Bob is alive
Incroyable kif au Backstage Montrouge à l’occasion du concert LukaSingsDylan où je tenais des claviers DeLuxe – un authentique Wurlitzer et un Nord C2D. Au programme :
- chansons anthologiques,
- salle idéale et, toujours espéré mais jamais garanti,
- public en feu.
Le projet LukaSingsDylan n’a rien d’un tribute de MJC.
- C’est d’abord le métier amoureux du verbe et du son qu’a accumulé un espoir d’Universal qui, quand la Grosse Boîte a viré sa cuti, a continué à tracer sa route avec ou sans l’aval des Décideurs (ceux que PierPolJak décrivait comme les zozos « qui’ont la science en musique »).
- C’est ensuite un désir de faire vibrer Dylan avec des musiciens, donc de faire musiques d’un répertoire de foufou, avec
- folk,
- rock,
- reggae et
- corazón ardiente.
- C’est enfin une envie de partager des vibrations avec un public où les fans originels se mêlent aux jeunes dans l’ambiance chaleureuse et improbable d’un concert voué à l’échec puisque cumulant trois promesses de four :
- les vacances,
- la finale de la Coupe du monde de rrrrru(g)by et, en prime,
- un soir automnal de pluie et de brouillard.
Le triomphe obtenu par Luka résonne fort car il marque la victoire – sans contestation d’arbitrage – d’une ambition radicale par sa non-radicalité :
- ne pas trahir Bob en faisant n’importe quoi avec son génie de chansonnier,
- ne pas trahir Bob en n’essayant jamais d’imiter ni son style – ses styles, en vérité – ni ses disques,
- ne pas trahir Bob en prenant son œuvre au sérieux et en tirant de ses chansons une envie de joie, de colère, de dépassement de cette médiocrité humaine qui nous attire vers le gouffre du commun, du stupide, du vulgaire.
Pour cela, Luka a choisi consciencieusement ses musiciens, en suivant sans le savoir la conviction de feu le chanteur Dio, qui disait :
Il y a deux choses qui me plaisent dans la musique – la musique et la camaraderie.
Sa section rythmique reste inchangée depuis l’origine, avec
- un batteur-choriste qui, en sus d’être le sosie potentiel de Bernard Lavilliers, ne fracasse pas ses fûts et ses soucoupes violentes mais les amène vers un mélange quasi vertigineux
- d’efficacité,
- de pulsation et
- de poésie (eh oui), tandis que
- Paul-le-bassiste, dissimulé derrière sa casquette, qui, sans en avoir l’air, insinue un grouve multimodal,
- ici lourd et sale à souhait,
- çà discret et pimpant,
- là tonique et impitoyable.
La star des accompagnateurs – ça fera bisquer ses collègues, à commencer par moi – n’a rien d’une star, hormis une compagne qui connaît tout sur le chocolat, mais je sais plus si c’est vraiment caractéristique des stars à strass. Certes,
- le bonhomme a un CV qui m’empêcherait de chausser du 47,
- il joue de l’harmonica non pas avec savoir-faire mais avec un mélange de technique subtile et d’intuition artistique,
- il a une personnalité artistique associant
- culture,
- intuition créativité et
- sensibilité à peine dissimulée qui claque sur scène, et
- il maîtrise une machine miracle qui attire tous les regards et époustoufle tous les spectateurs quand il adore Louxor pour couper, sculpter et remettre le son.
Et ce nonobstant,
- son talent inventif,
- sa gentillesse évidente (si, c’est une qualité dans ce monde de gros connards), ainsi que
- son envie de partage
rayonnent si fort qu’il emporte l’adhésion du public sans la garder pour sa petite pomme.
Pour le reste, comme chantait Benabar :
Et puis y avait moi, mais c’est pas pareil.