Jean Dubois, Petit théâtre du bonheur, 9 février 2017
Ils ont Bob Dylan, nous avons Jean Dubois, dont les lecteurs habitués savent en quelle estime nous le tenons. Or, avantage non négligeable, ledit Jean Dubois chante aussi Bob Dylan, alors que l’inverse, point. Pauvres Américains, bref.
Jean, c’est le seul Renaud encore en état de grincer, aimer, faire rire, chanter, gratter, harmoniciser, se promener dans son répertoire, tenir un public malgré sa proximité, voire donner re-vie aux cabarets en plein Montmartre hivernal. Ce jeudi soir, devant une petite salle très comble, il propulse des chansons presque récentes (« Mon amie, faut que j’te voie ») ou non (« P’tit bouchon »), moins connotées ou plus autobiographiques, glisse des quasi raretés sur « les cons qui payent » (enregistrée jadis avec les deux Yannick), honore la mazurka, rappelle le film qui popularisa « Things have changed » en 2001, s’amuse de glisser entre sprechgesang slammé et voix singulière maîtrisée… Après une superbe parenthèse avec ses excellents « accompagneurs », le revoilà seul en scène avec une guitare rosée, trois harmonicas et ses chansons si variées et séductrices que l’on comprend les fanettes qui passent leur concert à le filmer.
Une soirée en toute intimité (seule une petite trentaine de privilégiés peuvent profiter du talent de l’artiste, et de la salle au cœur de Montmartre… où on t’invite à boire des coups et à manger des chip ondulées à la sortie – rarement vu ça, merci !), qui redonne un sens à la chanson au moment où certains voudraient nous faire croire que la chanson, c’est esssclusivement le caca qui passe à la télé ou sur NRJ. Ben nan. Bravo, Mr Jean Dubois !