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Bouts de truc, 002

Lucidité de la justice.
« “Plusieurs personnes équipées d’armes longues et cagoulées ont bloqué Victor Ribeiro et ont fait feu à plusieurs reprises. Il est décédé immédiatement”, a déclaré le procureur de la République, Dominique Alzéari, ajoutant : “C’est manifestement un assassinat.” » (Métro, 21 novembre 2012, p. 8)

Ce que dit une photo

Photo : Jean-François Dalle. Dédicace de « L’Homme qui n’avait pas de chat » à L’Autre Salon (Paris 4),
dimanche 18 novembre, avec Pascale Goze (éditions Lunatique).

« Mon Dieu, préservez-moi des manuscrits et des auteurs. Ceux qui veulent publier. Ceux qui veulent encore publier. Ceux qui ont déjà leur trilogie de huit tomes toute prête. En plus, si vous êtes vraiment fort, trouvez-moi un travail épanouissant, un canapé Chesterfield et des tonnes de lecteurs. Soyez cool. Pardon, I meant amen. »

Cité de la musique, 20 novembre 2012

Peut-on écouter de la musique savante d’aujourd’hui sans être un musicologue averti, et en espérant ne pas être qu’un gros con de snob qui pue du cul ?
Chaque concert de ce genre, pour le semi-ignare, incite à réactualiser la question de la légitimité de son écoute, question qui n’est donc pas réservée aux caricaturaux beaufs ou p’tits Rebeus venant entendre le Boléro de Ravel sous la houlette vigilante de dames du CDI et de mamans aux sourcils froncés. Suis-je légitime à entendre ce qui va être joué (en clair : de quoi c’est qu’est-ce qu’il s’agit ?) ? Comment puis-je estimer la qualité de pièces où même les repères auxquels je suis habitué sont brouillés (en clair : n’est-ce que du foutage de goule ?) ? À quels indices vais-je rattacher mes critères de jugement, sur quels stimuli mon attention va-t-elle se porter, bref, vais-je tenir le coup ? L’erreur majeure consisterait à chercher de l’aide dans le programme chichement distribué par les hôtesses. Ils donnent le déroulé de la soirée, mais aussi des explications fumeuses sur ce que l’on va entendre. C’est plus rigolo qu’éclairant.
Il vaut donc mieux se contenter du plaisir de l’incertitude, de la découverte et de la curiosité pour des sons inattendus, des créations variées et des questionnements qu’elles suscitent. Et de fait, les concerts de l’Ensemble intercomporain qui s’y tiennent sont souvent stimulants, pour peu que l’on veuille y prêter l’oreille. Ce n’est pas une question de foi (« si c’est de la mousique contemporaine, c’est sourement génial, sourtout si ça semble de la mierda ») : ainsi, même avec toute la bonne volonté du monde, même en faisant crédit de sa sincérité au créateur, je n’ai jamais entendu les savantes constructions mathématico-déstrouctourées que nombre de compositeurs, dans leur notes d’intention, affirment avoir concoctées. Ce nonobstant, les événements, les contrastes, les sonorités, l’inouï proposé avec un instrumentarium classique (cordes, vents, cuivres, etc.) et enrichi notamment de percussions, intriguent le béotien de bonne composition (ha, ha) et, parfois, lui procurent, souvent, une joie d’écoute d’autant plus forte qu’elle n’était pas assurée – en tout cas, moins que lorsque l’on connaît déjà, plus ou moins, l’œuvre que l’on vient entendre.
Pour preuve, le concert donné le 20 novembre, dans une Cité de la musique archi-comble, par l’Ensemble intercontemporain, avec le renfort d’élèves en percussions et ondes Martenot du CNSMD de Paris, sous la direction de Susanna Mälkki, toujours très assurée. Avec une originalité : la scène était déplacée, de manière à permettre au chœur d’hommes de se positionner en surplomb, dans les tribunes. La première partie s’ouvrait par Ionisation d’Edgard Varèse, 7′ partagées par 13 percussionnistes, entre dialogues posés et fureur brusque qui s’évanouit. S’ensuivaient trois mouvements de Speicher d’Enno Poppe (photo) fresque de 30′ où les vedettes changent à mesure que les parties s’enchaînent – tantôt les flûtes variées, du piccolo à la basse, qui ouvrent le bal, tantôt les cordes qui s’interrogent, se répondent, tantôt les cuivres qui viennent faire écho au propos liminaire. La variété des atmosphères, le surgissement et l’audibilité de quelques thèmes ou rythmes récurrents (au sens où on reconnaît quelques thèmes et rythmes) permettent de vivifier l’écoute et d’agiter les neurones avec plaisir.
La seconde partie débutait par la diffusion du Poème électronique pour bande magnétique d’Edgard Varèse. L’intérêt principal était d’entendre cette accumulation d’événements sonores (percussions, vocalises, bruitages, déformations…) dans l’espace, c’est-à-dire au travers de hauts-parleurs répartis dans l’ensemble de la salle. Suivait drawing tunes and fuguing photos de Benedict Mason, présent ce soir-là pour la création mondiale de sa pièce de 12′. Je ne suis pas sûr d’avoir pigé un broc de sa note d’intentions (« je ne suis pas contre la musique, mais je n’ai aucune affinité avec son côté boyau de chat ») ni d’avoir été digne d’écouter cette pièce apparemment gorgée d’auto-citations et d’hyperprivate jokes (« les auditeurs remarqueront de brefs échos de Hinterstoisser Traverse, de la section Roo Hunt de SEVENTH, de mon Quatuor à cordes n°2 et de criss-cross » hum, tu vas me trouver sec, mais, pour ma part, non). Pourtant, c’est assurément la pièce la plus « facile » de la soirée, avec des accents de cordes quasi mélodiques (sera-ce cela, l’extrait du Quatuor ?), mais aussi de la tension, une belle part accordée aux vents, et des cuivres ponctuant en renfort le tout. Le concert poursuivait avec #9 de Mauro Lanza (le titre fait référence à Revolution #9 et à la mort supputé de McCartney – la musique, moins). Avec un effectif et une durée similaires, le compositeur, présent lui aussi dans la salle, parvient à guider l’auditeur dans un cheminement alternant surgissements et pauses lancinantes. D’approche moins mélodieuse que le morceau précédent, celui-ci attire néanmoins l’attention et complète utilement ce concert en proposant d’autres pistes d’exploitation de l’orchestre. Pour l’un comme pour l’autre, on apprécie la précision des attaques, l’implication des musiciens (Hidéki Nagano, impressionnant de concentration), la beauté des sons (j’avais écrit « pianos des clarinettes », mais j’ai peur que ça paraisse un peu bizarre, comme formulation), la variété des timbres obtenus par les percussions…
Autant de qualités moins sensibles chez les basses du Choeur de Radio-France, dirigées par Denis Comtet, dont le service n’était pourtant pas si terrible : elles n’intervenaient que pour la fin d’Ecuatorial d’Edgard Varèse qui concluait, en 11′, le programme. De nombreux décalages internes au choeur, il est vrai dans un difficile exercice d’unisson, semblent se faire entendre. Toutefois, l’auditeur est surtout saisi par l’effet massif, spectaculaire, de la pièce, appuyée sur huit cuivres, un piano, un orgue (un synthé, en fait, mais bon), deux Ondes Martenot, six percussionnistes et donc une masse basse, ha-ha. C’est très efficace, et cela conclut avec force un concert qui confirme la capacité de l’Ensemble intercontemporain à construire des programmes palpitants, qui mettent en joie les papilles auditives venues goûter aux charmes acidulés de la production actuelle.

Nous avons rendez-vous

Concert à l’Harmonie Café, 9 novembre 2012. Photo : Jacques Maréchal (www.pixures.be).

Ce soir, dernier concert de chansons pour novembre. L’occasion de se retrouver aujourd’hui, à 20 h pétantes, au Connétable (55, rue des Archives / 75003 / M° : Rambuteau / Entrée libre). Partager ces soixante-dix minutes de chansons avec vous serait un pouce levé.

Bouts de truc, 001

« Libération – Vous semblez plutôt optimiste sur l’état du monde.
Salman Rushdie – Je ne suis pas sûr, ça dépend de l’heure de la journée. »
(Libération, 16 novembre 2012, p. 5)

Dédicace dominicale et parisienne

Aujourd’hui, je dédicace L’Homme qui n’avait pas de chat (édité sous une très belle forme parallélépipédique quasi veloutée chez Lunatique) au Salon des éditeurs indépendants (48, rue Vieille-du-Temple / 75004 / M° : Hôtel de Ville). RDV entre 14 et 17 heures. Entrée « libre et gratuite ». Rens. ici. Vous y entrapercevoir serait un moment pouce en l’air.