- rutilant,
- vrombissant ou
- éclatant ;
on n’en devine pas moins
- l’exigence de la mise en place,
- l’engagement des musiciens et
- l’apprentissage in progress du collectif,
ce dernier point étant l’un des objectifs d’un orchestre de conservatoire, lieu de l’excellence personnelle plus que collégiale, en sus de l’apport d’une expérience potentiellement utile aux futurs professionnels du rang. Le presto en Fa et son assai meno presto en Ré étincelle davantage. Les portugaises savourent
- la tonicité de l’ensemble,
- son explosivité et
- la malléabilité du son dans les passages paisibles.
Les musiciens parviennent à exprimer
- tendresse,
- majesté et
- versatilité
avec un aplomb qui séduit.
- La dynamique est bonne,
- l’ensemble est cohérent,
- les départs sont assurés.
De quoi faire passer les redites de la partition pour des bonbons déguisés en refrain ! Le finale, allegro con brio allant de La vers Ut et retour,
- évite astucieusement de finasser,
- avance sans minauder et
- module avec appétit.
L’orchestre est à son affaire.
- Les accents sont tonifiants,
- les silences bondissants,
- les transitions réussies et
- les contrastes entraînants,
- qu’ils soient progressifs,
- qu’ils s’enroulent autour de l’intervention d’un pupitre en particulier ou
- qu’ils glissent d’une nuance à l’autre.
Pierre-Michel Durand fait habilement coulisser
- les dialogues par blocs,
- les tutti et
- les mutations de caractère,
dessinant ainsi un finale
- vivace,
- vivant et
- vivifiant.
Une manière roborative de conclure joyeusement un concert ambitieux !