Irakly Avaliani, Intégrale Brahms volume 1, L’art du toucher – 9/10
Elles auraient dû s’appeler Klavierstücke, mais c’était compter sans la pression de la dédicataire à laquelle Johannes Brahms a fini par céder – l’opus 79 rassemblera donc deux Rhapsodies. La première en si mineur – qui va ici nous intéresser – est annoncée « agitato » et, en effet, c’est le sentiment que parvient à nous transmettre Irakly Avaliani grâce à
- un tempo sans concession,
- des accents qui s’assument et
- une puissance de rebond sur les octaves de la main gauche qui groove grave.
L’interprétation réfute cependant l’incandescence univoque.
- Les modulations,
- les détachés percutants,
- les octaves toniques,
- les effets de pédalisation,
- les différenciations de nuances voire même
- une reprise pas inscrite sur toutes les partitions mais pas moins efficace
énergisent, et hop, plus qu’ils n’écrasent cette composition bousculante, re-hop. Le pianiste en profite pour investir pleinement le projet a posteriori rhapsodique sans perdre de vue l’exigence liminaire d’agitation jusqu’au mouvement central en Si, « moins agité ».
- Légèreté du bariolage,
- effervescence des croches et
- joie des irisations chromatiques
transcendent l’idée réductrice d’une forme sonate dissimulée (mouvements vif – lent – vif). Le retour de l’agitation initiale n’en est pas moins parfaitement tendue, associant
- la réjouissance du déjà-ouï,
- la virulence du ressassement et
- le frottement entre ce dynamisme et le mode mineur qui structure le projet.
Les variations
- de couleur,
- de toucher et
- d’humeur
sont rendues avec
- fougue,
- précision et
- inventivité
par Irakly Avaliani, laissant augurer d’un finale en fanfare avec la seconde rhapsodie, annoncée « molto passionato » !
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