Fruits de la vigne – La Roilette 2013, domaine Metrat

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Photo : Bertrand Ferrier

 

  • Vendanges à la main,
  • labour avec charrue attelée,
  • démarche « écoresponsable » et
  • médailles et brava y compris dans des classements qui font rigoler jaune comme le Gilbert et Gaillard :

le domaine de Bernard Metrat tâche de mettre tous les atouts commercialement corrects de son côté, et ce serait entre biscornu et saugrenu, au moins pour la rime, de le lui reprocher. Vieilles vignes et vieille cuvée dénichée par Thierry Welschinger qui la commercialise 17 € dans son antre – le millésime 2022 est disponible à 11 € sur le site du vigneron. Avec ses 13°, ce Fleurie aux 11 ans d’âge s’annonce prometteur mais ne s’en soumettra pas moins au test vétilleux d’un ignorant espérant se réjouir à sa façon.
La robe est joyeusement complexe. La cerise confite domine. Sombre et rougeoiement intense dialoguent comme pour négocier chacun sa part de clarté. (J’admets que, à la relecture, le sens de cette phrase n’est pas complètement évident, mais je laisse la formulation telle quelle car, sur le moment, je la jugeais intelligible ; donc qui sait si, quand je l’aurais reformulée, je n’aurais pas l’impression « sur le moment » que c’était hyperplus davantage mieux avant ?)
Le nez paraît d’une discrétion qui confine à la modestie. Pourtant, il révèle au patient un fruit mûr (pêche ?) agrémenté d’épices (girofle ?) sans se départir d’un côté rustique et ronchon, celui – peut-être – d’un vin qui a eu le temps de se faire dans sa barrique puis sa bouteille. En seconde intention, on croit percevoir justement ce côté boisé qui s’emberlificote avec des émanations de café fraîchement moulu – j’aime bien le « fraîchement », qui donne sans ambiguïté une idée de l’expertise de l’auteur de ce post en moulation de café. Le résultat intéresse en rejetant toute univocité. Là encore, le compliment sent la déclaration d’amour d’un macroniste grenouillant dans les ministères, comme quoi, hein, la langue est un étrange organe.
La bouche évite les flonflons des « vieilles vignes » qui n’ont certes pas que des mauvais côtés. Présentement, point

  • de rondeur immédiate,
  • de douceur flatteuse,
  • de persistance en decrescendo.

Non, l’attaque se dérobe aux stéréotypes.

  • La solidité du vieillissement,
  • l’influence des fûts et
  • l’histoire longue des ceps

se traduisent par une proposition originale surmontée, selon nos papilles parfois curieuses quoique toujours honnêtes, par des notes de cardamome. La finale, boisée, est encore plus captivante car elle laisse crépiter dans l’âtre du palais un mix’n’match de pain grillé et de cassis. Moins cryptographiquement ou presque, sous-titrons que le jus se marie avec joie à un faux-filet juste saisi avec ses patates et ses haricots pour manger cinq fruizélgumes ; cependant, on l’imagine aussi fort bien avec les saveurs moins rugueuses d’une viande blanche joliment préparée comme pour découvrir

 

au fond de l’aube les racines du cœur

 

et non

 

les racines du cœur au fond de l’aube.

 

Ben non, ce serait hyper moins poétique (VO = Annie Le Brun, Ombre pour ombre, Gallimard [2004], « Poésie », 2024, p. 123).