Irakly Avaliani joue Johann Sebastian Bach (L’art du toucher) – 2/4

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Première du disque

 

Oui, ça fait mal de voir un artiste qui se fourre le doigt dans les œillesses, mais on l’a déjà dit alors on avance. Après la fantaisie chromatique et sa fugue (BWV 903, Irakly Avaliani poursuit son récital Bach avec le célèbre concerto « dans le goût italien » en Fa (BWV 971). Le premier mouvement est d’évidence et de tradition un moment vif, mais le compositeur s’est abstenu de toute explicitation tant, d’une part, le propos ne laisse aucun doute et, d’autre part, l’interprète doit être assez musicien pour déterminer le tempo juste dans sa vision de l’œuvre… même s’il est amusant de voir certaines versions arborer des indications fantaisistes comme « Allegro, noire à 104 ». Le mouvement-sans-indication-de-tempo est pris avec une faconde toute pianistique, fondée sur la distinction

  • d’intensités entre parties orchestrale et soliste (topos du « goût italien »),
  • d’articulations arbitrant les différentes
    • accentuations,
    • staccato et
    • legato, et
  • d’exposition du discours via le travail sur
    • le phrasé,
    • la respiration et
    • le rythme (contretemps, enjambement de mesure, densité des triples croches formant de quasi ornements, etc.).

On apprécie la clarté (je n’ai pas fini ma phrase)

  • des échanges polyphoniques,
  • de la narration et
  • des différents touchers,

ce qui n’est pas exclusif d’une pédalisation habilement conduite, au contraire : le texte étant retranscrit à la pointe-sèche, il s’habille avec goût du froufrou d’une résonance maîtrisée.

 

 

L’andante, ternaire et mineur, explore

  • la mutation de registres (médium versus graves),
  • le topisme associant l’accompagnement et la mélodie sublimement ornementée,
  • l’harmonie entendue et le ravissement du chromatisme.

L’art du toucher by Irakly Avaliani rend miraculeuse la fausse simplicité du mouvement, tant la virtuosité n’est jamais uniquement pyrotechnie.

  • La maîtrise des différentes nuances piano,
  • l’art de la pédalisation sur un texte prévu pour énonciation sur clavecin,
  • le contrôle du clavier (réglé par Jean-Michel Daudon), et
  • la science du sourd comme du prééminent, id est de l’étagement du son,

participent d’une science émouvante de la boîte aux dominos d’ivoire.

 

 

Le presto final revient en majeur. Dans le duo,

  • la tonicité se fait virtuosité,
  • l’accentuation éclairage,
  • l’art de nuancer narration.

La capacité de l’interprète à

  • aller de l’avant,
  • relancer,
  • donner du souffle,
  • étager les intensités,et
  • laisser résonner la percussivité pianistique

ressortissent d’une musicalité puissante que l’on a hâte de découvrir multiple dans la Seconde partita (BWV 826), objet de notre prochaine notule sur ce disque plus que stimulant.

 

À suivre !


Pour écouter l’album en intégralité, c’est par exemple ici.