Féline fêlure
Le plus difficile, quand tu répètes en tant que claviériste et pas organiste, c’est que, souvent, t’es dans des caves avec des synthés pourris. Bon, pas toujours, mais souvent. Mais pas toujours, ouf. Après, quand c’est pas le cas, faut faire attention à bien rester focusss, en dépit des agressions extérieures.
Bien entendu, un vrai professionnel ne se détourne point de son projet : piano, chanson, rien de plus, rien de moins. On n’est pas là pour jouer, tu penses. Même si c’est pas aisé de ne pas grattouiller.
Au moins, il est important d’être rigoureux et sec. Par exemple :
– Hé, ton oreiller… Mais c’est ma veste de travail !
– Ben quoi ? Chuis mignonne quand même, non ?
– Peste, c’est pas la question ! Oh, pis mârde…
Ne pas se relâcher. Même si, après Mimi, Alaska tente une diversion.
Adopter une posture accueillante sans oublier que pouvoir bosser dans un tel confort ne doit pas être gâché par une dispersion d’efficacité. Donc ne pas hésiter à être sec sur l’air du :
– Plus tard, là, je bosse.
– WTF? You talkin’ to me?
– Nan mais c’est pas ce que tu crois, Alaska. Faut vraiment que je bosse.
– Dites-moi je rêve. Il continue de me parler. Ça va mal se mettre, humain.
– Bon, installe-toi si tu veux. Je pré-prépare le concert pour les cinquante ans de chansons de Michel Bühler.
– Michel Bühler ? Mais c’est génial ! Fallait commencer par-là ! Michel Bühler ! J’y crois pas ! Micheeel Büüühler !
C’est pour ça j’aime pas trop répéter dans les caves. Les rats sont moins réceptifs, niveau discussion ; et les quarts de queue Pleyel souvent moins performants. Bon, pas toujours, mais, etc.