Elvin Hoxha Ganiyev joue les sonates pour violon d’Eugène Ysaÿe (Solo musica) – 1/6
Un jour, il faudra bien que les héritiers de Johann Sebastian Bach, selon une procédure bien connue des États soumis qui piochent dans les poches de leurs citoyens pour assouvir
- leur inclination lacrymale,
- leur goût pour la guimauve et
- leur plaisir de satisfaire les wokistes intéressés et les historiens grassement payés pour refaire l’Histoire
- (la France, c’est structurellement caca,
- De Gaulle, c’est génialement gentil,
- les blancs, c’est ontologiquement esclavagisto-andropèto-masculiniste),
payent pour le trauma que leur aïeul a infligé aux musiciens en général et aux compositeurs en particulier. Ce jour-là, les héritiers d’Eugène Ysaÿe toucheront une part du pactole, puisque le violoniste belge a eu envie de fomenter une partition pour violon seul – son opus 27 publié en 1923 – en écoutant Joseph Szigeti, dédicataire du premier numéro, jouer les sonates et partitas dudit JSB. D’autant que, sur les six numéros, quatre sont en mineur et les deux derniers en majeur, selon la nomenclature Bach. M’est avis que le délit d’emprise est établi.
Elvin Xhoxha Ganiyev, né en 1997, doté d’un Guarnieri et d’un archet d’Eugène Sartory, quoique soucieux de « diffuser la musique composée par des artistes issus des minorités » (en Turquie, ça ne doit pas manquer, sauf si on est du bon côté de l’intolérance…), remet sur le devant de la scène cette problématique grâce à son intégrale des six sonates publiée chez Solo musica. La première, en sol mineur et quatre mouvements, s’ouvre sur un « grave » ternaire floqué « lento assai ». L’interprète en rend la tension insensée voire impossible, entre
- graves, justement,
- aigus et
- dissonances.
La prise de son très proximale surroundolbyse, et hop, sans doute trop le projet – en soi spectaculaire – et la respiration du violoniste, mais ce choix technique ne rabat rien sur la virtuosité gourmande de l’interprète. Entre secondes et tierces, celui-ci travaille l’expressivité
- des intervalles,
- des changements de registres et
- des techniques d’attaques sollicitées.
Le fugato binaire joue sur le chromatisme frictionnant les doubles cordes, les logiques rythmiques sollicitant parfois les grognements de l’artiste (1’08).
- Travail sur les micro intervalles,
- expressivité des mutations d’intensité,
- malice de la polyphonie univoque et
- agilité spectaculaire
subliment la technicité impressionnante et néanmoins musicale du jeune interprète relevant les défis semés par son lointain collègue. L’allegretto poco scherzoso se veut « amabile ». Il défie
- l’unicité rythmique,
- la rigueur monodique mais pas le
- brio technique propre aux doubles cordes confrontées à la liberté discursive qui alimente le défi technique de la sonate.
Le finale con brio affiche
- énergie du propos (« allegro fermo ») et tonicité du développement,
- science de l’agogique et
- incroyable liberté technique dans les sixtes.
C’est
- très expressif,
- très brillant,
- très admirablement investi.
Pourtant, à ce stade, il nous manque, as far as we’re concerned, le p’tit truc qui fait que l’on n’applaudirait pas le premier de la classe mais, aussi, le mec qui nous fait vibrer. Vivement la deuxième sonate, sans doute !
À suivre…
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