Fruits de la vigne – Domaine Diconne 2019

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Souvent peu flatté par les caves parisiennes, le vin blanc disponible dans la capitale a hélas tendance à osciller entre

  • la piquette sans fard ou presque,
  • le jus pour fille (moins de 12° + saveur pamplemousse) et
  • les quilles dont le compteur des dizaines tend à s’affoler.

Pour 15 €, les Galeries Lafayette proposent une production Diconne, domaine également connu pour des appellations plus prestigieuses que ce presque simple bourgogne aligoté, ici présenté en version 2019 avec 13° au compteur.
La robe miroite. Si on survole le jus en mode drone oculaire, on observe un liquide presque translucide dont on se surprend à rechercher les pigments. En mode inspection latérale, on découvre un beau jaune d’or délicat.
Le nez est à l’aune de la robe. Point

  • d’affirmation tranchée,
  • de postulat vulgaire,
  • de doxa martelée jusqu’à la nausée avec la certitude soumise des médias d’État.

Ici, dominent

  • la légèreté,
  • l’élégance et
  • la fraîcheur

autour d’une fringante fragrance d’agrume bien tempérée, comme esquissée.
La bouche ne dépare pas dans ce contexte frisant l’aquarelle. Ceux qui préfèrent le vin qui prend possession du palais et ne le lâche pas toqueront à une autre bouteille. Les autres pourront saluer la délicatesse d’un breuvage mêlant une tendance beurrée à une pointe d’amertume qui rend astucieusement plus piquante l’équation à résoudre. Face au combo nems – riz cantonais, l’aligoté déploie en finale un effet d’harmoniques qui évoque tour à tour quelque aromate sans agressivité et les braises d’un café pas encore tout à fait éteintes. Ces petites étincelles font scintiller un vin discret qui, sans chercher à éblouir, alimente la douce rêverie d’une vie piquetée de « victoires de détail » jusqu’à être « riche de tant de promesses attendant d’être relevées » (Patrick Boucheron, Le Temps qui reste, Le Seuil, « Libelle », 2023, p. 40).