Fruits de la vigne – Domaine des coccinelles 2021

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Notre série Quelle bouteille peut-on boire à Paris autour de 10 € ? fait étape dans le Rhône, avec un « vin bio » du domaine des Coccinelles largement distribué en supermarché. Mixant syrah et grenache avec une légère domination du premier cépage, le produit se présente sans ambage mais pas sans faute d’orthographe sur l’étiquette (traits d’union oubliés, capitales plus esthétiques que fonctionnelles, accents aléatoires – oui pour « propriété », non pour le vin « certifie »).
Ce laisser-aller, sinon relâchement, résonne avec la robe, dont la couleur trouble s’approche presque du sang séché. Elle laisse deviner une aspiration à la noirceur que troublent des reflets moins désespérés – c’est heureux pour un vin plus destiné à la convivialité qu’à la méditation kierkegaardienne.
Le nez est une agréable surprise. Présent mais léger, il joue les équilibristes entre floral et fruité. En tendant les oreilles, il est même possible de presque-entendre des notes de sous-bois qui froufroutent, mais un sous-bois assez particulier car quelque sapajou maladroit semble y avoir écrasé une poignée de cassis.
La bouche est droite. À l’instar de l’étiquette, elle semble se soucier du qu’en-dira-t-on comme de colin-tampon. Elle dit ce qu’elle a à dire puis se tait. À la surface de sensations confuses, on voit flotter un peu de cannelle voire de caramel, mais la vision est brève car la bouche s’éteint vite.
Les accords permis par ce jus semblent plutôt le diriger vers des mets peu relevés, ce qui n’est pas si fréquent pour un côtes-du-Rhône – une viande blanche marinée plutôt qu’une bavette relevée par du poivre de Voatsiperifery. Face à la soupe au pistou avec laquelle nous lui proposons de danser, il fait une moue dédaigneuse. Comme disent les adopteunmecoliques, y a pas eu match et, de base, c’est mais genre trop dommage de ouf.