Irakly Avaliani joue Johann Sebastian Bach (L’art du toucher) – 1/4
Certes, surprennent, sur la première du disque,
- la photo où l’artiste semble tenter d’énucléer son système oculaire, ainsi que
- l’appellation de « Jean-Sebastien Bach », francisation à la fois surannée et erronée faute d’accent.
Ce nonobstant, cet étonnement n’ôte rien à notre excitation de zozo ayant ouï, oui, au disque Irakly Avaliani dans
- Tchaïkovsky,
- Chopin,
- Schubert et
- Brahms
(pour retrouver ces 21 aventures et quelques autres, rendez-vous ici). D’autant que le présent disque commence par les monumentales donc redoutables fantaisie chromatique et fugue en ré mineur BWV 903 entendues quelques mois plus tôt en concert à la salle Cortot (une notule en garde trace ici). Une fois de plus, nous sommes cueilli d’emblée par la virtuosité de la fantaisie, car elle est multiple. Elle sourd a minima
- d’une vélocité qui semble sans limite,
- d’un spectre de dynamiques qui donne les impulsions nécessaires, et
- d’une égalité dans le flux mélodique qui assure la lisibilité derrière la surabondance presque provocatrice de notes.
Irakly Avaliani rend brillamment
- les foucades de la partition,
- la jubilation de la girouette tonale en pleine tempête et
- le mélange d’exigence rythmique et de liberté que la toccata fusionne dans un même geste compositionnel.
S’entrechoquent donc
- torrents digitaux,
- suspensions mystérieuses,
- effets d’attente et
- traits tonifiant par à-coups la méditation qui s’installe parfois.
L’interprète justifie, s’il en était besoin, l’intérêt d’une interprétation sur piano (un Fazioli accordé par Jean-Michel Daudon et capté par Joël Perrot) : outre la sensation grande de liberté qui épouse le projet même de « fantaisie »,
- la polymorphie du toucher,
- le vaste éventail de nuances et
- la justesse de la pédalisation
concourent pour
- capter l’attention,
- susciter l’intérêt au long des dix minutes de voyage et
- éclairent l’écoute
jusqu’à la tierce picarde finale.
La fugue ternaire s’ouvre avec l’exposé du sujet taillée dans la plus fine dentelle. Tout est précieux :
- le toucher délicat,
- la nuance d’un piano très pur et, bientôt,
- la clarté de la polyphonie qui éteint presque toute impression de complexité de composition ou de difficulté d’exécution.
Irakly Avaliani dégaine
- des trilles élégantes,
- de saisissants équilibres en trio et
- un allant inaltérable
qui participent joyeusement à la réussite de cette version, et laissent augurer d’une fine intelligence du contrepoint alla Bach. De quoi mettre en appétit avant les trois autres œuvres au programme de ce disque…
À suivre !
Pour écouter l’album en intégralité, c’est par exemple ici.