Irakly Avaliani joue « Un autre Mozart » (2006) – 2/5
Nos aventures dans les eaux mozartiennes, à bord de la frégate Irakly Avaliani, se poursuivent avec la sonate en Ré KV 311, composée fin 1777. Trois mouvements au programme, dont un rondeau, ce qui fait écho au premier morceau chroniqué tantôt. L’allegro con spirito liminaire associe
- allant du tempo,
- tonicité des doubles et
- énergie bondissante des staccati.
Avec vigueur, compositeur et interprète enquillent
- trilles frétillantes,
- fringantes appogiatures et
- festonnants traits de doubles croches legato.
Le pianiste sait mêler avec finesse
- suspension du discours,
- fougue des octaves qui bariolent,
- plaisir du babillage modulant,
- art du phrasé,
- pertinence de l’accent qui relance le propos, et
- swing des deux-en-deux.
L’andante con espressione, à deux temps et en Sol, confronte
- netteté des notes détachées et résonance de la pédalisation,
- gourmandise des nuances douces et puissance des sforzendi,
- charme de la mélodie et inclination pour un développement circulaire.
L’allure posée qu’a choisie l’interprète sied à la langueur du mouvement qu’électrisent quelques
- contrastes,
- surprises et
- accélérations bienvenues
- (triples croches,
- trilles et
- prompts ornements)
dont Irakly Avaliani fait son miel et le nôtre.
Le rondo allegro en 6/8 revient en Ré et assume sa volonté de mordre la célérité à pleines notes (je sais, c’est pas très clair, mais je tente quand même).
- Volontarisme de l’anacrouse qui précipite l’action,
- balancement du ternaire et
- faux déséquilibres entretenus par de nombreuses appogiatures en forme de ressorts
dégoupillent le dernier mouvement. La joyeuse grenade est lancée.
- Des segments nettement différenciés
- (traits de doubles,
- notes répétées,
- cavalcades descendantes,
- accords qui évoqueront aux mélomanes tel golden hit d’un opéra de WAM),
- des silences tenant parfois lieu d’interludes,
- des modulations proposant de nouvelles pistes de développement
caractérisent la première partie du mouvement, que suspend manière de microcadence allant de l’andante à l’adagio en passant par un trait chromatique ascendant balancé presto… avant que l’affaire ne redécolle sur les bases précédentes.
- L’aisance digitale de l’interprète,
- sa science de la caractérisation et
- sa capacité à transformer
- un bariolage en moteur,
- un silence en question,
- une démonstration de virtuosité en musicalité intrigante
nous obligent à admettre, dans notre grande bonté, que, malgré notre peu d’appétence spontanée envers la musique de Wolfgang Amadeus Mozart, soit, c’est un fait, nous avons hâte d’écouter la sonate en la pour la chroniquer prochainement. Mais attention, elle a intérêt à être bien !
Pour écouter gracieusement le disque en intégrale, c’est, par ex., ici.
Pour réserver en vue du concert Beethoven avec lequel Irakly Avaliani fêtera ses 75 ans dont 65 de carrière, c’est, par ex., là.