(Ré)introduire mademoiselle Maya

  C’est l’histoire d’une fille qui existe et qui n’existe pas – du moins l’a-t-on longtemps cru. Personnage récurrent du Fil à la patte de Georges Feydeau, les titres de ses chansons émaillent la géniale pièce de théâtre. Pourtant, son existence a longtemps laissé toutes les expectatives ouvertes car, sur scène, on ne la voyait…

Guy Bovet joue Gregorio Strozzi (VDE-Gallo) – 1/2

  Double audace dont témoigne ce disque : d’une part, la musique pour orgue du dix-septième siècle supporte difficilement, à nos tympans modernes, une écoute continue ; d’autre part, comme le reconnaît l’interprète, Gregorio Strozzi traîne une réputation de “compositeur dilettante”, peu familier des règles de composition et griffonnant des mesures injouables au clavier, même…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 4/7

  Se demander si les études de Frédéric Chopin sont des œuvres artistiques ou des compositions didactiques, si elles visent à faire frissonner l’auditeur ou serrer les fesses de l’interprète, voire si elles ont pour objet d’éblouir l’âme ou de sidérer le spectateur est évidemment par trop dichotomique. Évacuer la question serait néanmoins inopportun tant…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 3/7

  Le deuxième cahier d’études de Frédéric Chopin a fait collection de surnoms pour caractériser chaque numéro de l’opus 25. “Harpe éolienne” et “Petit berger” ont ainsi voulu caractériser la première, à quatre temps (24/16) et en La bémol. Le charme harmonique de ces arpèges est ici serti dans un toucher d’une légèreté non contradictoire…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 2/7

  Oxymoron ou mot réversible, l’étude version opus 10 de Frédéric Chopin peut être aussi bien considérée comme un exercice de haute voltige proposé aux pianistes cherchant à perfectionner leur technique que comme les tentatives de “créer un monde nouveau encapsulé dans le piano” d’un jeune compositeur inspiré par la virtuosité des études de Niccolò…

Nicolas Horvath joue les premiers “nocturnes secrets” de Frédéric Chopin (1001 notes) – 2/4

  Récapitulons : après de nombreuses explorations dont l’intrigant “Debussy inconnu”, le nouveau projet de Nicolas Horvath, défriché ici, vise à faire découvrir des versions alternatives des nocturnes de Chopin déjà connus, et plus si affinités. La démarche consiste à interpréter d’abord un nocturne canonique (les œuvres sont proposées par ordre chronologique, même si celui-ci…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 1/7

  De même qu’Augustin Dumay nous expliquait qu’il avait choisi d’ouvrir le jury du concours qu’il présidait à des pianistes car “le violon n’est pas réservé aux violonistes” (retrouvez l’intégralité de notre échange ici), de même Herbert du Plessis  pose que, pour comprendre les Études de Frédéric Chopin, il faut revenir au violon puisque le…

Nicolas Horvath joue les premiers “nocturnes secrets” de Frédéric Chopin (1001 notes) – 1/4

  C’est sous la forme d’un polar que Nicolas Horvath présente sa chasse aux “nocturnes secrets” de Frédéric Chopin. Très riche, son livret piquera néanmoins sévèrement les yeux des lecteurs pointilleux , tant l’orthographe (“au grès de”, “mises à nue”, “Déborah Hayes” pour “Deborah”, “à ce moment là” sans trait d’union…), la conjugaison (“Robert Orledge…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 6/6

  Bonne nouvelle pour ceux qui ont survécu difficilement à la cérémonie LGBTQIAZERTY+ inclusiviste donc excluante d’ouverture olympique, plus consternante que choquante, plus affligeante que blasphématoire, et encore plus grotesque que daubée du fondement (et pourtant) : impossible de conclure un récital Chopin digne de ce nom sans une pièce brillante et clairement identifiée –…

Carlos Zaragoza et Kishin Nagai, “Five verses” (IBS) – 5/5

  Quand on se voit commander une pièce pour un examen final permettant d’obtenir un prix du CNSMDP, non seulement il ne faut pas hésiter à en demander beaucoup à l’interprète, mais c’est même une obligation absolue. Pourtant, régulièrement, des musiciens férus de musique contemporaine viennent puiser dans ces partitions à peu près injouables pour…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 5/6

  “Tout est relatif, comme disait Einstein qui était relativement pas con”, clamait Wally avec une once de lucidité. Ainsi des deux valses op. 64 qui encadrent le trio proposé par Irakly Avaliani, après la barcarolle, les nocturnes, la polonaise-fantaisie et les mazurkas et avant la polonaise op. 53. Côté dramatique : le compositeur a…

Carlos Zaragoza et Kishin Nagai, “Five verses” (IBS) – 4/5

  Voici une histoire sinon de vieux copain du moins de potager – celui que l’on cultive, que l’on habite, et que l’on quitte un jour (pour toujours) à l’instar d’autres qui plaquent leur arbre comme des saligauds ne sachant pas s’il est encore debout le chêne ou le sapin de son cercueil. Vincent David…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 4/6

  Au rayon musique, les sachants sachant s’adresser au grand public considèrent parfois Frédéric Chopin comme un gâteau multigoût, dont ils présentent les parts comme un camelot vanterait tour à tour son presse-agrumes miracle, son couteau incurvé idéal pour impressionner vos invités en découpant à la perfection vos melons – et je ne parle pas…

Carlos Zaragoza et Kishin Nagai, “Five verses” (IBS) – 3/5

  Voilà ! Avec Five verses d’Orlando Bass (œuvre audible en concert ce 16 juillet à la Chapelle des pénitents de Gap par Joonatan Rautiola au sax et Cyrille Lehn au piano), nous entrons dans le cœur battant, le money time et le momentum du disque élaboré par Carlos Zaragoza en compagnie de Kishin Nagai…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 3/6

  Après la barcarolle op. 60 et les trois nocturnes tubesques, faute de légitimité critique bien établie, on est allé quérir quelques épithètes de bon goût chez les Sachants pour évoquer la Polonaise-Fantaisie en La bémol de Frédéric Chopin, dont le storytelling rappelle qu’elle a été composée peu après que le lover a brisé là…

Théo Boulakia et Nicolas Mariot, “L’Attestation”, Anamosa – 1/2

  Un livre peut-il être d’autant plus intéressant que sa lecture est parfois ardue ? Peut-il traiter d’un sujet passionnant… et révéler que le plus passionnant n’est peut-être pas tant son sujet que la manière dont il s’en empare ? Après découverte du texte, voilà deux questions que pose L’Attestation. Une expérience d’obéissance de masse,…

Carlos Zaragoza et Kishin Nagai, “Five verses” (IBS) – 2/5

  Sera-ce le compositeur grâce auquel la musique presque récente est censée paraître supportable ? Après le disque fascinant de Rachel Koblyakov qui circonvenait ses auditeurs éventuellement frileux en glissant une sonate de Paul Hindemith avant des œuvres plus proches de nous mais pas forcément des auditeurs de Radio Classique, voici que Carlos Zaragoza et…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 2/6

  Après la barcarolle joyeuse-et-pas-que qui ouvre son récital Chopin, Irakly Avaliani n’hésite pas à – pardon pour ce jargon technique – envoyer du pâté, via trois nocturnes. En effet, nul n’ignore qu’il existe deux sortes de morceaux de musique : les hyperconnus et les autres. Les deux premiers nocturnes de l’opus 9 ressortissent sans…

Pierre Réach joue 9 autres sonates de Beethoven (Anima) – 8/8

  Incapable de nous quitter sur les adieux de la vingt-sixième sonate, Pierre Réach boucle le deuxième disque de son troisième et avant-dernier coffret Beethoven par la sonate opus 101 en La. C’est la fin d’une étape de 2 h 30 enregistrées en à peine cinq jours à l’auditorium Josep Carreras de la Vila-Seca devant…

Carlos Zaragoza et Kishin Nagai, “Five verses” (IBS) – 1/5

  Projet original, donc bizarre, Five verses (cinq couplets) rassemble cinq œuvres interprétées par le saxophoniste Carlos Zaragoza et le pianiste Kishin Nagai. Le pitch ne nous paraît pas super, super clair : il s’agirait de rappeler par l’exemple combien musique et poésie sont liées, quitte à supprimer le texte du Vieux coffret d’André Caplet…

Irakly Avaliani joue Frédéric Chopin – 1/6

  C’était encore un temps déraisonnable, en 2001 : des groupes spécialisés dans “le second œuvre technique” sponsorisaient des musiciens pour leur permettre d’enregistrer des disques. Ainsi de cet album Chopin fomenté par Irakly Avaliani au temple Cortambert de Paris, sur un Fazioli réglé par Jean-Michel Daudon et capté par Joël Perrot. Le groupe Balas…

Pierre Réach joue 9 autres sonates de Beethoven (Anima) – 7/8

  “Les Adieux”, un mauvais titre pour cette vingt-sixième sonate ? A priori, oui, puisque c’est aussi le titre du premier mouvement, ce qui l’empêche d’embrasser les deux autres (“L’absence” et “Le retour”). A posteriori, sans doute pas : ce côté claudiquant paraît insinuer que, fût-on membre de la famille impériale comme le dédicataire de…

Rachel Koblyakov joue toute seule (Orlando Records) – 5/5

  Roi du remix comme chacun sait, Pierre Boulez s’est souvent plu à développer des extraits de certaines de ses œuvres pour accoucher de nouvelles propositions. Ainsi de ces Anthèmes inspirés par un extrait d’…explosante fixe…, finalisé pour honorer une commande du concours Yehudi-Menuhin. D’un point de vue technique, selon l’analyse de Robert Pincikowksi,  …