Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 6/6

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Première du disque. Visuel : Masha S.

 

Bonne nouvelle pour ceux qui ont survécu difficilement à la cérémonie LGBTQIAZERTY+ inclusiviste donc excluante d’ouverture olympique,

  • plus consternante que choquante,
  • plus affligeante que blasphématoire, et
  • encore plus grotesque que daubée du fondement (et pourtant) :

impossible de conclure un récital Chopin digne de ce nom sans une pièce brillante et clairement identifiée – pardon, iconique ! Irakly Avaliani assume cette convention en claquant in extremis la Polonaise en La bémol op. 63. Pourtant, le prélude n’a pas le côté clinquant dont certains pianistes le parent. Point

  • de violents changements d’intensité,
  • d’accents surpuissants ou
  • d’octaves staccato transformés en ronflement de missile.

L’interprète opte plutôt pour un crescendo intérieur, c’est-à-dire moins une montée en puissance des nuances qu’une élévation de la tension musicale à libérer à la dix-septième mesure, quand éclot le thème. Là encore, que l’on ne s’attende pas à une déflagration produite par un pilote de Rafale passant le mur du son au-dessus de Gruissan pour escagasser les estivants et faire frémir sa nana en train de se dorer la pilule en monokini sous les yeux intéressés des MNS-CRS scrutant à la jumelle la longue langue de sable de Narbonne-Plage. Irakly Avaliani privilégie le contraste entre

  • lié et détaché,
  • rigueur et agogique,
  • forte et mezzo forte.

On n’en goûte que mieux

  • l’allant du tempo,
  • le swing bondissant de la main gauche,
  • les boosters de pulsation que sont
    • arpèges,
    • triolets,
    • appogiatures,
    • mordants et
    • triples croches bondissantes, ainsi que
  • la pédalisation précise qui est à l’excès de vinaigrette noyant la salade pas fraîche dans une flaque d’amertume fade ce que le cadre en or et bronze ouvragés est au tableau de maître.

Ainsi, en nous communiquant le frisson attendu du golden hit, l’interprète semble dissimuler le mix de virtuosité et de musicalité derrière

  • l’évidence,
  • la netteté,
  • la maîtrise et
  • la conviction que le texte suffit à emporter l’enthousiasme.

Il a fort justement conscience que les excès

  • de digitalité,
  • de sensiblerie ou
  • de stabylotage avec
    • un rouge sanguinolent gorgé de fortissimi,
    • un jaune pétard passionné de super ralentis ou
    • un violet sombre noyant les notes ou les maladresses dans la mélasse d’un sustain opportuniste

n’apportent rien

  • à la partition,
  • à son exécution, ni
  • à l’effet wow garanti sur l’auditeur.

 

 

Sans rompre avec l’esthétique liminaire, la partie centrale en Mi à la modulation inattendue mais, une fois glissée, presque logique du la bémol – mi bémol – do au sol dièse (donc la bémol au piano) – mi – si, claque avec plus de tonicité que de bombage de torse martial (que l’on sache, la polonaise op. 53 n’a jamais été une polonaise militaire bis).

  • Les octaves obstinés, redoutables à plaquer, sont incroyablement légers ;
  • leur motorisme obstiné est un superbe écrin pour sertir une main droite légère et vibrante ; et
  • le travail sur le toucher ébaubit
    • (attaque,
    • enfoncement,
    • tenue,
    • effacement).

Les choix esthétiques d’Irakly Avaliani montrent une foi admirable dans la musicalité d’une section

  • certes moins mélodieuse,
  • certes plus rythmique que catchy,
  • donc souvent jouée (“pour contraster avec la finesse des parties A”) avec
    • la douceur,
    • la délicatesse et
    • la poésie d’un agent à moustache s’effondrant dans son lit après sa ronde de nuit qui fut surtout une ronde des troquets.

La transition en La bémol se repaît des à-coups rythmiques et stylistiques auxquels le pianiste accorde l’attention presque hypnotisante qui s’impose avant l’explosif retour du thème premier. Cette fois, le Franco-géorgien lâche les chevaux.

  • Énergie féroce,
  • percussivité débridée,
  • plaisir des décibels lancés comme des confettis :

le bouquet final de ce disque

  • totalement plaisant,
  • habilement construit et
  • résolument festif,

rappelle que

  • finesse d’exécution,
  • jubilation et
  • musicalité

ne sont ennemies que sous les doigts de musiciens limités, intellectuellement ou techniquement (parfois les deux, hélas). Ô surprise ! Irakly Avaliani ne semble point émarger dans cette catégorie. Alléluia, d’autant qu’il nous reste quelques disques du zozo à découvrir et à partager avec curieux, gourmands et lecteurs de hasard.


Pour écouter le disque en intégrale, c’est ici.
Pour retrouver les précédents épisodes, c’est ci-dessous.
1. La barcarolle op. 60
2. Trois nocturnes
3. La polonaise-fantaisie op. 61
4. Trois mazurkas
5. Trois valses