Fruits de la vigne – Hautes Côtes de Nuits Pierre Maizière 2022

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Quels vins boire à Paris pour ca. 10 € ? Suite de notre enquête avec ce produit vendu 11,2 € – 20 % chez Monoprix, bienvenue aux calculateurs ! Comme l’indique sa jolie étiquette, c’est un Hautes Côtes de nuits produit par la marque Pierre Maizière. Premier point d’inquiétude : ce n’est point un vin de récoltant, mais le résultat d’un conglomérat d’une quinzaine de vignobles couvrant presque 400 hectares. Rien de rédhibitoire, mais déjà un virus. Second point d’inquiétude : on craint le pire en lisant sur l’étiquette de dos nous annonçant que Pierre Maizière – la marque, donc – a « voulu ce vin gourmand ». Ce nonobstant confiant dans les possibles de la Bête et dans la bêtise du marketing, indépendante de la qualité du vin, nous renonçons à renoncer si près du breuvage et débouchons la bouteille vaillamment.
La robe laisse dialoguer dans un même tissu liquide l’accorte clarté de la framboise avec l’obscurité goûtue dont savent se parer les meilleures griottes.
Le nez est plus rugueux, presque opiniâtre, et met donc les papilles en alerte. Le pinot noir semble laisser piaffer ses chevaux dans la cour. Bien qu’il se marie plus volontiers avec des viandes blanches, la proposition qui lui est faite de sertir une saucisse de Toulouse grillée aux effluves prometteurs ne semble pas inappropriée à ce stade.
La bouche est hélas le point faible du projet. L’attaque est plate et légèrement écœurante. Une cerise un rien fade s’impose et persiste. L’écho est indéniable, mais il peine à magnifier le cri primaire du jus. Le mariage mets et vin est raté, mais il n’est pas certain que le vin lui-même soit une réussite sérieusement défendable. Dès lors, le prix paraît quasi exorbitant, même dans cette catégorie de quasi entrée de gamme capitale. Prodigue, la déception nous donne d’entendre presque résonner le « reproche amer » que s’adresse la boisson

de n’être plus assez jolie
pour faire naître encor quelque tendre folie.
(Antoinette Deshoulières, De rose alors ne reste que l’épine. Poésies, 1659-1694, Gallimard, « Poésie », 2023, p. 60)