Irakly Avaliani joue Franz Schubert (Soupir) – 1/2

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Première du disque

 

Avec ses trois-quarts d’heure au compteur, la dix-septième sonate de Franz Schubert a gagné son titre de « Grande sonate ». Quatre mouvements la composent, tous autour de 10′ sauf le deuxième, qui culmine à environ mille secondes. C’est sur ce mastodonte qu’Irakly Avaliani a choisi de poser les pattes à l’été 2022, devant les micros de Joël Perrot et derrière un Fazioli réglé par Jean-Michel Daudon.

 

 

Quatre temps, un ré majeur bien affirmé : ainsi s’avance l’Allegro vivace. Franz Schubert défie aussitôt l’évidence

  • modale (le ré mineur guette),
  • tonale (Fa et Ut# sont prêts à bondir au coin du bois) et
  • rythmique (des triolets se chargent de dynamiter la rigueur binaire).

Le mouvement est une force qui va, court, vole et se balance.

  • Changements de tempi,
  • hésitations et
  • mutations

exigent

  • des doigts déliés,
  • des poignets fermes et
  • une grande assurance dans des traits pas toujours spectaculaires mais d’une redoutable exigence de précision.

Irakly Avaliani offre ainsi un beau catalogue des possibles pianistiques, entre

  • tonicité des accents,
  • liquidité des triolets et
  • variété des registres donc des couleurs.

Par-delà l’instauration de motifs plus rythmiques que mélodiques,

  • la marche martiale,
  • l’écho des cloches,
  • l’ivresse des modulations,

tout semble inspirer l’interprète dont

  • les nuances,
  • le toucher,
  • l’allant multiple et maîtrisé ainsi que
  • le swing perçant sous le sérieux

« font paraître court le chemin », selon l’expression de Georges Brassens, en dépit des récurrences typiques du compositeur.

 

 

Toujours « con moto » mais

  • andante,
  • en La et
  • à trois temps,

le deuxième mouvement oppose

  • la suspension,
  • la délicatesse et
  • la recherche harmonique

aux étincelles motoriques de son prédécesseur.

  • Souplesse du tempo en dépit de la rigueur mesurée,
  • apaisement des questionnements en dépit des frictions modulantes,
  • profondeur des respirations en dépit de la nécessité d’avancer

préludent à un deuxième motif plus affirmé, dont Irakly Avaliani sait néanmoins révéler toute la richesse notamment grâce

  • aux nuances,
  • à l’agogique et
  • à la différenciation des touchers.

Ainsi guidés, l’on goûte

  • à l’inventivité rythmique,
  • aux changements de tonalité parfois inattendus,
  • aux résolutions jamais définitives,
  • aux effets d’écho entre les paluches,
  • à l’accumulation des faux épuisements d’inspiration

que le pianiste veille à ne jamais surcharger de

  • dramatisation,
  • contrastes virulents ou
  • sentimentalisme sirupeux.

Au rebours des craintes qu’il pourrait susciter chez l’auditeur, le temps long installé par cette méditation faussement improvisée

  • hypnotise,
  • surprend et
  • intrigue

de bout en bout. Par la grâce du musicien affleure l’émotion. Quelque chose d’une narration intime mais pudique semble sourdre de ce gros quart d’heure de musique continue. Charge au prochain scherzo de secouer tout ça et de nous plonger dans

  • une autre dynamique,
  • de nouvelles vibrations et
  • des énergies revigorantes !

 

À suivre !


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