Fruits de la vigne – Domaine de Courbissac – Les traverses 2021
Depuis dix ans, les Traverses constitue le pilier du domaine de Courbissac. Brunnhilde Caux et Reinhard Brundig ont créé cette marque en cultivant une dizaine de parcelles où se développent des vignes de 15 à 45 ans. Y sont cultivés trois cépages complémentaires :
- syrah,
- mourvèdre et
- grenache.
Le résultat peut être trouvé sur Internet autour de douze euros, hors frais de port.
La robe est intrigante. Elle associe
- le sombre et l’aguichant,
- le mystérieux et le solennel,
- la profondeur et l’appétissant.
Le nez est réjouissant. S’y mêlent
- l’acidulé du cassis,
- l’écho joyeusement dissonant d’autres baies qui auréole l’odeur prédominante, et
- la convivialité d’une fragrance entre fumée et cour de ferme – dit comme ça, c’est peut-être pas super sexy alors que le mix’n’match de ces pistes est fort bien fondu.
Le résultat évoque non pas une richesse intimidante mais une convivialité de bonne tenue, comme ces repas où l’on
- se tutoie,
- rit fort,
- dégaine le gros mot comme le maigre,
bref, où l’on ne rejette pas avec des cris d’orfraie l’éventualité de dire des choses concons ou quasiment intelligentes – si tant est que la dichotomie soit toujours applicable – ni d’employer le subjonctif imparfait ou l’apocope qui va bien quand l’occasion ad hoc se présente.
La bouche se concentre avec une belle compacité sur le cassis. Ni agressive ni mystique, elle se caractérise par
- son équilibre sans mollesse,
- sa douceur harmonieuse sans fadeur, et
- sa longueur persistante qui prolonge plus qu’elle ne surprend.
Le mariage avec des crépinettes de porc et des carottes au four est parfait pour profiter d’un dialogue convivial où mets et vin se complémentent voire se complimentent, et hop, en évitant de tirer la couverture à soi. La quille semble ainsi répondre à la question de Vénus Khoury-Ghata qui demandait : « Où va la lumière, la nuit ? » (in : Gens de l’eau [2018] suivi de Éloignez-vous de ma fenêtre, Gallimard, « Poésie », 2023, p. 96). Sans doute va-t-elle dans les bonnes bouteilles de rouges francs et cordiaux, afin que nous la buvions à de belles occasions et qu’elle nous éclaire
- les boyaux,
- la carcasse et
- l’âme, pour ceux d’entre nous qui en possèdent une (sinon, c’est plus difficile, mieux vaut regarder sur le Bon coin s’il n’y en a pas une à vendre, même d’occasion).