La Camerata du Léman joue Ludwig van Beethoven (Cascavelle) – 2/2
Après un concerto de jeunesse de Ludwig van Beethoven, le disque provocateur de la Camerata du Léman propose le premier mouvement d’une hypothétique Dixième symphonie. Cet extrait, articulé en trois séquences (andante, allegro, andante) a été élaboré par Barry Cooper. Son degré d’authenticité est faible mais varie selon la foi et l’appétit des auditeurs. Côté authentique, il est attesté que LvB aurait bien aimé griffonner une dixième symphonie. Il en a laissé quelques esquisses ; il en aurait même joué un bout au piano. Le reste est affaire de musicologie, entre
- réalisation (orchestration et peaufinage de l’agencement thématique),
- imitation idiomatique du compositeur et
- fantasmes de mélomanes frustrés par la mort du vrai compositeur.
La question n’est donc pas « faut-il apprécier ce quart d’heure comme une œuvre posthume de Beethoven ? », la réponse étant évidemment non. Il s’agirait plutôt de savoir si l’on peut apprécier cet hommage comme un écho de l’œuvre réellement beethovénienne et comme un baume sur les regrets qu’elle ne soit pas encore plus étoffée. La Camerata du Léman argumente en ce sens associant
- solennité des cordes,
- soyeux des vents et
- interprétation pénétrée.
La prise de son réverbérée imaginée par Jean-Daniel Noir sied à cette connexion entre petit comité et projet symphonique.
- Le tempo – ni trop allant ni trop retenu – convainc ;
- l’harmonisation s’amuse d’intervalles et d’effets d’attente alla Ludwig ;
- l’orchestration est habile mais ne cherche pas à ébaubir.
Décidément, l’andante est joliment troussé. Une transition simple et efficace nous précipite vers un allegro en 6/8 propulsé avec cœur.
- La circulation entre pupitres,
- les changements d’effectif et
- les mutations de couleurs
sont exécutés avec un goût et une cuisine instrumentale à la sapidité effectivement beethovénienne.
- Tutti triomphants,
- traits énergisants,
- unissons habiles et
- archets tremblants avec ou sans roulements de timbales pour le suspense
construisent l’intérêt de l’auditeur, souventes fois piqué par des contrastes d’intensité variés
- (brutaux,
- tuilés,
- non univoques).
L’apaisement que provoque le retour à l’andante refait fleurir le parfum de nostalgie discrète qui baigne l’exercice.
- Le frottement entre binaire et ternaire,
- les ruptures-respirations,
- les variations autour du thème principal
captivent et charment à la fois, entraînant l’auditeur dans une valse brève de la plus belle eau, dont la joie finit par se dissoudre dans un decrescendo réussi, à peine secoué par le topique pouët-pouët final. De la sorte, ce disque bref (moins de 45′) propose deux exercices de style réussis, dont l’aspect amusant est dépassé par les trouvailles des « reconstructeurs » et par la musicalité d’une interprétation vibrante. Le résultat, on l’aura compris, ne manque pas de séduction.
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