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La Camerata du Léman joue Ludwig van Beethoven (Cascavelle) – 2/2

Quatrième du disque

 

Après un concerto de jeunesse de Ludwig van Beethoven, le disque provocateur de la Camerata du Léman propose le premier mouvement d’une hypothétique Dixième symphonie. Cet extrait, articulé en trois séquences (andante, allegro, andante) a été élaboré par Barry Cooper. Son degré d’authenticité est faible mais varie selon la foi et l’appétit des auditeurs. Côté authentique, il est attesté que LvB aurait bien aimé griffonner une dixième symphonie. Il en a laissé quelques esquisses ; il en aurait même joué un bout au piano. Le reste est affaire de musicologie, entre

  • réalisation (orchestration et peaufinage de l’agencement thématique),
  • imitation idiomatique du compositeur et
  • fantasmes de mélomanes frustrés par la mort du vrai compositeur.

La question n’est donc pas « faut-il apprécier ce quart d’heure comme une œuvre posthume de Beethoven ? », la réponse étant évidemment non. Il s’agirait plutôt de savoir si l’on peut apprécier cet hommage comme un écho de l’œuvre réellement beethovénienne et comme un baume sur les regrets qu’elle ne soit pas encore plus étoffée. La Camerata du Léman argumente en ce sens associant

  • solennité des cordes,
  • soyeux des vents et
  • interprétation pénétrée.

La prise de son réverbérée imaginée par Jean-Daniel Noir sied à cette connexion entre petit comité et projet symphonique.

  • Le tempo – ni trop allant ni trop retenu – convainc ;
  • l’harmonisation s’amuse d’intervalles et d’effets d’attente alla Ludwig ;
  • l’orchestration est habile mais ne cherche pas à ébaubir.

 

 

Décidément, l’andante est joliment troussé. Une transition simple et efficace nous précipite vers un allegro en 6/8 propulsé avec cœur.

  • La circulation entre pupitres,
  • les changements d’effectif et
  • les mutations de couleurs

sont exécutés avec un goût et une cuisine instrumentale à la sapidité effectivement beethovénienne.

  • Tutti triomphants,
  • traits énergisants,
  • unissons habiles et
  • archets tremblants avec ou sans roulements de timbales pour le suspense

construisent l’intérêt de l’auditeur, souventes fois piqué par des contrastes d’intensité variés

  • (brutaux,
  • tuilés,
  • non univoques).

L’apaisement que provoque le retour à l’andante refait fleurir le parfum de nostalgie discrète qui baigne l’exercice.

  • Le frottement entre binaire et ternaire,
  • les ruptures-respirations,
  • les variations autour du thème principal

captivent et charment à la fois, entraînant l’auditeur dans une valse brève de la plus belle eau, dont la joie finit par se dissoudre dans un decrescendo réussi, à peine secoué par le topique pouët-pouët final. De la sorte, ce disque bref (moins de 45′) propose deux exercices de style réussis, dont l’aspect amusant est dépassé par les trouvailles des « reconstructeurs » et par la musicalité d’une interprétation vibrante. Le résultat, on l’aura compris, ne manque pas de séduction.


Pour écouter le disque gracieusement, c’est par exemple ici.
Pour acheter le disque, c’est par exemple .

 

Vincent Crosnier joue Pierre Cochereau

Grand orgue de la collégiale de Montmorency, avec un bout de Catherine Gouillard et de Mathieu Lours. Photo : Bertrand Ferrier.

 

C’est l’un des doubles poncifs les plus courus dans le petit monde organistique : Pierre Cochereau était nul en interprétation et il ne savait pas composer. La fête organisée en mémoire de Yannick Daguerre, organiste et compositeur, était l’occasion de fracasser un peu cette ritournelle fatigante en interrogeant la limite entre improvisation et composition (des improvisations de Pierre Cochereau ayant été fixées sur la portée par Jeanne Joulain), bref, entre joie du jaillissement éphémère et plaisir de la persistance – pour un hommage à un feu musicien, l’idée résonnait bien.
Vincent Crosnier, spécialiste de Jean Guillou mais pas que, a choisi trois versets parmi les treize restitués par Jeanne Joulain ; et ça donne ceci.

 

 

Corinne Kloska joue Brahms et Schumann (Soupir) – 1/2

Première du disque

 

Le nouveau disque de Corinne Kloska, en deux parties, s’ouvre sur les sept Fantasien op. 116, composées et éditées en 1892. Elles comprennent trois caprices et quatre intermèdes.
Le premier caprice, un presto energico en 3/8 et ré mineur, va à la fois tout droit et de guingois.

  • Contretemps,
  • triolets de doubles croches,
  • sursauts d’intensité

sont rendus sans faseyer par la pianiste.

  • Énergie,
  • aisance dans le phrasé des octaves,
  • justesse de la trilogie ritendiaccelerandia tempo

séduisent, même si le Fazioli réglé par Jean-Michel Daudon et capté par Joël Perrot nous parvient plus plat que rond, sans doute pour privilégier la netteté des contours au détriment du confort d’écoute. Le premier intermezzo commence par un andante en la et 3/4. Corinne Kloska en rend

  • l’oscillation,
  • l’hésitation et
  • le désir de suspension.

Surgit alors un « non troppo presto » en 3/8 où la verticalité du premier segment est remplacée par une ondulation aux clapotis forcément irréguliers. En émerge le ronronnement de l’artiste en plein effort émotionnel. Bah, un peu de vie derrière la performance, comment diable s’en offusquer – sinon, écouter les œuvres de Conlon Nancarrow, au demeurant souvent passionnantes ? Le retour de l’andante en 3/4 s’accompagne de la tentation

  • du mode majeur,
  • du double ternaire (trois temps + triolets à la main gauche) et
  • d’un lyrisme toujours fragmenté, presque répétitif, donc incapable de se développer.

Ce sont ces suspensions que met fort bien en ondes l’interprète. Le deuxième caprice, un allegro passionato en sol mineur et deux temps, est secoué par

  • de féroces unissons octaviés,
  • des chromatismes solides et
  • des modulations de tempo

qui, ensemble, construisent l’intensité de cette partie. Un passage « un poco meno allegro » en Mi bémol frictionne

  • le binaire contre le ternaire,
  • le calme contre la tension, ainsi que
  • l’impression d’un danger d’explosion et le souci de se contenir.

En restreignant la palette des nuances autour du forte, comme on resserre les dimensions d’un ring pour intensifier le combat, et en s’astreignant à une pédalisation assez généreuse pour réverbérer mais assez acérée pour éviter d’envelopper le discours dans une confusion brouhahatique de mauvais aloi, Corinne Kloska rend les paradoxes et complémentarités de la miniature avant que le retour de la partie A ne prétende conclure une lutte intestine en réalité insoluble.
Le deuxième intermezzo est un adagio en 3/4 et Mi. Il offre à l’auditeur

  • un double ternaire revigorant (3 temps + triolets),
  • une stimulante association entre binaire et ternaire, et
  • une incertitude rythmique que, sous les doigts de la musicienne, l’exigence d’expressivité, stipulée sur la partition, renforce sans surcharger.

La seconde partie surgit quand on aurait pu penser que l’intermède avait pris fin. Ainsi, une idée de l’énergie vitale persistante, révoltée, inarrêtable fût-ce de façon éphémère, sourd de cette étrange miniature dont la pianiste rend le mystère, notamment grâce

  • à son legato soyeux,
  • à son attention précieuse aux phrasés et
  • à sa capacité à penser le son (attaque, durée, résonance) plutôt que la rigueur chronométrique sans pour autant sombrer dans le relâchement.

Le troisième intermezzo est un « andante con grazia ed intimissimo sentimento » en 6/8 et mi mineur. D’énigmatiques deux-en-deux enjambant la mesure et faisant frissonner l’harmonie ouvrent le bal. Sans chercher à euphémiser l’originalité de la pièce, Corinne Kloska semble veiller singulièrement sur

  • l’articulation des phrases,
  • l’étagement des dissonances et
  • l’emboîtement des nuances.

On goûte la différenciation

  • des registres,
  • des touchers et
  • des accents

qui titille l’imagination et la curiosité de l’auditeur. Le quatrième intermezzo, en 3/4 et Mi, travaille lui aussi le rythme en subsumant la mesure à trois temps pour privilégier des séquences de six noires commençant sur le troisième temps. À cette instabilité rythmique s’ajoutent d’autres instabilités :

  • de tempo,
  • de tonalité et même
  • de mode, à en croire la partie centrale, doublement ternaire.

L’interprète tâche d’en rendre les charmes polymorphes en soignant

  • les nuances,
  • l’agogique et
  • la pédalisation.

Loin d’une interprétation onirisante, elle préfère une franchise à la fois pensée et volontiers directe. Cette absence de concession, en écho à la matité de la prise de son, se retrouve dans le dernier capriccio, un allegro agitato en ré mineur et deux temps. En témoignent

  • la tonicité sans fard,
  • l’efficience des attaques et
  • l’engagement personnel qu’extériorisent les grognements.

Les changements

  • de mesure,
  • de tonalité et
  • de couleur

donnent du relief et du grain à une proposition fantaisiste moins au sens de facétieux ou d’aérien qu’au sens de ductile et imprévisible. Si l’on peut, selon les moments,

  • apprécier telle option puis se laisser surprendre par telle autre,
  • rêver ici d’une vivacité plus franche ou d’une tendresse plus smooth,
  • fantasmer un abandon émouvant au lieu d’une exigence de précision,

la radicalité des choix et la souplesse esquissée dans cette première partie augurent d’une connexion prometteuse avec la Grande Humoresque op. 20 de Robert Schumann, qui fera l’objet d’une prochaine notule.

 

À suivre !


Pour découvrir d’autres chroniques sur Corinne Kloska c’est ici et .

Jann Halexander, l’art des nouveaux départs

Lord Phoebius lors du lancement d' »Ornithorynque » par Jann Halexander, le 13 septembre 2024 (Paris 13). Photo : Rozenn Douerin.

 

Il le promet plus ou moins à chaque fois : c’est la dernière date, le dernier concert de proximité, le dernier whatever. Puis il replonge, drogué jusqu’à la moelle. Accro aux concerts, Jann Halexander ne cesse de promener sa grande carcasse jamais contente de théâtres en appartements et de scènes partagées en projets inattendus.
C’est un cadre intime, dit « chez l’habitant », que le chanteur franco-gabonais a symboliquement choisi pour son premier concert de sortie d’album. D’aucuns y verraient un signe de lose, pour un artiste qui a enflammé le théâtre Michel avec son concert issu de la tournée Consolatio. Par chance, Jann Halexander se tamponne le coquillard des d’aucuns. Comme pour mieux inscrire sa chanson dans la vraie vie, la quotidienne, l’intime, la concrète, plutôt que de se produire sur une jolie scène francilienne marquant clairement la séparation entre le chanteur qui chante et les gens qui clap-clapent, il a réservé la primeur de son nouveau tour de chant, incluant une édition spéciale du nouveau disque, aux curieux qui avaient eu la chance de pouvoir réserver une place. Jann pratique la chanson cabaret, un mélange

  • de rive gauche et de liberté,
  • de poésie et de recette pop,
  • de mélodies et de goût pour la langue plus que pour le texte.

Au programme, comme à son habitude, du neuf, beaucoup de neuf, et du vintage revisité. Car Jann n’a pas le culte du passé, il a plutôt un côté ruminant : il aime le remâcher, le réinventer, le recréer. Jann n’a pas non plus le culte du présent, il a plutôt une conscience du flux : moins hic et nunc ou carpe diem que let’s go. Moins urgence du moment que conscience de l’instant donc de l’éphémère. Ses nouvelles chansons sont comme les anciennes, des fredonneries inscrites dans

  • une durée,
  • un prolongement, disons
  • une carrière.

Dès lors, il n’y a presque rien de saugrenu

  • à ses incartades,
  • à ses embardées dont on ne sait jamais si elles sont spontanées ou presque prévues,
  • à ses saute-moutons qu’il semble goûter plus que tout.

L’homme chante parce qu’un chanteur chante, et la nave va quand elle ne coule pas.

 

Jann Halexander lors du lancement d' »Ornithorynque », le 13 septembre 2024 (Paris 13). Au clavier : Bertrand Ferrier. Photo : Rozenn Douerin.

 

La set-list du concert de lancement se découpe en quatre parties. La première, clavier-guitare en renfort, égrène trois chansons bien connues des aficionados

  • (« C’était à Port-Gentil », sur son enfance gabonaise,
  • « Rester par habitude », autour de la pérennisation sinon de l’amour, du moins du couple, et
  • « Papa Mum », hymne au mélange identitaire célébré en son temps par des remixes efficaces)

avant une nouveauté, le contrasté « Miss Amelia », issu d’une inspiration littéraire comme, jadis, « Souvenir d’Hadrien ».
La deuxième partie, avec pianiste et sans la gratte de Claudio Zaretti, mêle la déclaration d’identité du « Mulâtre » à trois titres du nouveau disque :

  • l’amusant « Amie de ma mère »,
  • le très autobiographique « Ballade pour un enfant », coming-out d’un papa ayant depuis longtemps assumé voire proclamé sa bisexualité, et
  • le fabuliste « Ornithorynque », qui prolonge le « Mulâtre » en mariant poils et bec

(nous aurons prochainement l’occasion de revenir sur le dernier disque de l’artiste et d’évoquer plus précisément ces chansons).
La troisième partie accentue l’intimité entre le chanteur, qui s’empare du clavier, et son public, avant d’ouvrir le champ des possibles en convoquant Charlotte Grenat pour « Les gens qu’on aime » et « Je deviens de Différence ». La quatrième partie renvoie du pâté avec l’iconique « Poisson dans mon assiette », dont Jann Halexander accentue la noirceur explicite après d’autres versions où il insistait sur l’humour comme outil de dénonciation, et le lumineux « Soleil » de Catherine Ribeiro, chanteuse dont il arpente régulièrement le répertoire avec émotion. En bis, une reprise inattendue de « La Granvillaise », également disponible en version studio, trahit la constante recherche du musicien pour

  • ménager,
  • nourrir et
  • agrandir

la diversité de son répertoire… ainsi que sa capacité à embarquer avec lui un public métissé.
En conclusion, un concert à la fois maîtrisé et spontané, donc joyeusement foutraque par moments, donnant

  • du charme à la rigueur,
  • de l’imagination à l’indispensable et
  • de la fluidité aux exigences d’un tour de chant.

Pour prolonger cette évocation et écouter gracieusement voire acheter Ornithorynque, c’est par exemple ici.

 

Claudio Zaretti lors du lancement d' »Ornithorynque », le 13 septembre 2024 (Paris 13). Photo : Rozenn Douerin.

 

La Camerata du Léman joue Ludwig van Beethoven (Cascavelle) – 1/2

Première du disque

 

Tel un Nicolas Horvath cherchant des versions inouïes des nocturnes de Frédéric Chopin, nombre de musiciens

  • furètent dans les archives,
  • balayent sous les meubles et
  • explorent les moindres recoins

pour dénicher

  • qui une nouvelle œuvre d’un cador de la musique savante,
  • qui une révélation people sur tel compositeur,
  • qui une annotation d’un élève d’un maître de Radio classique susceptible de faire événement.

Dans cette veine, la Camerata du Léman propose avec un sens assumé de la provocation et dans un disque au minutage concentré (moins de 44′) de s’attaquer à deux pièces fantômes de Ludwig van Beethoven : un concerto de jeunesse et une symphonie en kit qui n’ont peut-être jamais existé. C’est le premier volet de l’aventure qui nous intéressera dans la présente notule.
Le « concerto n°0 » en Mi bémol est censé avoir été composé par un Beethoven de quatorze ans pour séduire – avec succès, précise André Piguet – le prince-électeur de Cologne. La partition a disparu. N’en reste qu’une réduction partielle pour piano, sur laquelle le musicologue Willy Hess a brodé pour obtenir, en 1943, une œuvre « reconstruite » de 26′.

 

 

L’ample Allegro moderato s’ouvre sur un dialogue entre harmonie et cordes. Sans chef, la Camerata n’en montre pas moins des qualités séduisantes d’emblée :

  • netteté des attaques,
  • caractérisation des échanges,
  • précision des ensembles.

L’entrée du piano permet néanmoins d’être certain que Philippe Boaron ne leur cèdera en rien.

  • Le geste digital est assuré,
  • la variété des touchers est remarquable,
  • le groove des accents se mêle efficacement à la fluidité des traits de doubles croches,
  • le swing des triolets et des deux en deux percute un discours sagement habillé de bariolages et d’interventions orchestrales de bon aloi.

Résultat : presque insensiblement, portées par une interprétation motivée que met en valeur la grande clarté de la prise de son signée Jean-Daniel Noir, sont mises sur pause les interrogations sur

  • la nature de cet objet sonore, beethovénien-mais-pas-que-loin-de-là,
  • la proportion de l’original dans la réinvention, ou
  • la pertinence historiographique de cette proposition
    • (hommage,
    • addendum,
    • exercice bien connu des cours de composition ou
    • pastiche).

On se surprend à se laisser aller, simplement, au plaisir d’écouter une musique à la fois rare et familière. C’est d’autant plus aisé et agréable que

  • l’énergie,
  • la tonicité et
  • les irisations d’intensité

ne faiblissent jamais. Une cadence habile laisse même briller à découvert le pianiste avant que ses complices ne claquent un finale promptement enlevé. Voilà qui est fort bien troussé !

 

 

Le Larghetto ternaire associe

  • cordes aiguës langoureuses,
  • cordes graves chargées du rythme et
  • vents oscillant entre tenues des cors et commentaires des flûtes.

Le piano devient oxymorique dans la mesure où il retient ses notes avec science et lâche des paquets de quadruples croches auxquelles s’ajoutent

  • trilles,
  • appogiatures et
  • mordants.

C’est de ce mélange d’explosivité élégante et de retenue paisible, rendu avec une grande attention par Philippe Boaron, que sourd (sans jeu de mots beethovénien, le doit-on préciser ?) notre intérêt. Pimentent l’écoute

  • triolets,
  • contretemps et
  • deux en deux.

Certes, l’on pourrait parfois être moins sensible à une écriture qui coche toutes les cases du topos beethovénien, manquant dès lors de la force de la surprise. Toutefois, ce serait une double faute de goût : celle – que l’on qualifiera de florenceforestique – de la dame qui ouvre une mousse au chocolat et s’aperçoit, dépitée, qu’elle est au chocolat (« je m’en doutais,mais ils auraient pu me surprendre ! ») ; et celle – que l’on ne qualifiera pas car elle n’est pas issue d’un sketch – du plaisir de l’ambivalence de ce genre d’œuvres de jeunesse, associant

  • moments familiers pour l’auditeur,
  • instants qui semblent un rien engoncés dans l’esthétique du mouvement lent de trop bonne famille, et
  • sursauts d’allégresse intérieure quand une trouvaille
    • rythmique,
    • mélodique voire (il y en a)
    • harmonique, justifie l’attention que nous portons au discours musical.

 

 

Le rondo final est un allegretto à deux temps lancé par un piano sautillant et goûtant aux joies du ternaire. En dialogue avec l’orchestre, Philippe Boaron tricote des saucisses avec une virtuosité tranquille. Willy Hess a activé de multiples modes duo entre le soliste et la phalange, par

  • confrontation (chacun investit le thème à sa façon),
  • complémentarité (l’orchestre accompagne ou est accompagné par la main gauche du pianiste) et
  • tuilage (les complices se refilent tranquillement la patate chaude).

Refusant de se laisser supplanter par le mec aux petits marteaux,

  • flûtes,
  • cors et
  • cordes

se révoltent, provoquant un brusque changement d’humeur ouvrant sur un thème presque bartókien, vite dissous dans le plaisir du ressassement du motif premier, qui aboutit à un finale manquant peut-être – à notre pas humble goût – de pyrotechnie joyeuse. Reste une proposition dont l’intérêt inégal n’obère en rien

  • la force de l’interprétation,
  • l’amusement que suscitent les topoi compositionnels hesso-beethovéniens, et
  • la légèreté roborative qu’inspire l’écoute de ce vrai-faux concerto.

Qu’en sera-t-il de la dixième symphonie ? Le suspense est insoutenable, soit, mais que l’on se rassure : il sera dissous dans une prochaine notule.


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Vincent Rigot, l’homme au grand chœur

Détail du visuel du concert (affiche : studio MA, photo : Bertrand Ferrier)

 

Ce n’était ni un anniversaire, sinon celui de mes dix ans comme organiste des offices de semaine à la collégiale, ni une cérémonie mémorielle avec les reniflements qui vont bien. C’était une envie commune d’adresser un coup de chapeau à Yannick Daguerre, compositeur et organiste fracassé en 2011 au début de sa quarantaine par ce truc qu’on appelle la mort.
Le projet : offrir une image kaléidoscopique d’un gars qui était à la fois un redoutable virtuose classique et un fieffé musicien, ce qui ne va pas toujours ensemble. Et le premier éclat qui a jailli, ce soir-là, remémorait sa capacité à faire sonner l’instrument dont il avait gagné l’accès sur concours, avec

  • solennité,
  • maestria et néanmoins
  • finesse.

Vincent Rigot s’est risqué à un revival de cet aspect de l’artiste en claquant un « Grand chœur dialogué » d’Eugène Gigout à faire zouker un clergyman anglais. La preuve ci-dessous.

 

 

“Les Brigands”, Opéra Garnier, 24 septembre 2024 – 2/2

Saluts des « Brigands », le 24 septembre 2024, au palais Garnier. Au premier rang, de gauche à droite, Adriana Bignani Lesca (la princesse de Grenade), Laurent Naouri (le chef des carabiniers), Rodolphe Briand (Pietro), Ching-Lien Wu (chef des chœurs), Stefano Montanari (chef d’orchestre), Marcel Beekman (Falsacappa) et Marie Perbost (Fiorella). Photo : Bertrand Ferrier.

 

L’histoire qui suit paraîtra vaguement inspirée par le livret d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy pour Jacques Offenbach. Toute coïncidence n’est pas fortuite puisque c’est lui qui a suscité ce remix réécrit par

  • Antonio Cuenca Ruiz pour les dialogues parlés,
  • Sandrine Sarroche pour un hors sujet et
  • Barrie Kosky pour la mise en scène.

Soit donc, pour ouvrir l’opéra dans une esthétique de bar à putes, une religieuse et ses danseurs. C’est ainsi qu’apparaît Ernesto Falsacappa, le chef des brigands, déguisé en Harris Glenn Milstead, aka Divine, drag vedette des États-Unis (merci Charles Derlincourt pour la référence), ici chanté et joué par Marcel Beekman. À peine la farce liminaire effacée, il ou elle boit une cannette – c’est dire si la dramaturgie s’annonce finaude. Pour éviter de s’escagasser, on tâche de se concentrer sur la musique. Dans un théâtre redoutable pour les gosiers et bondé jusqu’au fond des loges, Marcel Beekman n’éblouit pas par la puissance de sa voix et a l’intelligence de ne pas chercher à surenvoyer. De fait, en dépit d’une direction d’acteurs qui le pousse plus vers un personnage de la cage aux folles que vers celui du grand chef en délicatesse avec ses hommes et sa fille (ce qu’il est censé être),

  • la justesse,
  • les intentions et
  • l’effort de diction

sont louables. L’orchestre, sous la baguette de Stefano Montanari, suit les breaks et les changements d’atmosphère avec fluidité. Tandis que Falsacappa est censé fomenter un gros coup et sollicite pour ce faire sa fille Fiorella (Marie Perbost), ladite fille se retrouve entourée de gogo danseurs en slips. Est-ce l’effet, éventuellement cumulé,

  • de  l’incongruité scénique,
  • d’une prononciation qui s’efface derrière l’enjeu musical ou, très probablement,
  • d’une acoustique déformée pour nous qui sommes engoncés dans une loge de face ?

Le résultat est là : nous ne comprenons presque pas un traître mot aux premières interventions de Marie Perbost. C’est encore plus confus pour son crush, le Fragoletto d’Antoinette Dennefeld, qui semble chercher ses marques, ce qui est compréhensible pour une deuxième représentation. Si l’on s’en tient à la seule musique, la vue de l’oreille – et hop – est meilleure.

  • Les voix sont belles,
  • l’orchestre est attentif à nuancer, et
  • les chanteurs – solistes ou artistes de chœur – font leur possible pour sauver ce qui se peut de l’opéra en exécutant avec force et sensibilité leurs
    • airs,
    • ensembles et
    • changements de ton.

Rodolphe Briand paraît même s’amuser de devoir se dépatouiller avec un Pietro, bras droit de Falsacappa, que les costumes de Victoria Behr ont affublé d’un T-shirt résille et d’une casquette, accoutrement post-Freddie Mercury sans doute fort recherché dans le Marais, le vendredi soir venu, mais dont la pertinence paraît ici aussi grande que la nomination d’un ministre pour la cohésion des ministres dans un gouvernement de crise. Les artistes essayent bien de jouer, voire essayent de jouer bien ; seulement, ils ne peuvent qu’être tiraillés entre les choix de Barrie Kosky et ce qu’ils sont censés chanter et dire, les deux ne matchant guère. Pour les aider, Antonio Cuenca Ruiz propose des dialogues parlés allant dans le sens plus koskyen que coquin. C’est

  • parfois mauvais,
  • fréquemment plat et
  • souvent nullissime.

Ainsi, la consensuelle ridiculisation de l’antisexisme, pour expliquer que dénoncer le wokisme est entre méchant et facho, trop plate, ne fonctionne pas. Falsacappa, définitivement regenré par le metteur en scène, est accoutré comme une tenancière de bordel cheap pour touristes de banlieue marseillaise s’égaillant à Pattaya pour s’égayer. Sur scène, les brigands se préparent à festoyer, au point que Rufus Didwiszus sort les grands moyens, en l’espèce un rideau représentant la montagne, wow. Pour son initiation, Fragoletto, ancien banquier tombé en amour de la fille du malfrat, se retrouve en

  • culotte,
  • T-shirt et
  • tatouages

mais, heureusement, surgissent (trop tard, comme le veut leur fonction) les carabiniers menés par Laurent Naouri pour nous réjouir d’un tube de Jacques O. On en avait bien besoin, ce dont témoignent paradoxalement les copieuses huées qui accompagnent le baisser de rideau.

 

Décor final de Rufus Didiszus (détail). Photo : Bertrand Ferrier.

 

L’acte deuxième, ouvrant la seconde partie, décompose un décor entre des tentures figuratives et une estrade type café. C’est que, dans l’auberge, un piège est en préparation pour permettre aux brigands de récupérer les trois millions grâce auxquels le duc de Mantoue (Mathias Vidal) achètera et épousera la princesse de Grenade – d’où l’idée que Fiorella, pas indifférente au duc, remplace la vraie princesse. Les dialogues parlés atteignent un niveau à faire pâlir les griffonneurs du Miel et des abeilles (« Allez, on se sort les doigts ! »). Back to strategy : la musique, malgré tout, nous permet d’apprécier un premier chœur fort bien troussé par des brigands déguisés en mendiants. Falsacappa a opté pour une robe brillante résolument drag, c’est à la fois

  • vilain,
  • vulgaire et
  • saugrenu,

un combo qui n’est pas un mince exploit. La série de substitutions s’engage : les mendiants redeviennent brigands, puis se transforment en marmitons, gens de Mantoue et envoyés de Grenade. Jacques Offenbach, puissamment inspiré, mêle avec métier les dispositifs vocaux.

  • Duos,
  • trios,
  • ensembles,
  • airs avec ou sans le chœur

se succèdent, s’entrechoquent et se tuilent avec bonheur. Marcel Beekman se bat comme un beau diable pour faire pétiller malgré lui le naufrage scénique. Il incarne son personnage autant que le faux sens volontaire de Barrie Kosky le lui permet, s’amusant à réussir jusqu’aux voix contrefaites comme celle de la voyageuse. Le baron de Campotasso de Yann Beuron est solidement campé :

  • timbre souple,
  • aisance scénique,
  • interactions convaincantes avec les collègues.

Hélas, la production ne cesse de ramener le spectacle vers le bas. Les gags fomentés par le dramaturge Antonio Cuenca Ruiz clapotent dans le graveleux itératif. Rodolphe Briand se fait tripoter des nichons symbolisés par des louches (avec un « o »), enough said ou presque, car on ne peut passer sous silence la fausse résurrection des Ménines, avec

  • princesse noire aux grotesques cheveux en plastique,
  • chevaux de bois, à roulettes et avec têtes en peluche, et
  • praticables mobiles pour figurer la religion.

D’où nous sommes, le grand air du comte de Gloria-Cassis, interprété par Philippe Talbot, manque de puissance et de graves, mais l’élégance du timbre empêche de résister au plaisir de se souvenir que « y a des gens qui se dis’t Espagnols et qui n’sont pas du tout Espagnols », évidemment ! Quand arrivent les carabiniers, ils sont évidemment en vestes et slips, sans doute parce qu’il était difficile d’exiger d’un Laurent Naouri, tout joyeusement investi dans son personnage qu’il soit, de montrer sa bistouquette, même si la performance, fût-elle exécutée par une des grandes figures lyriques hexagonales, n’aurait certes pas déparé dans la vulgarité ambiante. Marie Perbost semble avoir trouvé son rythme puisque, pour chanter son amour, elle claque un très réussi « Vraiment, je n’en sais rien, madame » avec

  • l’intensité indispensable,
  • les aigus impeccables qu’exige la partition et
  • une remarquable synchronisation avec l’orchestre.

Puis la vie reprend ses droits : on repousse l’autel sur roulettes, Falsacappa arbore une robe à paillettes sans coiffure, et les carabiniers reviennent sur leur chevaux de bois avec la gueule de bois itou et des lunettes de soleil. Ô apothéose !
Avant l
e troisième acte, pendant le changement de décor, un clown vient passer l’aspirateur en avant-scène, remportant un triomphe flattant le mépris pour les spectateurs de la bande à Kosky. Puis, pour fêter l’EDVG du duc de Mantoue, des moinillons et des religieuses à cornettes dansent avant qu’Antonio-le-caissier ne soit regenré à son tour, au profit de Sandrine Sarroche, qui lit le monologue versifié – digne des pires heures du festival de Montreux, et c’est pas ça qui manque – qu’elle s’est écrit pour « le palais Barnier » avant de pousser la chansonnette devant des danseurs en boxers.
Slips à paillettes et chaussures de drags sont re-de sortie, sous l’œil du chœur où l’on reconnaît Luca Sannai et Marie Saadé, aux premières loges. Quand l’éclairage d’Ulrich Eh joue à « c’est votre dernier mot, Jean-Pierre » pour animer le happy end, on

  • lâche l’affaire,
  • arrête de prendre des notes et
  • essaye de se reconcentrer sur la musique – à force, c’est pas si simple.

En effet, une fois de plus, sur la scène des opéras nationaux de Paris, l’œuvre a été polluée sans vergogne par des paltoquets malaisants, transformant une soirée propice à la joie et aux rires en moments de consternation et de soupirs. Face à cette machine à broyer du plaisir pour produire de la déception,

  • la partition,
  • la prestation de l’orchestre et
  • le désir de bien faire des chanteurs, solistes ou choristes,

ne peuvent pas grand-chose, en dépit du roboratif et brillant florilège final. Souhaitons aux prochains spectateurs une grève des techniciens, qui leur permettrait d’entendre l’opéra sans subir sa déplorable traduction scénique. Resteraient, il est vrai, les parties parlées, grotesques et lourdaudes, mais une partie des nuisances serait déjà évacuée, en attendant que « quelqu’un tourne l’interrupteur des étoiles », selon l’expression de Luis Buñuel (in : Le Chien andalou et autres textes poétiques, trad. Jean-Marie Saint-Lu [1995], Gallimard, « Poésie », 2022 p. 129).

 

Elle est revenue

Mademoiselle Maya et son pianiste au théâtre du Gouvernail (Paris 19), le 21 septembre 2024. Photo : Patricia Nevertal.

 

Ils sont venus, ils étaient tous là (du moins tous ceux qui avaient pu se faufiler dans le coquet théâtre parisien du Gouvernail) pour saluer le retour de la divette, mademoiselle Maya en personne ! Après plus d’un siècle d’hibernation et plusieurs mois sans apparition publique, la chanteuse célébrée par Georges Feydeau dans Un fil à la patte a rouvert son petit salon pour partager, avec sa naïveté désarmante, les lettres et fredonneries écrites pour elle par les plus grands auteurs et compositeurs de la fin du dix-neuvième siècle. Archéologues du spectacle, Charlotte Grenat et Jean-François Varlet ont reconstitué

  • sa vie,
  • sa personnalité et
  • son répertoire

à partir des traces laissées par le bon Geogeo dans sa piépièce. Cette série de chansons « à la manière de » fait preuve

  • d’une créativité,
  • d’une habileté et
  • d’une variété de styles

palpitantes, tandis que se glissent, entre deux envolées vocales, l’évocation d’épistoles adressées à mademoiselle Maya par les écrivains les plus émoustillés de son temps. Le triomphe parisien qui a salué la performance de Charlotte Grenat laisse augurer du meilleur pour les deux représentations programmées à Bordeaux. Avec vous dans la salle serait un plus positif !

 

Les prochains salons de mademoiselle Maya sont délocalisées à Bordeaux !

 

Irakly Avaliani joue Piotr Ilitch Tchaïkovsky (Intégral) – 3/3

Quatrième du disque

 

En février 1886, Piotr Ilitch Tchaïkovsky honore une commande qui prend la forme d’une rêverie sous-titrée « Scène rustique russe ». C’est sa célèbre Dumka en ut mineur que choisit Irakly Avaliani afin de compléter le programme ouvert par Les Saisons. L’andantino cantabile s’ouvre sur un prélude paisible.

  • Arpèges tranquilles,
  • économie de notes et de décibels, mais aussi
  • exposition de motifs plus rythmiques que mélodiques (noire pointée + deux doubles descendantes, croche pointée + deux triples en guise de faux mordant)

distillent une atmosphère retenue dont l’interprète rend l’énigmaticité sans surjouer le mystère ou le suspense suffisamment exprimé par le texte

  • (répétition des mêmes brèves séries descendantes,
  • allègement puis extinction de l’accompagnement,
  • allongement de la mesure passant provisoirement de 4/4 en 3/2).

Le thème s’affirme au ténor, en sandwich entre le clapotement obstiné de la main droite et l’harmonisation sans fanfreluche du reste de la main gauche. L’enrichissement du propos passe par

  • l’investissement des différents registres du clavier,
  • la circulation du thème du grave à l’aigu, et
  • la suspension joyeusement frustrante du discours dans le suraigu.

 

 

« Con anima », la section suivante frotte entre eux les silex

  • d’un staccato décidé,
  • d’ornements légers et de triples croches-tremplins pour le thème, efficaces comme des lanceurs sur un porte-avion, ainsi que
  • d’accords que le pianiste parvient à rendre pesante (c’est la rusticité et la partition qui l’exigent) sans les enduire d’une couche pataudo-lourdaude qui serait topique et superfétatoire.

Sous des doigts caméléons, l’auditeur se réjouit des

  • contretemps,
  • accélérateurs
    • (traits,
    • rythmes pointés,
    • sextolets…) et
  • suspensions presque rhapsodiques

 qui égayent la rêverie.

  • Modulations,
  • changements de registres et
  • cadence virtuose

conduisent à un « moderato con fuoco » se gobergeant

  • d’octaves,
  • de jaillissements et
  • d’échos.

En émerge un andante tout en triples croches. Sa fougue déborde tant que, même « meno mosso », l’interprète brille par sa capacité à

  • faire de la musique plutôt que du bruit,
  • captiver l’auditeur par sa capacité à conduire l’écoute plutôt qu’à chercher à impressionner,
  • rendre la fluidité de la rêverie plutôt qu’à la saucissonner pour forcer les contrastes.

Le retour au calme rend sa paix au rêveur en revenant

  • au silence,
  • au premier motif et
  • aux nuances médium

à peine troublées par le double fortissimo final, surprenant comme un réveil voire réveillant par surprise le mélomane qui aurait succombé aux charmes de la somnolence.

 

 

En guise de bis, Irakly Avaliani choisit la sixième pièce de l’opus 51 : l’affriolante « Valse sentimentale » en La bémol, dont le compositeur prend soin de préciser qu’elle se doit jouer au « tempo di valse », bref. Expressivité et douceur sont exigées et au rendez-vous grâce à

  • la délicatesse du toucher (mélodie et accompagnement),
  • la subtilité de l’agogique (l’élargissement ou le resserrement de la mesure exigeant
    • modération pour conserver l’efficacité du procédé,
    • à-propos stylistique pour éviter le sentimentalisme Stabylo et, par contraste,
    • régularité du beat de valse) ainsi qu’à
  • la précision des nuances.

Le « tranquillo » central ne l’est pas longtemps. Le voici secoué par

  • les octaves (d’abord à gauche puis à droite),
  • l’élargissement des hauteurs (en clair, tandis que grondent les graves jusqu’à présent discrets, apparaissent des notes aiguës jamais ou rarement ouïes) et
  • l’accélération du tempo dans un « più presto » énergisant.

Irakly Avaliani excelle à tuiler ce tourment avec l’apaisement qui accompagne le retour de la section liminaire. Ainsi apprécie-t-on, tout au long d’un disque qui semble comme synthétisé dans ce bis moins spectaculaire qu’intense, sa capacité

  • à caractériser chaque atmosphère,
  • à les assembler de façon multiple
    • (glissement de l’un à l’autre,
    • collage,
    • frottement disjonctif – si, si – quand les mains expriment deux intentions différentes) voire
  • à les associer par le soin apporté

    • à la disposition des nuances,
    • au travail sur le rythme,
    • au choix des touchers et
    • à la construction des phrasés.

De la belle ouvrage qui donne envie, dans une prochaine notice, de se pencher sur un autre jalon de la discographie de l’artiste – probablement son disque Johann Sebastian Bach. C’est donc fini et à suivre cependant !


Pour écouter tout le disque gratuitement, c’est par exemple ici.

 

En route !

Près de Rambouillet, le 17 septembre 2024, avec Utopie du Paradis des Edelweiss et Diabolo. Photo : Rozenn Douerin.

 

C’est une idée devenue envie puis désir. Pas évidence, ce serait prétentieux, mais désir : enregistrer un nouveau disque après le double CD 44 ou presque, disponible ici en physique et en streaming. Première étape, le choix du studio donc des grandes lignes artistiques et techniques. C’est fait.
À venir, le choix des chansons donc les invitations aux musiciens et aux collaborateurs extérieurs

  • (identité graphique,
  • formalisation matérielle,
  • techniciens artistes).

Le tout sans

  • directeur artistique ayant la Sagesse,
  • patron de label ayant le Pognon,
  • manager ayant la Science (prononcer sailleunece).

Non, seul donc à plusieurs, improviser, formaliser, budgétiser (faut bien…), motiver, inventer, essayer des TRUCS, faire les CHOSES le plus mieux à la bien possible et, peut-être, un soir, tous, vous compris, se revoir grâce à ce prétexte en gestation. Le processus est lancé.