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Bouts de L’Art à l’état gazeux d’Yves Michaud
(2010, rééd. Hachette, « Pluriel », 2011)

  • « Les intentions, les attitudes et les concepts deviennent des substituts d’œuvres. Ce n’est pas pour autant la fin de l’art : c’est la fin de son régime d’objet. » (11) Idée que l’art est moins un fait (œuvre) qu’une théorisation de sa pratique.
  • « Ce qui est de l’art, c’est l’effet produit. » (33) Idée que l’œuvre s’efface « au profit de l’expérience ».
  • « Il faut qu’un ensemble d’indications visuelles, langagières et comportementales délimite et définisse la zone d’opération et d’expérience artistique. » (37) Idée que l’art n’est rien d’autre que l’identification d’une pièce comme objet d’art.
  • « Notre culture est une culture de la copie. » (39) Idée que l’art est ce qui ressemble à l’art.
  • « Soutenir, c’est (…) pensionner la création. » (44) Idée que l’art est ce qui se paye, donc ce que l’on reconnaît comme art.
  • « L’art contemporain travaille d’arrache-pied mais discrètement à rendre hermétique l’accès à des expériences somme toute banales. » (45) Idée que l’art n’est pas ce qui est intrinsèquement art mais qui ce qui est transformé en art par la seule idée performative que « c’est de l’art ».
  • « Tous les artistes continuent, bien entendu, à être de gauche, mais cela ne les engage pas à grand-chose. » (47). Idée que lécher des culs, c’est artiste, comme le Lido, c’est Paris, et réciproquement.
  • « La performance (…) ne diffère guère de l’attroupement momentané d’individus s’attroupant autour d’un attroupement. » (61) Idée que la différence entre un groupe et des spectateurs, c’est l’idée que l’on se fait de ce que l’on voit.
  • « L’art a eu, pendant des siècles, le monopole des images. » (85) Idée que l’instruction politique, religieuse, bref, la propagande, c’était l’art.
  • L’art gazeux, « c’est la fin des références à une tradition, quelle qu’elle soit : il n’y a plus que de l’après. » (96) Idée de la lutte entre une notion de « libération » et une option de « n’importe quoi ».
  • « Nous sommes entrés dans une nouvelle économie qui est celle du triomphe de l’esthétisme (…), qui correspond à la vaporisation de l’art. » (103) Idée que la diffusion de l’art comme notion diffuse, diffractée, excède la notion d’art pour l’intégrer à une dynamique d’économisation, par opposition à la notion unique de « Grand Art » ou de chef-d’œuvre.
  • « Il s’agit de se demander non plu ‘Qu’est-ce que l’art ?’ mais ‘Quand y a-t-il art  ?’ (…) ou même : ‘Comment nous, regardeurs, faisons-nous l’art ?' » (110) Idée que l’art est une démarche du regardant plus qu’une notion liée à une création.
  • Walter Benjamin oppose l’œuvre auratique (qui a une aura unique et magique) et l’art reproductible de notre époque. Opposition entre ‘unité et réitérabilité ». (111) Idée que l’art n’est plus dans l’unique mais dans ce qui s’insère dans l’économie, donc dans le multipliable.
  • L’époque actuelle est marquée par un « individualisme de masse (…) [tel] le Téléthon, un massacre particulièrement télégénique ». (126) Idée d’une culture de l’amnésie (Andreas Huyssen) qui inscrit le produit dans l’émotion de l’instant, id est d’un « perpétuel et foisonnant présent ».
  • L’art gazeux entraîne, via « l’évanescence de l’expérience », une obligation de dé-routinisation, c’est-à-dire d’un marquage puissant « de rituels forts, très forts même pour être identifiables, c’est-à-dire pour que l’on sache tout simplement qu’il y a expérience. » (167)
  • Cette déstructuration du moment artistique entraîne une recomposition du temps. « Lorsqu’il n’y a plus que du renouvellement , la mode devient l’unique scansion du temps. » Idée que, pour être, l’art doit moins renouveler que nouveler, selon l’idée que « anything goes » (tout convient, 175-176).
  • « L’art est une vapeur, être artiste est un métier aux mille magies. » (184) Idée que l’art dépasse l’art, qu’il se mue en esthétique diffusable à force d’être irréductible à un produit spécifiquement artistique : tout est arty.
  • « Le tourisme est la première industrie du monde, avant celles du pétrole, du nucléaire et de l’automobile. » (186) D’où l’insertion de l’art dans une logique de commercialisation propice au tourisme (et réciproquement).
  • « L’art n’est plus la manifestation de l’esprit mais quelque chose comme l’ornement ou la parure de l’époque » (204), par opposition à un produit « autonome et organique ». Idée que l’art n’a « plus assez de Gestalt« , de matière « solide, pérenne », définissable pour être définissable en tant que tel, au profit d’une notion gazeuse, plus diffractée mais moins saisissable dans un concept clair.