Guitarp duo joue de Falla, Debussy et Ravel (Solo musica) – 3/3

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Quatrième de couverture

 

Après Manuel de Falla et Claude Debussy, c’est Maurice Ravel que le Guitarp duo a choisi de revisiter à travers trois numéros extraits des Miroirs et arrangés par eux-mêmes pour leur formation. Alors que le lien ténu entre les Estampes de Debussy et le titre du disque, Miroirs d’Espagne, était établi grâce à la pièce qu’ils avaient placée en premier, les interprètes ont choisi de garder « Alborada del gracioso » pour la fin.

 

 

La trilogie s’ouvre sur « Oiseaux tristes », le deuxième épisode du cycle ravélien, dont le compositeur assumait le projet programmatique d’évoquer « des oiseaux perdus dans une sombre forêt aux heures les plus chaudes de l’été ». Très lentement, la harpe dégaine les premiers contrastes d’attaques avec de belles harmoniques pour mimer ou plutôt transposer la percussion du marteau qu’exige la partition sur la première note. Le duo, séparé par la stéréophonie, organise le balancement avec un juste mélange

  • de rigueur,
  • de souplesse et
  • d’habileté

rythmiques. Maurizio Grandinetti et Consuelo Giulianelli savent tour à tour prendre

  • leur temps triste pour laisser les notes vibrer au creux des esgourdes de l’auditeur,
  • leurs doigts à leur cou pour tresser la vitesse quand, un instant, elle surgit, et
  • leur large palette de nuances pour s’approprier, autant que possible, la chaleur résonnante de la version pour piano.

 

 

En deuxième position de la sélection guitarpienne apparaît « La vallée des cloches » qui, d’ordinaire, clôt le recueil avec une partition écrite sur trois portées.

  • Harmoniques,
  • mélange des sonorités,
  • suspensions et
  • résonance des graves de la harpe

tissent les échanges mystérieux entre les cloches. Les complices rendent avec une virtuosité presque intérieure la beauté de la complexité

  • rythmique,
  • harmonique et
  • tonale

qui fait planer une musique dont l’efficacité onirique trouve un regain de fraîcheur dans les

  • dialogues,
  • entrelacs,
  • superpositions,
  • confrontations et
  • symbioses

du duo. Le résultat, habilement non pianistique, pourrait être une façon d’inviter le mélomane à redécouvrir cette grande partition ravélienne.

 

 

Miroirs d’Espagne obligent, le parcours spéculaire s’achève avec « Alborada del gracioso », l’une des deux pièces du recueil à avoir été orchestrées par le compositeur… et l’un des plus redoutables apices du répertoire du vingtième siècle naissant.

  • Hispanismes croustillants,
  • swing caractérisé,
  • contrastes d’intensité,
  • secousses rythmiques,
  • virulentes modulations et inflexions tonales,
  • changements de tempo et de mesure

sont agencés avec une assurance et une habileté certaines. La transcription n’hésite pas – elle a raison – à

  • octavier,
  • doubler ou
  • permuter les rôles.

Sans doute plus hispanisante qu’idiomatique, cette version n’ôte rien au brio ni à la poésie d’une partition majeure. Elle offre une lecture

  • singulière,
  • intelligente et
  • solidement pensée

où, entre

  • notes répétées,
  • glissades maîtrisées et
  • souplesse chirurgicale – presque chorégraphique – du geste commun

palpitent comme de juste

  • le brio,
  • le suggestif,
  • le contradictoire et
  • le songeur.

Ceci n’est pas l’Espagne ; peut-être en sera-ce un miroir ? À tout le moins, c’est un miroir tendu aux massifs ravéliens que Maurizio Grandinetti et Consuelo Giulianelli gravissent par des voies singulières. Si l’exercice peut paraître curieux, c’est qu’il excite précisément la curiosité des mélomanes prêts à libérer leurs esgourdes de leurs habitudes pianistiques ou, mieux, d’enrichir ces us par une autre approche. D’autant plus intéressant apparaîtra alors ce disque où les musiciens, moins farfelus qu’il n’y paraît au premier abord, font preuve

  • d’un goût très sûr,
  • d’une virtuosité remarquable,
  • d’une audace assumée et
  • d’une musicalité évidente.

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