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Première de couverture du quatrième disque à retrouver dans le coffret Sylvie Carbonel fomenté par Skarbo

 

Le quatrième disque du florilège de Sylvie Carbonel se présente comme un récital

  • bref,
  • composite et
  • imaginaire,

constitué de pièces interprétées entre 1976 et 2008. Ouvrant le bal, les prélude et fugue en si bémol mineur BWV 867 extraits du Clavier bien tempéré. Bach y est, à l’ancienne, taxé de « Jean-Sébastien », bien que Scarlatti ne s’appelle pas Dominique, ni Brahms Jean, Liszt Franck ni Granados Éric. Et pourquoi cela ne serait-il pas ?

  • Clarté du toucher,
  • habileté de la pédalisation,
  • élégance des accents relançant le propos et
  • justesse des respirations

animent le prélude. La fugue à cinq voix bénéficie

  • d’un choix de tempo approprié,
  • d’une sérénité qui la solennise et
  • d’une irréprochable capacité à faire entendre la polyphonie, au-delà même de l’entrée des sujets.

On passe de cinq bémols à quatre dièses avec la Sonate en Mi K. 162 de Domenico Scarlatti. L’andante est marqué par un double ternaire, aux trois temps de la mesure s’ajoutant le balancement des triolets. Surgit alors la tonicité de l’Allegro.

  • Efficacité des accents,
  • fougue des bariolages,
  • couleur des crescendi

captent l’attention. Le contraste est renouvelé avec la reprise qui intègre l’andante avant de prolonger l’allegro.

  • Légèreté de l’accompagnement,
  • capacité à changer d’atmosphère en un tournemain et
  • plaisir des galopades échevelées

alimentent l’intérêt. Le bond qui rapproche alors Frédéric Chopin de Domenico Scarlatti décontenance, mais ce n’est pas forcément un défaut. Voici que s’avance à présent la Quatrième ballade op. 52 en fa mineur du plus Français des Polonais, et réciproquement. L’Andante con moto balance tranquillement son 6/8 grâce au toucher approprié donc multiple de Sylvie Carbonel.

  • Contretemps qui swingue,
  • binaire qui bute et pulse à la fois contre le ternaire sur les doubles du finale,
  • agogique qui épice la régularité d’une souplesse intelligente et
  • respirations inspirées

agrémentent

  • thème,
  • réexpositions et
  • mutations
    • (variations,
    • modulations,
    • transformations).

De l’apparente tranquillité de l’interprète sourd une profonde concentration des effets qui s’abstiennent de toute ostentation en dépit de l’extravagance des moyens techniques, intellectuels et musicaux exigés. Une version plus intérieure que démonstrative, mais avec ce qu’il faut de

  • nécessité,
  • percussivité (je tente) et
  • fulgurances

pour happer l’auditeur.

 

Quatrième de couverture du quatrième disque à retrouver dans le coffret Sylvie Carbonel fomenté par Skarbo

 

L’intermezzo de l’opus 118, andante teneramente, enregistré en 2008 sur un piano tenant plus de la casserole que de l’instrument mélodieux, sonne néanmoins avec

  • la distinction des voix indispensable,
  • les changements de nuances qui vont bien et
  • l’autorité qui évite d’injecter la moindre mièvrerie joliette à une pièce qui n’en a pas besoin.

La onzième rhapsodie hongroise en la mineur (mais en La aussi) de Franz Liszt s’ébroue sur un Lento a capriccio bardé

  • de trilles bariolantes,
  • de rebonds,
  • d’accélérations,
  • de silences,
  • de suspensions et
  • d’une explosivité où les séries de quadruples croches deviennent la norme.

Au rendez-vous,

  • brio,
  • mystère, et
  • démonstration de toucher autant que d’aisance digitale jusqu’au Prestissimo en Fa#.

En guise de bis, l’interprète propose « El pelele » (le mannequin) d’Enrique Granados, plus ou moins issu des Goyescas (on connaît l’histoire : c’est la seule composition qui correspond à un tableau précis de Goya – pas Chantal, hein – mais elle ne faisait pas partie de la version originale du cycle). Émergeant d’un bref « brillante » liminaire, un Andantino quasi allegretto en Si bémol percute avec

  • staccato,
  • accents,
  • contrastes,
  • fortissimi,
  • marches harmoniques et
  • modulation choc.

Ça frétille avec

  • sérénité,
  • poésie et
  • puissance,

concluant ainsi un disque concis, curieux car de bric et de broc, semblant chanter l’éloge d’une musicienne capable de jouer moult styles différents. Sans doute cet interlude manifeste-t-il une volonté de contraster avec d’autres disques du même coffret davantage centrés sur un compositeur ou deux. Une respiration, en somme, avant le prochain disque qui s’annonce resserré sur… Beethoven et Weber.


Pour retrouver les critiques précédentes du coffret

Dix-sept pièces de Modeste Moussorgsky – 1
Dix-sept pièces de Modeste Moussorgsky – 2
Les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgsky

Dix pièces pittoresques d’Emmanuel Chabrier – 1
Dix pièces pittoresques d’Emmanuel Chabrier – 2
Le Cahier de musique de Jacques Desbrière

Franz Liszt – Totentanz
Franz Liszt – Sonate en si mineur
Franz Liszt – Deux harmonies poétiques et religieuses


À suivre !