Giovanni Panzeca et alii jouent Boulanger, Gerber et Schulé (Cascavelle) – 4/6

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Première du disque

 

Pour la seconde partie de notre chronique du disque fomenté par Giovanni Panzeca, nous renonçons à suivre la musique avec la partition pour profiter d’une autre écoute, moins tatillonne et peut-être plus ancrée dans l’expérience sonore. Au programme ce jour, deux pièces pour orgue et cuivre. La première est une Fête pour deux trompettes, deux trombones et orgue, initialement fagotée pour « une messe télévisée à la basilique Notre-Dame de Neuchâtel » mais livrée trop tard par René Gerber. Elle s’ouvre par une fanfare des cuivres à laquelle s’associe l’orgue sur les pleins jeux. On y retrouve la patte gerbérique :

  • clarté de la ligne mélodique,
  • simplicité puis enrichissement de l’harmonie, et
  • inclination à se concentrer sur des motifs plutôt que de délayer le discours en tournoyant autour du pot.

Les interprètes ont l’habileté de jouer avec la résonance de l’église afin d’éviter la confusion des sons. Le soin apporté

  • aux nuances,
  • à la synchronisation et
  • aux phrasés

porte cette pièce qui ne cache nullement son désir d’exprimer

  • grandeur,
  • faste et
  • solennité.

 

 

La capacité du compositeur à broder 7’40 de musique malgré

  • les contraintes d’un genre (la pièce de circonstance),
  • la nécessité d’intelligibilité et d’accessibilité du propos, ainsi que
  • l’importance de l’identification des motifs par l’auditeur qui n’est pas venu au concert

passe par son habileté à exploiter

  • la richesse des sonorités du quintette (à cinq, à quatre, à deux cuivres aigus contre deux graves, etc.),
  • l’insertion sporadique de quelques audaces harmoniques qui croustillent d’autant plus qu’elles sont enveloppées dans un esprit de fanfare nullement dévoyé (importance du refrain), et
  • le surgissement d’astuces bienvenues
    • (arrivée d’une modulation,
    • brusque et provisoire changement de caractère,
    • utilisation des nuances piano pour mieux valoriser les fortissimi).

Nous retrouverons une fête à la fin du Triptyque pour orgue que nous écouterons dans une prochaine notule. D’ici là nous est proposée une Pavane pour trois trompettes et orgue, projet assez curieux puisque seuls deux trompettistes – Mattia Gallo et Maura Pavese – sont crédités. Cette danse de couple a été composée pour un mariage et s’ouvre, comme Fête par une sonnerie des cuivres sans orgue. La partition s’amuse à proposer

  • des dilatations sonores (tutti fortissimo),
  • des contractions (unissons, dialogue entre une trompette et l’orgue, orgue à découvert pour conserver la pulsation rythmique) et
  • d’élégants effets de nuances (decrescendo et crescendo).

 

 

En dépit d’un montage perfectible (on sursaute à 1’58, à 2’45 et à 4’36, par ex., mais gérer une telle pâte sonore dans une acoustique réverbérée doit être mission presque impossible !), on se laisse volontiers emporter par

  • le balancement perpétuel de la danse,
  • les facéties harmoniques dont René Gerber pimente son texte, ainsi que par
  • les diastoles et systoles des intensités.

Prochaine étape : le Triptyque pour orgue qui clôt la partie René Gerber du programme. D’ici là,

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À suivre !