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Couverture de la monographie Fourchotte chez Triton (gouache de Jean Villeri)

 

Après un trio puis un duo, voici venu le temps d’un quatuor : la monographie d’Alain Fouchotte joue la carte de la diversité. En témoigne cette pièce en cinq actes, composée en 2009. Le premier mouvement s’engage sur des terres mouvementées et dramatiques entre

  • attaques et tremblements,
  • grave et suraigu,
  • permanences et mutations de motifs reconnaissables.

Le compositeur triture l’atmosphère tendue qu’il a installée d’emblée. Il coalise les deux violons, les confronte au violoncelle, les envoie chercher une échappatoire dans les cimes du son et paraît prendre plaisir à observer ce qui sourd de ses manigances.

  • Striures sonores,
  • explosions rageuses et
  • suspensions inquiétantes

habitent un espace sonore encore plus agité qu’intranquille. Le deuxième mouvement part sur des bases plus contemplatives sans lâcher la propension au suraigu des violons de Saskia Lethiec et Pierre-Olivier Queyras, comme une quête d’impossible toujours inachevée (et hop). La suspension du chaos se suspend à son tour et va quérir un nouveau souffle sous les archets de Vinciane Béranger et David Louwerse. Promptement, l’appel des hauteurs élève  le débat. Le troisième tiers du mouvement synthétise à quatre voix les deux tentations de la gravité et de l’élévation jusqu’à manière d’apaisement.
Le troisième mouvement laisse libre cours à une cavalcade collective ponctuée de claques cinglantes.

  • L’usage multiple de l’archet,
  • les variations d’intensité puissamment mises en valeur par les interprètes,
  • les ruptures de propos,
  • le recours à la percussion des pizzicati,
  • l’exploration de motifs obsédants qui finissent par se mélanger et
  • la judicieuse concision du mouvement

attisent l’intérêt. Le quatrième mouvement s’ouvre sur les suraigus en nappe qu’enrichit sporadiquement la voix flûtée de l’alto.

  • Énoncés planants puis contrastés,
  • confrontation entre temps long et ruptures sèches,
  • emballements progressifs paraissant rechigner à aboutir

captent efficacement l’attention – la prise de son de Philippe Malidin contribue à la réussite narrative de cet épisode. Le cinquième mouvement, avec ses glissendi, diffuse une esthétique presque dansante où la gaieté et l’inquiétude semblent inséparables. Les interprètes font rutiler une partition qui malaxe autant la pâte du quatuor que la pâte du son

  • (précis,
  • fuyant,
  • percuté,
  • frotté,
  • trillé…).

Au dernier tiers, l’inquiétude l’emporte sur l’ivresse de la joie. Sans renoncer totalement aux formules liminaires, le récit devient davantage saccadé, interrogatif, hésitant, comme si la dynamique

  • du questionnement,
  • de l’itération et
  • de l’énigmatique

se révélait être une caractéristique esthétique essentielle de la musique d’Alain Fourchotte. Nous aurons l’occasion de le vérifier à l’occasion de la prochaine notule qui évoquera le Freundlich Trio du compositeur, dernière pièce de son disque Cordes tressées.

 

À suivre !