admin

Tout commence par une notule de notre composition sur un disque associant des œuvres de Cyprien Katsaris à celles de Mikis Theodorakis. En guise de pitch, une captatio provocatrice : « Cyprien Katsaris serait le Tom Cruise de la musique si Tom Cruise avait du talent. » L’interprète, concertiste international depuis plusieurs décennies, agacé d’être à nouveau placé sous le sceau de la scientologie (et irrité par notre peu d’estime pour Tom Cruise, n°2 de l’Église), s’émeut. Nous lui proposons de le rencontrer afin de comprendre l’impact de la scientologie sur son travail artistique. Entre deux concerts et trois jurys internationaux, il accepte. Voici le résultat : un feuilleton exclusif sur un artiste engagé.

Épisode 1
La scientologie vue par l’artiste

Le projet de cet entretien est de vous permettre d’exprimer – et de nous permettre de comprendre – l’importance de la scientologie dans votre art. En effet, vous avez exprimé publiquement, à de nombreuses reprises, votre attachement à la doctrine de Hubbard et à son Église. Cet engagement est rare chez un « musicien classique » français ; et il n’est pas sans inconvénient. Pour preuve, vous êtes souvent exaspéré quand des critiques musicaux, professionnels ou dilettantes, font référence à cet engagement. Vous estimez en effet que ces scribouillards caricaturent votre position en ignorant tout de votre engagement – tout sauf, expliquez-vous, ce que ressassent les médias scientophobes. Cet entretien a donc pour objectif de clarifier ce que croit un scientologue (1), comment la scientologie a rencontré et influencé votre travail d’artiste (2), et comment l’artiste que vous êtes vit son engagement en faveur d’une organisation très controversée (3).
D’emblée, je tiens à préciser que vous m’avez proposé de relire la retranscription de mes propos. Je ne le veux pas. Vous écrivez ce que vous voulez. Vous êtes entièrement libre. Simplement, j’ai souhaité vous rencontrer pour vous donner un point de vue autre. Je vais vous parler de l’intérieur, par opposition ou par contraste avec ce qui est colporté sur Internet. Donc, dans un premier temps, je tiens à vous donner quelques informations sur ce qu’est la scientologie, en précisant toutefois que je ne suis pas son porte-étendard. Personne ne m’a jamais demandé de l’être.

Néanmoins, vous donnez l’impression d’être souvent en première ligne pour défendre et justifier l’Église de scientologie.
En première ligne ? Non, mais j’estime qu’il y a une injustice des grands médias. Pour vendre, ils aiment parler de sujets controversés, catastrophistes ou sensationnalistes. Ils sont prompts à signaler que l’Église est en procès, mais absents au moment de reconnaître que 90 % de ces affaires ont été gagnées par l’institution. En Belgique, il y a deux-trois ans, le juge a déclaré à la fin du procès : « Je n’ai trouvé aucun méfait à leur reprocher, ces gens-là sont poursuivis uniquement parce qu’ils sont scientologues. » Il y a bien quelque chose qui ne colle pas. La scientologie gêne.

Qui gêne-t-elle, d’après vous ?
Pour le comprendre, il faut comprendre ce qu’elle est, donc qui était L. Ron Hubbard, le fameux LRH ! LRH était un personnage multitalentueux. C’était l’un des plus célèbres auteurs de science-fiction, très admiré d’Isaac Asimov. Il a écrit beaucoup de bouquins d’aventure, afin de gagner de l’argent. Cet argent lui a permis de continuer ses recherches dans le domaine du mental et de l’esprit.

Pouvez-vous préciser ce qui, selon LRH, distingue le mental et l’esprit ?
Au début, c’était assez proche. Mais, au fil du temps, LRH a affiné son analyse. Disons que le montreur de marionnette, c’est l’esprit ou l’âme ; les fils, le mental ; la marionnette, le corps.

Revenons-en à LRH…
C’est un homme fabuleux. Il a été explorateur. Il a été pris dans la Seconde Guerre mondiale. Marin, il a été très lourdement blessé jusqu’à perdre l’usage d’un œil et à finir estropié. Or, il a récupéré toute sa santé par lui-même, en rapport avec ce qu’il avait découvert du sujet, du mental et de l’esprit[1]. Il a été aviateur, photographe ; il a même composé de la musique légère. En 1950, ce personnage tout à fait particulier publie son premier ouvrage de base, La Dianétique. La dianétique, Bertrand, c’est un néologisme qui vient du grec : dia, à travers, et nous, le mental.

Comment définiriez-vous ce terme ?
La dianétique est une méthode qui permet à une personne de se débarrasser, par elle-même et grâce à cet outil, de toutes sortes de choses qui peuvent la gêner dans la vie – ce que nous appelons des aberrations mentales. La vérité, c’est que nous sommes tous un p’tit peu zinzins, à des degrés divers. Toutes sortes de raisons l’expliquent. Elles proviennent du passé et forgent ce que nous appelons une attitude aberrée. Or, lorsque LRH a synthétisé ses découvertes, il les a envoyées à l’association gouvernementale officielle des psychiatres. Les mandarins, prenant cela de haut, n’ont pas répondu mais y ont vu une certaine rivalité. Ils ont donc rejeté ces découvertes que LRH voulait leur offrir, et ils ont eu peur car il obtenait des résultats absolument sensationnels[2]. Il faut savoir qu’un tout premier manuscrit de LRH avait été piqué par Staline[3]. Celui-ci avait entendu parler de ses découvertes, et avait imaginé qu’il pourrait utiliser les découvertes de LRH dans le domaine militaire, par ex. pour le contrôle mental. Une agence de renseignements américaine lui a aussi proposé de travailler pour eux – LRH a refusé. Il voulait rester indépendant car son but était d’aider les gens à se débarrasser de ce qui peut les gêner dans leur vie, et à s’améliorer sur le plan des aptitudes quelles qu’elles soient.

Quand paraît La Dianétique
… oh, c’est aussitôt un énorme succès qui ne s’est pas démenti : actuellement, il a dépassé les vingt ou trente millions d’exemplaires, et il a été traduit en plus de cinquante langues[4]. Par la suite, LRH a continué ses recherches et, en 1954, il a isolé ce que l’on appelle communément l’âme ou l’esprit. En d’autres termes, il a découvert qu’il existe une étape ultérieure. La dianétique, par rapport au mental, peut aider jusqu’à un certain point ; mais il faut que l’être spirituel s’en occupe… en toute liberté ! Car une règle d’or dit : ce qui n’est pas réel pour vous n’est pas réel pour vous, alors ce n’est pas réel pour vous. Par exemple, cette chaise, je ne peux pas vous obliger à croire qu’elle est bleue. Si vous me dites qu’elle est rouge, je ne vous obligerai pas à croire qu’elle est bleue. En revanche, je peux vous donner un outil pour que, par vous-même, vous découvriez si cette chaise est bleue ou rouge. En scientologie, rien n’est imposé. Il faut découvrir par soi-même. Venez, je dois vous montrer quelque chose…

La bibliothèque LRH de Cyprien Katsaris (détail). Photo : Bertrand Ferrier.

Mazette, quelle bibliothèque ! Il y a là plusieurs dizaines de volumes, peut-être plus de deux cents, tous issus des écrits ou dits de Ron Hubbard…
Les volumes que vous voyez sont très différents les uns des autres. Il y en a de sept sortes. Par exemple, LRH publiait des bulletins au fur et à mesure de ses recherches. Ce sont les volumes rouges que vous apercevez. Les volumes verts concernent le management.

Quel rapport entre des écrits sur le management et la doctrine d’une religion ?
Pour faire connaître toute la masse de connaissances assemblée par LRH, il a fallu mettre au point des organisations de scientologie où les gens puissent aller étudier.

Vous-même, avez-vous étudié le management scientologique ?
Non, ce n’est pas mon domaine. Cependant, quelqu’un qui veut se lancer dans une entreprise peut utiliser tout ce qui est écrit là-dedans. Donc vous avez des livres rouges, des livres verts ; là, troisième sorte, les volumes bleus rassemblent les premières retranscriptions écrites des conférences.

Et après cela se trouvent d’énormes classeurs…
Oui, c’est la quatrième sorte de livres. Vous avez là entre deux mille et deux mille cinq cents conférences. À côté, vous avez la cinquième sorte de livres : ceux qui ont été publiés du vivant de LRH, comme La Dianétique, les deux qui ont précédé et en posent les prémisses, ainsi que d’autres volumes. Après quoi, sixième sorte, vous avez des ouvrages de science-fiction, que je n’ai pas lus. Et, septième sorte de livres, vous avez, ici en anglais mais je l’ai aussi en français, un catalogue chronologique des matériaux de dianétique et de scientologie.

C’est impressionnant ! Ce nonobstant, le cœur de votre bibliothèque spéciale, ce sont ces mystérieux classeurs…
Ces dizaines de classeurs que vous jugez « mystérieux », qu’est-ce que c’est ? Ce sont quelques-unes des trois mille conférences que LRH a données sur des sujets aussi divers que le mental ou la technologie. En scientologie, nous parlons de technologie au sens américain d’« ensemble de méthodes appliquées ». La scientologie est une technologie pour apprendre à apprendre. Ça s’applique à tous les domaines. Les scientologues progressent ainsi. Par exemple, moi, qui n’étais pas bon en math, j’ai enfin compris pourquoi… et je pourrais m’y mettre très facilement.

Donc tous ces classeurs pas-mystérieux rassemblent des conférences ?
Oui. Elles ont été traduites de l’américain en une vingtaine de langues, dans les studios spéciaux de Golden Era Production. Elles sont disponibles en disque et par écrit. Cela signifie que nous disposons d’un corps de connaissances unique dans toute l’histoire de l’humanité. Voilà pourquoi il est surprenant que la scientologie ne soit pas encore reconnue en France, alors qu’elle l’est aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, en Suède, etc. Pour la France, l’Église de scientologie reste une secte. C’est une aberration ! Quelqu’un de libre et rebelle comme moi, jamais il ne lui viendrait à l’idée de faire partie d’une secte.

Et pourquoi pas ?
Parce qu’une secte est limitée et limitante. On ne peut pas en sortir.

Avant de polémiquer (gardons cela pour la dernière partie de l’entretien !), permettez-moi de vous demander ce que signifie, pour vous, ce mur hubbardien…
J’ai voulu acquérir toute la bibliothèque disponible[5], mais il est évident que je n’ai pas encore tout parcouru. Pourtant, un metteur en scène m’a posé la question, un jour : pourquoi ce corps de connaissance ne fait-il pas partie de l’université ?

Au préalable, je voudrais poser une petite question. Cette énorme bibliothèque dont vous n’avez, en quelque sorte, qu’entamé la lecture, quelle est sa fonction : soutien à la scientologie contre les attaques, fanitude devant LRH, plaisir intellectuel du « je ne lirai pas tout mais j’ai tout à portée de main »…
Très bonne question. En effet, j’aime bien tout avoir à portée de la main. Cependant, quand j’étudie la scientologie, je ne le fais pas seul. Pour étudier la scientologie, il faut suivre deux voies. D’une part, aller dans une Académie où vous étudiez sous la surveillance d’un superviseur, très sympa et très formé, prêt à intervenir pour vous aider quand vous le sollicitez[6]. D’autre part, se faire auditer. Qu’est-ce que l’auditing ? Déjà, disons que cela n’a rien à voir avec la psychanalyse. Se faire auditer, c’est être assisté par un auditeur qui a étudié pour cela, et dont le grade est variable selon l’expertise. Il vous pose des questions pour vous aider à découvrir plein de choses en vous. Il note toutes vos réponses et transmet ses notes à une autre personne, que vous ne rencontrez pas et qui s’appelle le « superviseur de cas ». Son rôle est de déterminer comment se fera la prochaine séance d’auditing. L’audition, c’est comme une pomme que l’on épluche petit à petit. Le but est de se débarrasser des choses qui peuvent gêner dans tous les domaines. Pour cela, nous disposons d’un outil appelé l’électromètre. Vous tenez deux boîtes, reliées à l’électromètre, qui font passer un très léger courant et qui, en fonction des réponses, aident l’auditeur à détecter une certaine charge émotionnelle et à en libérer l’audité afin que, petit à petit, il progresse. Ceci se fait de manière extrêmement précise, pas du tout empirique ou pragmatique.

Vous voulez dire que la scientologie n’est pas une croyance ?
C’est une religion, nuance ! Le mot « scientologie » vient du latin scio, savoir, et du grec logos, étude. Comme je vous l’ai dit, il s’agit de savoir comment savoir. Ça traite de vous par rapport à vous, aux autres et à l’univers. Il y a énormément de niveaux, y compris des niveaux confidentiels par sécurité, tout en haut.

Mais en quoi est-ce une religion ?
C’est une philosophie religieuse appliquée, parce que le but de la philosophie est d’aider l’homme à vivre une vie meilleure – sauf que, parfois, en lisant des bouquins de philosophie, on se demande si les gars qui les écrivent comprennent eux-mêmes ce qu’ils ont écrit. Bref, moi qui viens d’une famille orthodoxe, je dois admettre que la religion scientologique est plus proche d’une spiritualité orientale. Lorsque Bouddha était Siddhārtha Gautama, un prince richissime, il a quitté son palais et est allé méditer sous un arbre. Il voulait se découvrir lui-même en tant qu’être spirituel. C’est en ce sens que la scientologie est une religion : elle vous amène à faire un travail sur vous-même en tant qu’être spirituel.

Pour faire plus religion, elle affiche aussi l’usage de la croix, le col romain pour ses ministres du culte et une croyance en Dieu…
Non, il n’y a pas de croyance en Dieu toute faite. On découvre, par soi-même, dans ce que l’on fait, ce qui peut être considéré comme le concept de Dieu. Pour le reste, on évite de s’en tenir à des données verbales. Il vaut mieux étudier et lire pour découvrir le concept de Dieu par rapport à vous-même en tant qu’être spirituel, selon les subdivisions qui structurent la vie… mais je ne veux pas asséner de données verbales. Cela pourrait semer la confusion.

Semer la confusion, ou la dissiper !
Dans ce cas, plutôt que je parle, je préfère que vous vous référiez directement au nouveau livre d’Éric Roux[7]. J’en ai commandé trois exemplaires, et il est arrivé une heure et demie avant vous. Je vous l’offre, et j’y ajoute le DVD de la seule interview que LRH ait donnée au Royaume Uni.

Merci beaucoup. Donc, pour synthétiser ce que vous avez le droit de dire, on peut estimer que la scientologie est une religion parce qu’elle considère l’homme dans sa dimension spirituelle. C’est ce que vous posiez, en 2009, dans un reportage pour « Infrarouge » diffusé sur France 2, à la sortie d’un procès de l’Église : « Hubbard nous a donné un outil pour découvrir par nous-mêmes qui nous sommes en tant qu’êtres spirituels. »[8] Autrement dit, la scientologie n’est pas une religion au sens où elle lierait l’homme à une divinité…
Non.

Voire à des extraterrestres…
Il est exact que, dans certaines conférences, dans certains écrits, Hubbard peut faire référence à de possibles civilisations extraterrestres. Cependant, c’est, à mon sens, très anecdotique dans le vaste ensemble de ses écrits sur le sujet de la scientologie. Ce qui compte, en scientologie, c’est comment cette philosophie religieuse peut aider l’être à retrouver plus de liberté, plus de bonté, plus d’aptitudes, etc. Et les références dont je parle (très minoritaires dans l’ensemble des écrits) doivent être comprises dans ce vaste ensemble, et non sorties de leur contexte. Comme je vous l’ai dit, la scientologie est un sujet d’étude passionnant, mais je pense qu’on ne peut pas prétendre la comprendre en se contentant de bribes d’informations glanées sur Internet, qui peuvent être fausses, tronquées ou sorties de leur contexte. Vous savez, il y a tellement de choses qui sont racontées… Tellement de rumeurs, de mensonges… Même le gouvernement actuel s’est lancé dans une bataille contre les fake news. Il faut faire attention à ce que l’on raconte sur Internet !

Reste que, outre l’hostilité qu’elle suscite depuis des décennies, la confusion qui règne autour de la scientologie peut aussi être due, pour partie, à l’aspect protéiforme du concept : c’est une sorte d’analyse psy, une cosmogonie avec ce fameux seigneur Xenu[9] et le concept de vies passées, un groupe de pairs hiérarchisés, une doctrine visant à apporter « un peu de ciel bleu » aux hommes comme l’écrivait LRH… Pour vous, la scientologie consiste-t-elle, essentiellement, à redéfinir l’homme comme être spirituel ?
Très bonne question, mais je vous répondrais : pas uniquement. Le rôle de la scientologie est de contribuer à ce qu’advienne une civilisation saine sur cette planète folle, et à éradiquer aussi tout ce qui est barbarie. Pendant des millénaires, on s’est tapé dessus à l’arme blanche. Ensuite, il y a eu les armes à feu. Depuis soixante-dix ans, il y a l’arme atomique. Si un fou appuie sur le bouton, on va bien rigoler. Le but de la scientologie est d’assainir tout ça. On a fait croire à la population que LRH avait dit : « Pour devenir richissime, il suffit de créer une nouvelle religion. » Sauf que l’auteur de cette phrase s’appelle George Orwell, et il l’a écrit dans 1984. En réalité, la scientologie peut aider celui qui veut être aidé. On ne peut pas forcer quelqu’un. À cela s’ajoute la dimension civilisationnelle. En aidant les gens à avoir un comportement de moins en moins aberré, nous voulons apaiser la situation. Vous vous rendez compte que, aux États-Unis, il y a trois cents millions d’armes en circulation ? N’importe qui, parce qu’il s’énerve, peut aller tuer dix-sept écoliers. C’est normal, ça ? La scientologie propose donc une réponse personnelle et civilisationnelle à l’aberration humaine.

À suivre : « La scientologie et l’art »


Notes

[1] « Dans les nombreux examens physiques et radios que contient le dossier médical de Hubbard, il n’est nulle part question de cicatrices ou de traces de blessures, et le dossier militaires n’indique à aucun moment qu’il aurait été blessé pendant la guerre. » (Lawrence Wright, Devenir clair. La Scientologie, Hollywood et la prison de la foi [2013], trad. Laurent Bury, Piranha, 2015, p. 57) Quant à sa vue, « Hubbard avait une très mauvaise vue. Avant la guerre, la Naval Academy et la Naval Reserve l’avaient refusé à cause de ses yeux. Il porta des lunettes pendant toute la durée du conflit. En 1951, lors d’un examen pour déterminer son degré d’invalidité médicale, sa vision fut mesurée à 20/200 (…), presque exactement comme pendant la guerre. » (Wright, 116)
[2] « Pendant la rédaction de La Dianétique, Hubbard contacta l’American Psychiatric Association et l’American Psychological Association en se faisant passer pour un collègue (…) Dans une lettre semblable, destinée à l’American Gerontological Society, il déclarait aussi que seize des vingt personnes avaient été positivement rajeunies. (…) Quand des scientifiques procédèrent à des tests et s’aperçurent que les techniques de Hubbard ne produisaient aucune amélioration mesurable, il leur reprocha de n’avoir pas compris son système. Ce rejet par l’institution psychiatrique » l’amena à penser que « la psychiatrie était la seule cause de déclin de notre univers. » (Wright, 87-88)
[3] En fait, selon d’autres sources, « en 1955, LRH distribua une brochure dont il était sans doute l’auteur, intitulée Lavage de cerveau : une synthèse du manuel russe de psychopolitique. Pour certains ex-scientologues, ce texte est l’esquisse du grand projet de Hubbard. (…) La brochure débute par un discours qui aurait été prononcé par Beria, chef de la police secrète soviétique sous Staline, devant des étudiants américains à l’université Lénine, sur (…) l’effet de la conquête des nations ennemies par la guérison mentale » (Wright, 169).
[4] « D’après le Livre Guiness des records, LRH est aujourd’hui l’auteur le plus traduit au monde (70 langues en 2010) et le plus publié avec 1084 œuvres originales (2006). » (Éric Roux, Tout savoir sur la scientologie, Pierre-Guillaume de Roux, 2018, p. 41)
[5] « L’ensemble des œuvres composant le corpus des écritures de scientologie comprend plus de cinq cent mille pages et trois mille conférences enregistrées. Leur unique source est L. Ron Hubbard. » (Ibid.)
[6] Voir le reportage « Au cœur de la scientologie » [2015] (Stéphane Girard, réal. ; Tac Presse, prod. ; M6, « Enquête exclusive », diff. ; https://youtu.be/V3nQNaprFJE?t=25m3s.)
[7] « La scientologie ne contient pas de dogme quant à la nature et la forme de Dieu (…). Les scientologues n’ont pas de vision anthropomorphique de Dieu. (…) L’existence de Dieu comme créateur est pourtant affirmée et jamais remise en question dans les écritures, mais la scientologie laisse à chacun le soin de la découvrir par soi-même. » (Roux, 57-58) Notons que ce livre est publié chez PG de Roux dans la collection d’Éric Roux [le « roux » est important pour la scientologie], lequel ne précise pas en quatrième qu’il est « ministre du culte de l’Église de scientologie » ; il ne stipule pas non plus qu’il est le « président de l’Union des églises de scientologie de France » et le numéro deux européen de l’organisation. Non, avec une mauvaise foi, si l’on peut dire, presque amusante sinon confondante, il se décrit ainsi : « Écrivain et essayiste, Éric Roux a passé plus de vingt ans dans le clergé. Spécialiste de la scientologie, il s’efforce de dissiper les incompréhensions qui peuvent résulter de la méconnaissance des croyances de chacun. »
[8] Voir le reportage « Scientologie, la vérité sur un mensonge » [2009] (Jean-Charles Deniau et Madeleine Sultan, réal. ; Novaprod Owl, prod. ; France 2, « Infrarouge », diff. ; https://youtu.be/IKFePySJt8c?t=4m21s.)
[9] « Central dans l’histoire d’OT III [grade guidant le scientologue vers la liberté totale], l’incident  de Xenu eut lieu il y a soixante-quinze millions d’années. (…) Un seigneur tyrannique nommé Xenu gouvernait la Confédération. » Renversé, il fut « enfermé dans une cage électrifiée enterrée dans une montagne. “Il y a peu de risques qu’il en sorte un jour”, dit Hubbard. » (Conférence « Assists », Classe VIII, Bande 10, 3 octobre 1968, cité in : Wright, 124-125.)

La réponse d’Éric Roux

Cher monsieur,
Je me permets de vous écrire suite à l’article que vous avez publié sur votre site, « Cyprien Katsaris : la scientologie, l’artiste et l’art (1) », mon ami Cyprien m’ayant envoyé le lien vers ce dernier ce matin.
L’article est dans l’ensemble de très bonne facture, et le publier me semble courageux. Cependant, je me permets de vous faire quelques remarques, que vous prendrez en compte ou pas dans l’avenir. Ces remarques ne concernent pas l’interview en elle-même (ça, c’est entre vous et Cyprien), mais plutôt vos notes de bas de page.
Tout d’abord, en ce qui concerne votre remarque sur mon ouvrage Tout Savoir sur la Scientologie, qui vient de paraître aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, sachez que ce n’est pas moi qui ai décidé ce qui est écrit sur la quatrième de couverture. C’est le choix de l’éditeur de me présenter de cette manière. D’ailleurs, soit dit en passant, le texte de présentation est absolument véridique. Je fais confiance, cependant, aux lecteurs, pour taper mon nom dans Google et se renseigner amplement sur toutes mes casquettes. Je n’ai jamais été du genre à cacher ni mes convictions ni mes activités, comme vous avez certainement pu vous en rendre compte. Aussi, si ça n’était pas clair pour vous, sachez que Pierre-Guillaume de Roux et moi-même n’avons aucun lien de parenté (ça s’est pour votre remarque sur les roux J). Et il n’est absolument pas scientologue, et je pense que le seul scientologue qu’il ait jamais rencontré dans sa vie, c’est moi. De plus, il ne s’agit pas de « ma collection », mais d’une collection dont l’éditeur a effectivement confié la direction à moi-même, mais aussi à Jean-Luc Maxence (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Luc_Maxence), qui n’est, lui non plus, pas scientologue. La raison, en ce qui me concerne, est ma connaissance des minorités religieuses, et non mon appartenance à la Scientologie. D’ailleurs, dans la même collection, sous notre direction, vient de paraître « Tout Savoir sur la religion mormone ».
Ensuite, dans vos notes de bas de page, vous utilisez comme source principale de vos informations le livre de Lawrence Wright, Going Clear. C’est, me semble-t-il, dommage. Outre le fait que la manière dont Lawrence Wright a écrit son livre manque cruellement de rigueur (et je ne parle pas de ses motivations), il existe des sources universitaires et sérieuses sur les sujets que vous évoquez. En ce qui concerne le livre de Lawrence Wright et la quantité formidable de contre-vérités qu’il contient, je vous renvoie à cette article publié par l’Église suite à la publication de la première version de son livre, sous la forme d’un long article dans le magazine New-Yorker. J’espère que vous lisez l’anglais : http://www.freedommag.org/special-reports/new-yorker/the-new-yorker-what-a-load-of-balderdash.html.
Par exemple, concernant le Manuel de lavage de Cerveau, je joins à cet email un article du Professeur Massimo Introvigne (https://en.wikipedia.org/wiki/Massimo_Introvigne) publié en français dans le l’ouvrage universitaire Acta Comparanda : Scientology in a scholarly perspective  L’article s’appelle « L. Ron Hubbard croyait-il au lavage de cerveau ? L’étrange histoire du Manuel sur le lavage de cerveau rédigé en 1955 ».
En ce qui concerne vos notes de bas de page 1 et 2, il y a par exemple l’ouvrage de Gordon MeltonThe Church of Scientology, (https://www.amazon.com/Church-Scientology-Studies-Contemporary-Religions/dp/1560851392), dont j’ai un exemplaire en français à la maison. Malheureusement, je suis en voyage encore pendant une semaine donc je n’y ai pas accès. Je vais voir si je peux m’en faire envoyer quelques pages scannées d’ici-là, mais quoi qu’il en soit, si vous êtes d’accord, je me permettrai de vous envoyer les pages correspondant à ces deux notes dès que je le pourrai. Si je me souviens bien, l’ouvrage contient par exemple une revue fouillée des documents officiels relatifs aux années de guerre de Hubbard, de même que des documents relatifs aux premières années de la Dianétique.
Si vous avez des questions, à l’avenir, n’hésitez pas à m’écrire, je me ferai un plaisir d’y répondre dans la mesure de mes capacités. Si cela vous intéresse, bien entendu.
Bien cordialement,
Eric Roux.