Fruits de la vigne – Agathe Bursin Dirstelberg 2021

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Photo : Rozenn Douerin

 

S’il y a des groupies du pianiste (ne pas hésiter à me contacter si le pianiste, c’est moi), elle, c’est la chouchoute du caviste Thierry Welschinger – et pas que de ce zozo puisque, depuis l’an 2000, son domaine a séduit grands connaisseurs et gros médias, donc grand public aussi. Agathe Bursin, c’est aussi l’un des vignerons qui sauvent le concept de gewurztraminer, ce projet flatteur que les Parisiens un rien naïfs (les Parisiens, donc) croient consommer dans des bouteilles frappées de ce mot à Scrabble mais contenant, en réalité, un sirop de sucre dont l’ingestion n’est possible que si, faute d’intraveineuse de vodka corsée, il faut bien ça pour supporter le baratin infatué que déverse tel imbécile de nos amis lors d’un repas aussi interminable que la présente phrase.
Pour accompagner un repas festif – ça arrive – associant un foie gras pas piqué des hannetons et un combo girolles-échalotes-oignons-sel de Guérande et poivre en gros grains, voici donc que nous nous laissons tenter par le Dirstelberg du domaine, version 2021. Il est vendu 21 € à la cave parisienne Mes accords mets vins ; on le trouve parfois à moins de 15 € hors frais de port sur Internet, avec un léger handicap toutefois : il est en général indisponible ou épuisé, un peu comme moi, donc, mais en plus liquide pour le moment.
La robe fait froufouter un jaune plus léger que paille. La teinte, unie et riche, est d’une excitante délicatesse.
Le nez nous évoque le beurre et la pomme au four avec un vague écho d’épices qui renforce notre gourmandise.
La bouche prolonge ce pari compoté. Nous restons dans la chaleur des pommes avec le petit plus Agathe Bursin : une intrigante pointe à la fois acidulée et épicée tirant sur le fruit rouge pour la note finale.
Le mariage est somptueux. Le vin trouve une place parfaite en ne luttant pas contre le plat mais en ne s’écrasant pas non plus devant lui. Il l’accompagne, au sens musical du terme, l’harmonise et s’harmonise avec lui comme si ce duo

 

essayait de capturer l’âme qui cogne aux murs, ne sachant où aller.
(Vénus Khoury-Ghata, Gens de l’eau suivi de Éloignez-vous de ma fenêtre, Gallimard, « Poésie », 2023, p. 209)