« Cantique » by Estelle Revaz et Facundo Agudin (Neos) – 2/4

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Première du disque (détail)

 

Tant pis si le livret signé par le chef d’orchestre aligne des propos souvent assez verbeux pour paraître proches du délire – ainsi de cette présentation d’un « disque consacré à des œuvres inspirées par des peintures d’artistes suisses » dont on peine à comprendre le rapport avec Schelomo d’Ernest Bloch, objet de la présente chronique. C’est le problème du disque physique, dont la spécificité d’ajouter un texte au son devrait être la force mais est souvent la faiblesse.
Reste la musique – en l’espèce une rhapsodie hébraïque pour violoncelle et grand orchestre qui s’ouvre sur un lento moderato, « quasi cadenza ». Estelle Revaz en rend l’ambiguë souplesse

  • aux harmonies tourmentées,
  • aux aigus inquiets et
  • aux graves profonds.

Le tuilage entre soliste et orchestre dessine des espaces mouvants que soliste et collectif habitent avec fougue.

  • La ductilité du violoncelle,
  • la précision des synchronisations et
  • la polymorphie de la direction

donnent du souffle à la partition. L’auditeur ne peut qu’être captivé par les changements

  • de registres,
  • de couleurs,
  • de métriques et
  • de dispositif orchestral.

Nous voilà ébaubi par

  • la circulation du récit entre les pupitres,
  • la cohérence derrière les variations chromatiques, et
  • la richesse
    • de l’harmonisation,
    • du rythme,
    • de l’utilisation du violoncelle.

 

 

Si la partition éblouit par son inventivité puissante, la réalisation musicale n’est pas en reste, qui

  • nuance,
  • s’adapte,
  • miroite avec
    • science,
    • maîtrise et
    • musicalité.

Estelle Revaz est à son avantage dans un contexte où elle sait allier intimement

  • une virtuosité séduisante,
  • une intériorité poignante et
  • une poésie volontiers déchirante

tant le lamento est divers mais rarement absent de la musique d’Ernest Bloch.

  • La force de l’écriture orchestrale,
  • la justesse multiple de la partie confiée au violoncelle, et
  • l’investissement des musiciens

font de ce premier moment collectif du disque un éblouissant concentré d’émotions. Prochaine étape : Pitture, le concerto pour violoncelle et grand orchestre commandé par Facundo Agudin à Andreas Pflüger. Vivement !


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