Fruits de la vigne – Xavier Frissant, « Les caillasses » 2022

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Un mois après avoir raconté un blanc venu de Touraine et fomenté par Xavier Frissant, voici sur la table une quille du même vigneron – un vin rouge, cette fois, toujours conseillé par l’excellent couple de dealers formé par Thierry W. et PiB. Autant dire que l’on aborde avec confiance ce terrain de « Caillasses », fort des propos rassurants du retailer : « Le nom laisse accroire qu’il s’agit d’un vin rugueux alors que, en fait, non. » Le branding rendrait hommage au terroir mêlant argile et silice sur un espace « très caillouteux ». Le jus, lui, résulte d’un composite associant 70 % de cabernet franc et 30 % de côt, ailleurs appelé malbec.
La robe est d’un rouge groseille uniforme, alliant une forme d’intensité à une certaine légèreté.
Le nez laisse prédominer un bel ensemble de fruits cuits sans véritable concurrent, sinon une pointe végétale ou un rien épicée qui se pose sur la fragrance comme un pétale presque coquin, olé, et même olé-olé.
La bouche confirme la piste du fruit fondu (peut-être avec une dominante groseille). Avec ses 13°, le vin ne joue ni les cadors testostéronés, ni les jus en costard trois pièces laissant rutiler une étiquette à plus de trois chiffres. Fin musicien, il sait jouer les accompagnateurs, c’est-à-dire non pas le passe-plat mais le partenaire capable de mettre en valeur la mélodie simple d’un plat basique tout en offrant une harmonie dont on sort réjoui comme d’un crépuscule d’été, quand on prend conscience que

 

la nuit effacera notre univers fragile,
le fantôme du lit quitté par les amants
et le défaut du verre imitant le diamant,
mais la vitre longtemps vibrera sur la ville
(Robert Desnos, Destinée arbitraire, Gallimard [1963], « Poésie » [1975], 2020, p. 207).

 

Pour faire vibrer votre vitre, si j’puis dire, compter entre 10 et 13 € env. par Internet hors frais d’envoi.