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Photo : Bertrand Ferrier

 

Au début était la méditation, nous a expliqué Jamel, expert organologue envoyé spécialement de la capitale pour examiner l’instrument de la collégiale Saint-Jean de Pézenas. Rien de surprenant pour ceux qui l’ont déjà suivi lors de ses crapahutages dans la clape ou sur la plage matinale. « La granularité sonore est d’abord un être-là », pose le Parisien d’adoption en ajoutant, patte pointée vers son bidon tout rond :

Analyser, quel que soit l’objet de l’analyse, suppose d’être ancré en soi-même. Dans cette perspective, il est sain que la nature soit la bitte qui nous rattache à notre propre nature.

 

Photo : Bertrand Ferrier

 

Avant et après l’expertise, Jamel privilégie donc une intériorisation visant à accumuler l’énergie pour le moment-clé où il va devoir agir, c’est-à-dire « être l’écoute plus que l’écoutant ». Et de préciser :

Pour moi, le grain est la rencontre entre le temps et l’espace. Il n’est pas à proprement vibration ou ondulation, il est cet interstice où se doit jointoyer le projet musical et sa mise à l’épreuve face au concret. En tant qu’experts, notre rôle est donc de saisir ce jeu, sa pertinence et son potentiel, et d’en être, mutatis mutandis, le maillon véhiculatoire.

 

La collégiale Saint-Jean de Pézenas. Photo nocturne : Bertrand Ferrier.

 

En dépit de sa puissance intérieure, le sachant de la capitale ne manque pas d’humilité. Il l’avoue sans ambage :

La granularité sonore est une exigence, une ascèse, un rapport entre son et soi. Aussi est-il important d’être aussi dans l’écoute des autres, avant et après le travail. C’est dans l’échange que peut s’élaborer, se fomenter, se mettre en place, fût-ce de façon embryonnaire, ce que nous autres musicologues appelons une espèce de vérité. En ce sens, l’after est à l’évidence la suite logique de l’expertise. Le dialogue après le son, c’est encore de la granularité.

 

À Pézenas, rencontre entre l’expert ès granularité sonore Jamel l’ours et Lours Mathieu, organiste et historien de l’architecture. Photo : Bertrand Ferrier.

 

Las, même le travail a une fin ! L’envoyé de la firme Sleepy & Partners n’a pas manqué de se ressourcer une dernière fois en marchant dans les arbres avant de regagner la capitale, son job accompli. Lui reste à rédiger son rapport – sur lequel il n’a rien pu nous dire, confidentialité oblige, sinon qu’il chercherait à y décrypter « la spécificité et la polymorphie de la granularité sonore de l’orgue de la collégiale Saint-Jean ». Encore et toujours cette fameuse granularité sonore… Gageons que nous continuerons de l’explorer grâce aux enquêtes minutieuses et sacrément secrètes de ces experts !

 

Photo : Bertrand Ferrier