Best of colloque international « Cinéma et littérature »
Qu’est-ce qu’un colloque ? Un endroit où des gens prononcent des phrases qui ont parfois du sens in situ mais qui surprennent hors contexte, au-delà même des astuces visant à parler le plus longtemps possible (au bout de 5’/20 autorisées, on déclare : « Je voudrais commencer ma communication » ; au bout de 20’/20, on annonce : « Je vais terminer par trois exemples » ; au bout d’une demi-heure, on lâche : « Enfin, je voulais ajouter, avant de conclure », etc.). Surgissent de la bouche des communicants et des spectateurs, pendant les exposés comme pendant les « débats », des emballements liés à la fougue de l’oralité, des expressions incontrôlées, des trouvailles étonnantes, des professions de foi peu étayées par le raisonnement, des formulations témoignant de la joie universelle de jargonner un brin, des étrangetés amusantes… Par réflexe, je note ces miscellanées, quelquefois épicées par les embardées des interprètes. Et, cette fois-ci, lors du colloque « Fiction littéraire et cinéma » organisé à Carthage par l’Académie tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts, j’ai notamment graffité ceci.
- « Comme disait le poète, le roman est un miroir avec lequel on se déplace le long d’une route. »
- « Le cinéma et la littérature sont les moyens par excellence d’expression de la souffrance et de la détresse humaine. »
- « L’iconologie essaye d’étudier les différentes interférences entre les différents genres d’expressions. »
- « Ici, je pense surtout au grand roman de García Marquez, Un siècle d’isolement. »
- « Le cinématisme est un langage offrant une modalité d’expression très précieuse. »
- « Le cinéaste doit-il résister à des pressions extérieures qui ne peuvent être combattues ? »
- « Quand on lit un livre, on voit beaucoup mieux ce qu’on lit qu’au cinéma. »
- « Comme dit Blanchot, le roman va toujours vers un focus, et c’est au lecteur de chercher ce focus pluriel. »
- « La littérature est née parce que l’œil qui voyait a commencé à écrire. »
- « Les romans, depuis Nathalie Sarraute, vont dans le sens du cinéma. »
- « Le romantisme veut préserver l’amour jusqu’à la mort, comme on le voit dans Tristan et Iseut. »
- « Quand je parle de généalogie, c’est un peu fanfaron de ma part. »
- « Jean-Paul Sartre, dans L’Imaginaire, étudie l’imaginaire. »
- « On sait tous que Proust a produit beaucoup d’images littéraires. »
- « Chez Proust, l’image mentale fonctionne comme un hypotexte mémoratif. »
- « La métaphore de la spatialisation temporelle est dénotée par l’emploi du mot jour. »
- « Cette utilisation du couloir révèle une géographie spatiale à vocation dédalique. »
- « Le travelling est une métaphorisation spatiale de l’image en mouvement. »
- « Ce qui frappe, incontestablement, c’est qu’il y a une heuristique de la coprésence absolument monumentale. »
- « Ce qu’il faut, c’est prendre en compte la situation socio-civilisationnelle – je ne dis pas socio-historique, attention ! »
- « On ne fait pas un film tout seul. On travaille avec des gens. »
- « La littérature, il lui faut au moins deux molécules pour se former. »
- « Bref, pour le dire plus sobrement, la figure du kaléidoscope conjugue les aspects incoatifs et terminatifs. »