Indochine, 16 novembre 2018, AccorHotels Arena

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Photo : Bertrand Ferrier

Tu sais que tu es vieux quand on te réinvite à voir Indochine.
Quand tu penses, en 2018, que tu vas voir Indochine à Bercy.
Quand tu tiens, quoi que tu sois souvent debout, à avoir un siège numéroté.
Quand tu constates que « Tiens, c’est pas comme avant », même si c’est juste que la set-list a davantage mélangé titres récents et anciens titres – peut-être pour complaire TMC, qui filme ce soir.
Quand tu as envie de coller au coin Nicola Sirkis à chaque faute de français qu’il tâche de faire passer, à l’instar de tant de clampins, pour une licence poétique (dont le célèbre « Tombera les croix »). À chaque fois qu’il ouvre la bouche, donc, ou tout comme.
Quand tu penses géopolitique au moment où le groupe démontre une fois de plus son consensualisme de rampant en crachant sur Donald Trump – stupidité judicieusement zappée par le diffuseur télé grâce à la réclame.
Quand tu trouves chic, même hors contexte ferroviaire, de recourir au mot « réclame ».

Photo : Josée Novicz

Quand tu vas voir un vieux groupe (en réalité, un vieux chanteur, un concert d’Indochine n’étant plus qu’un concert de Nicola S.).
Quand tu penses que c’est rebelle de ne pas mettre de bouchons auriculaires, comme si tu allais écouter Rammstein or somethin’.
Quand tes anecdotes sur le groupe sont éculées, sans « n », depuis, au moins, 1986.
Quand tout ce que tu sais d’Asia Argento, la compagne du dispensable « Gloria », c’est, si tu as suivi, qu’elle a été violée, qu’elle a violé et qu’elle chante vraiment mal.
Quand on te demande si c’était bien et que, en première intention, tu réponds « La batterie – pas celle de mon téléphone, humour – avait un super son » et, en seconde : « En plus, au retour, on a eu une place assise dans le métro. »
Quand tu dis « Oh, une vieille » d’un air satisfait en apercevant une fan extatique d’au moins 42 ans.
Quand tu as 41 ans, donc.

Photo : Josée Novicz